Avril 1991, Chicago.« Moi je suis Batman ! » Mon petit frère attrape son draps et ce le jette sur l’épaule pour rapidement devenir son héros préférer. Il a quatre ans et j’en ai six. Tendre âge de l’enfance où tout n’est que jeu et amusement. Notre truc ? Les supers héros justement. On aime courir dans toute la maison en se prenant pour les héros de nos bandes dessinées favorites. C’est exactement ce que nous faisons en cette après-midi pluvieuse. Maman nous demande de ne pas courir dans les escaliers, mais c’est un peu trop tard étant donner que je cours déjà derrière Aedan dans le couloir de l’étage et qu’il ce dirige vers les escaliers justement.
« Mais c’est nul, Batman c’est mon préférer. T’as pas le droit de me le piquer. » lui dis-je tandis qu’il s’arrêtait pour chercher je ne sais quoi dans sa chambre. On ce dispute souvent avec Aedan. Cela ne dure jamais bien longtemps, mais comme tout les petits garçons du monde ou plutôt comme tout les frères du monde, il nous arrive de ce prendre la tête pour pas grand chose. Comme aujourd’hui. Habituellement c’est toujours moi qui fais Batman. Parce qu’il a toujours été mon préférer et que papa choisi toujours la bande dessinée avec Robin ou Batman doit sauver une jolie fille qui a été enlever par un méchant. C’est celle que je préfère comme histoire. Mais il semblerait que mon petit frère ce soit mis en tête de m’embêter aujourd’hui.
« Non toi tu seras Robin et tu devras courir derrière moi. » me dit-il du haut de ses quatre ans, avec sa cape trois fois trop grande pour lui. Il a beau me taper sur le système des fois, je l’aime quand même Aedan. Au début, j’étais pas vraiment content d’avoir un petit frère. Mes parents s’occupaient un peu moins de moi et puis il pleurait tout le temps quand il était un bébé. Je pouvais pas lui piquer ses doudous, mais lui il avait le droit de me prendre mes jouets. Les débuts ont été laborieux, mais désormais cela va de mieux en mieux. Il est mon petit frère, on a le même caractère et puis au final c’est marrant de jouer avec lui. On repart en courant et en ce criant dessus, parce qu’il est clair que je n’ai pas du tout envie d’être Robin. Dans les escaliers, je me prends les pieds dans la cape d'Aedan et on dégringole les dernières marches tout les deux.
« Aïe ! » Sans doute alerter par le bruit assourdissant que l’on vient de faire, maman accours dans le couloir et nous jette un regard noir alors que l’on ce relève difficilement.
« Je vous ai dit quoi les garçons ? On ne court pas dans les escaliers ! » nous dit-elle tout en essayant de me montrer qu’elle est en colère contre nous, mais Aedan ce met à pleurer parce qu’il c’est fait mal et elle viens tout de suite nous faire un câlin en nous demandant si on va bien et en rajoutant tout de même que l’on ne doit pas courir dans les escaliers. On a gardé quelques bleus de ce jour-là, mais ce n’est pas cela qui nous as empêché de recommencer à courir de partout dans la maison en continuant à ce disputer pour oui ou pour un non.
Octobre 2002, Chicago.« Anderson et Jefferson si vous continuez comme ça, je vous sépare. » Hurle notre vieux professeur d’histoire. Il a la soixantaine passée et nous ne cessons de lui mener la vie dure depuis la rentrée. On est entré en dernière année de Lycée et on a bien l’intention d’en profiter. Ian est mon meilleur ami depuis la primaire. Il m’avait envoyé son ballon de basket dans la figure lors d’une récréation et après lui avoir dit à quel point il était méchant, j’ai finis par discuter avec lui. Depuis ce jour-là on ne c’est plus jamais lâcher. Il est comme mon deuxième frère. En grandissant, on a commencé à faire les quatre cents coups ensemble. Aujourd’hui il est devenu dur de nous canaliser. Si Ian aime les cours et cumule les bonnes notes, ce n’est pas vraiment mon cas. J’ai beau essayer de me concentrer et étudier avec lui, je n’arrive jamais à rester sérieux plus de deux heures sur ma chaise. Mon truc c’est le sport. J’ai toujours besoin de bouger. La preuve, je gigote sur mon siège et me tourne vers Ian avec un sourire malicieux.
