9h00 – Le boulot
La clé qui tourne dans la serrure, cette sensation de plénitude qui est là et un sentiment de bien-être lorsque je pousse la porte de mon atelier enfin plutôt de ma galerie. C’est toujours ainsi que je débute ma journée de travail, je rentre dans ma galerie et je ferme les yeux tout en inspirant profondément. C’est mon instant à moi, mon petit rituel de début de journée. Bref, ensuite j’observe les tableaux accrochés un à un dans ce local et j’affiche un large sourire, un sourire de fierté et de réussite… Qui aurait pu dire il y a 3 ans, que j’aurai réussi à me faire une place dans cette ville, que je réussirais mon nouveau départ ? Personne, pas même moi et ma petite Sarah ! C’est pourquoi je suis si fière du parcours que j’ai déjà fait jusqu’à présent et je me dois de montrer le bon exemple à ma fille.

Tout en laissant mon esprit vagabonder, je me dirige vers l’arrière-boutique qui contient mon studio photo ainsi que ma chambre noire, afin de déposer tout mon  matériel que j’emporte le soir à mon appartement. Forcément je ne laisse pas tout sur place on ne sait jamais ce qui peut se produire. Mais aujourd’hui, je sens que ma journée allait être calme car je ne vais pas sur le terrain prendre des photos comme à mon habitude. Non,  ce jour-là, il fallait que je termine une commande pour un client à qui je dois faire une compilation des photos que j’ai pris de son mariage. C’est une commande d’ailleurs qui me tient à cœur et j’espère bien un jour pouvoir faire une compilation de mon propre mariage, mais ce jour-là n’est pas encore présent dans ma vie. D’autant plus que je ne sais pas si ma puce acceptera que j’ai un homme dans ma vie. Elle est encore petite mais si possessive avec moi. Enfin pour le moment il fallait que je règle d’autres problèmes comme la lettre que j’ai reçue de son père qui comme par hasard refait surface en voulant s’occuper d’elle. Cette histoire m’obsède de jour en jour et je ne sais pas vraiment à qui en parler, Haley ayant disparue pour des raisons professionnelles… Enfin, il ne faut pas que ça me fasse dériver de mon boulot, non, certainement pas. Je me dois de rester professionnelle jusqu’au bout…
Après avoir pris la carte mémoire contenant les photos du mariage de mon client, je m’installe devant l’ordinateur de la salle principale, celle où j’expose mes toiles. Comme ceci, si jamais un client venait à rentrer, je serai tout de même disponible et en même temps je peux surveiller la galerie. Je fais doucement défiler les photos sur mon écran et l’émotion me gagne petit à petit. C’est tellement beau ce moment qu’on les mariés de se regarder dans les yeux en faisant passer tellement d’amour entre eux. Franchement rien que pour des moments comme ça j’adore mon métier, j’adore aussi prendre des clichés à l’insu des gens, prendre des situations qui laissent transparaître un message. C’est là toute la beauté de ce métier, toute la reconnaissance de l’art, enfin je sais que je ne me suis pas trompée de voie.

Alors que je sélectionne les photos, le téléphone se met à sonner et presque aussitôt je décroche le combiné. Une jeune femme au bout du fil me demande de lui faire un devis pour un shooting privé car elle souhaite se faire un book pour devenir mannequin. Et après plusieurs questions, je lui annonce mon offre de prix, ce qui a l’air de lui convenir…  J’ai un sourire jusqu’aux oreilles d’avoir décroché un nouveau rendez-vous. «  D’accord alors si vous êtes disponible, disons samedi à 15 heures ? »  Je suis toujours au téléphone le temps que la jeune femme consulte son emploi du temps et j’attends patiemment qu’elle me donne une réponse.