J'ai toujours eu... Cette peur de l'inconnu. Cette peur omniprésente. Une peur d'aimer, une peur de mourir. Une peur de se tromper, ou d'avoir trop d'espoir. Quand une maladie vous ronge de l'intérieur, vous pouvez vous rendre compte que la vie n'a qu'un prix. Qu'on ne vit qu'une fois. Que chaque erreur, dans le fond, ne pardonne jamais. Je crois que lorsque l’on parle amour, avec une autre personne, qui a déjà vécu cela mais plus ou moins sous forme désastreuse, comme la plupart des personnes aujourd’hui, ils ont du mal à comprendre. Ils pensent que ce sont des conneries. Mais qu’en savent-ils, au juste ? Ils n’en savent pas plus que nous autres. Peut-être penserions-nous la même chose, si nous avions eu le même point de vue que ces derniers. Peut-être pas. Dans mon cas, je pense qu’ils ont tord. J’ai toujours pensé que c’était une chose indescriptible, que personne ne peut expliquer. Et lorsque cela nous tombe dessus, nous ne nous y attendons pas, pourtant, nous en sommes bien heureux. D’ailleurs, je n’ai jamais songé que si l’on m’avait parlé d’amour, et que je n’avais pas connu Noam, quelle vision des choses aurais-je. Sans doute serai-je comme eux. Insensible. Stupide. Egoïste. Garce. J’ai toujours espéré que jamais je deviendrai ainsi, et je pense être loin de l’être. Je l’espère, du moins. Quoique, je pense que si vous cherchez une dingue bonne à interner : JE SUIS VOTRE FEMME ! Je suis loin d’être du genre garce, méchante ou quoique ce soit. Disons que je préfère ne pas me prendre la tête, et à dix-neuf ans, logique. Enfin… A ce qu’il paraît, dix-neuf ans dehors, quinze dedans. Ouais, ouais, je m’improvise psychologue des fois. Arrêtez, je vous entends déjà dire que j’suis folle. Bref, reprenons notre sérieux. Moi, c’est Delilah, dix-neuf ans et toutes ses dents, même un jumeau en supplément. Disons qu’avec lui, c'est l'amour fou. Certes, nous sommes proches, mais parfois, j’aimerai que nous le soyons moins. Il a toujours été du genre à me surprotéger, ouais des fois que je me fasse violer par une bande de pingouins, vous imaginez le truc ? Non sérieusement, il n’accepterait pas que j’ai quelqu’un, de peur que je souffre. D’un sens, vous m’direz, oui, mais c’est mignon mais de l’autre non. C’est plus que dur à supporter, et c’est pourquoi il ne sait pas pour la relation, avec Noam, parce qu’il - je pense - manquerait de péter un câble et très sincèrement, je n’ai pas tellement envie qu’il mette son grain de sel là-dedans. Je ne suis pas une gamine, je n’ai pas besoin de baby-sitter h24. Chose qu’il semble mal comprendre. Mais franchement, même si nous devons garder ça secret longtemps, je crois que je m’en moque, du moment que cela dure. Il est devenu comme une partie de moi-même, une drogue, un second souffle. En fait, je crois qu’il est tout ce que je n’ai jamais osé espérer. N'allez pas croire que je n'aime pas Sully, car ce serait faire erreur. Sully, c'est mon double. Ma raison de vivre. Une partie de moi-même. Si on me le retirait, je crois que même cette fichue douleur au coeur ne serait pas aussi forte que celle ressentie en perdant mon double. Je les aime tous les deux. C'est très simple. Ils sont toute ma vie.