« Combien que je le fais craquer dans deux minutes ? » « Laisse tomber Ezrà. » Ian la voix de la sagesse. Il me demande toujours de me calmer, mais il est toujours le premier à me relancer lorsque je le fais. Je bouge encore sur mon siège, Ian me fait signe de regarder un de nos camarades qui s’endors sur sa table et nous finissons par exploser de rire en même temps.
« Bon. Anderson vous changer de place ! » lança notre professeur à la limite de la crise de nerf. Mon meilleur ami me jette un regard noir et c’est en râlant qu’il va s’asseoir quelques tables plus loin. Je lui souris d’un air désolé et tente de me concentrer à nouveau sur le cours. Bien entendu, cela ne dure que quelques minutes. Je vous l’ai dit incapable de rester concentrer plus de cinq minutes. Je balance un stylo à la tête de mon ami et ce dernier riposte immédiatement.
« JEFFERSON DEHORS ! Et vous embarquez votre copain avec vous ! » Oh. Je crois que j’ai énervé le vieux. Enfin. Il ne faut pas qu’il me le dise deux fois, j’attends cela depuis que le cours à commencer. Je rassemble mes affaires et jette mon sac sur mon épaule. En passant dans les allées j’attrape Ian par la capuche de son sweat et le prends sous mon bras. On m’a dit de l’embarquer, moi je l’embarque. C’est en riant que l’on se retrouve dans le couloir.
« Dix minutes et vingt secondes, on approche le records là. Bientôt on va entrer et sortir. » me lâche Ian. Et une nouvelle fois nous explosons de rire.
2006, Chicago.« EZRA ! Enlève tes sales pattes de ma sœur ! » J’étais avec Eden sur le porche de sa maison et pour la première fois j’osais l’embrasser en public. Cela fait quelques mois que je la connais vraiment. Je l’ai toujours vu dans les parages, après tout elle est la petite sœur de mon meilleur ami. Mais depuis quelques mois on se fréquente sans Ian et un soir j’ai craqué et j’ai finis par l’embrasser. Elle a voulu que l’on se fasse discret, mais voilà ce soir on est sorti ensemble, je l’ai emmené au cinéma et j’ai juste voulu lui dire bonne nuit. Je n’avais pas prévu que Ian ouvre la porte à se moment précis. Il me pousse quelque peu et je manque de dégringoler les quelques marches du perron.
« Hé calme toi vieux, y a pas mort d’homme ! » Je crois que j’aurais mieux fait de me taire sur ce coup-là. Pour la première fois de ma vie, j’ai l’impression qu’Ian veut ma mort. Je savais que j’aurais dû lui en parler dès le début. Ca fait des semaines que je cache tout cela à mon meilleur ami et je le connais par cœur il ne va pas du tout apprécier. Pourtant c’est Eden qui tente de calmer le jeu alors qu’Ian se rapproche dangereusement de moi.
« On se calme frangin ! On aurait dû te le dire c’est vrai, mais lui en veux pas d’accord ?! Me le tue pas s’il te plaît, je l’aime bien. » Je fronce les sourcils et lui lance un sourire timide. Si avec ça il se calme, je commencerais à croire au miracle. Pourtant Ian ne dit rien. Il enfonce ses mains dans les poches de son jean et hausse les épaules. Pour un militaire je viens quand même d’avoir la peur de ma vie. Je dépose un rapide baisé sur les lèvres d’Eden et elle finit par rentrer chez elle en s’excusant une dernière fois du regard.
« Je te jure Ezrà tu lui fais du mal je te fais creuser ta propre tombe ! Et interdiction de fricoter avec elle sous mes yeux. C’est ma sœur, je veux ne pas voir ça. Eurk. » Je lâche un long soupire de soulagement. Cela ne fait que quelques semaines, mais je suis déjà réellement attacher à Eden. Je ne sais pas comment expliquer tout cela, mais j’ai l’impression que suis déjà amoureux.
« Je te promets que je lui ferais jamais du mal. »2008, Chicago.« Ma puce… Il faut qu’on parle… » Cela fait deux ans que nous sommes ensemble avec Eden. Tout va pour le mieux entre nous. Nous sommes un couple épanoui et heureux. Grâce à l’armée nous avons eu un magnifique appartement en plein centre-ville. Bref tout allait parfaitement bien. Jusqu’à aujourd’hui… J’ai reçu un ordre de mission. Il va falloir que je m’en aille. On a besoin de moi sur le front, en Afghanistan. Malheureusement je n’ai pas le choix. Je vois le regard d’Eden se décomposer. Elle a compris. C’est sa plus grande peur depuis que nous sommes ensemble. Je lui avais promis que ça n’arriverais jamais, mais c’est le genre de chose que l’on ne peut pas vraiment décider.
« Non dit rien Ezrà… » Alors que je m’approche d’elle, elle me tourne le dos. Je me sens mal à l’aise. J’entoure ses hanches de mes bras et pose doucement mon menton sur son épaule.
« J’ai vraiment pas le choix tu sais… Ca va être l’affaire d’une année, peut être un peu plus. Je te promets que je vais revenir. » Je n’ai pas besoin de la voir pour savoir que ses yeux sont emplis de larmes. Je me sens tellement mal de lui infliger cela. Je suis responsable de son malheur et je déteste cette idée.
« Je ne veux pas que tu meurs… » Ces mots résonnent en moi. Je suis en train de lui faire du mal. Je me déteste.
« Je vais pas mourir, je t’abandonnerais jamais. » Je veux partir avec cette idée en tête. Je veux qu’elle soit persuadé que je ne la quitterais jamais. Que l’on va juste être un peu séparé, mais qu’on sera toujours ensemble.
« Je t’écrirais le plus possible je te promets. Et je reviendrais vite ! » « Aedan je dois partir… » Mon frère me fixe sans rien dire pendant de longues minutes. Nous sommes toujours très proche tous les deux. On a même partagé un appartement pendant plusieurs années avant que je n’emménage avec Eden. Il est mon petit frère et je l’aime plus que tout. On a jamais vraiment été séparé et à lui aussi je lui avais promis que je ne partirais jamais.
« Tu peux pas. Tu dois refuser. Ils vont t’envoyé sur le champ de bataille et on va te perdre. » Il tient le même discours que Eden. Son regard devient brillant et une nouvelle fois je me déteste d’imposer cela à ceux que j’aime. C’est le moment que choisis Ian pour débouler dans la pièce. Il perd son sourire en moins de deux secondes.
« Alors c’était pas une blague… ? Tu pars vraiment ? Tu nous abandonne ? » Mon dieu ils veulent tous me faire culpabiliser en fait, c’est ça. L’armée c’est mon métier. Je l’ai choisi et je savais parfaitement qu’un jour on me demanderait de partir. J’ai juste eu la chance de pouvoir attendre plusieurs années.
« Non t’y met pas aussi Ian, je t’en supplie… J’ai pas le choix. Il faut que j’y aille. C’est une mission d’un an pas plus. Je vais revenir je vous le promets ! » Pour la première fois de ma vie j’ai vu mon frère ce lever et me prendre dans ses bras. Je crois que je ne pourrais jamais oublier ce moment. Evidemment Ian c’est rajouter dans le tas et on c’est retrouver comme trois gonzesses sur le bon de craquer…
« Promettez-moi juste une chose. Faites attention à Eden pour moi. Prenez soin d’elle. » Juin 2012, quelque part en Afghanistan. « Ma princesse,
L’été doit être arrivé à Chicago désormais, tu dois sans aucun doute profiter du soleil sur la terrasse. Si tu savais a quel point j’aimerais être à tes côtés. Cela commence à devenir de plus en plus long… Il paraît que l’on pourra bientôt rentrer, mais rien n’est sûr pour l’instant. J’aimerais tellement te dire que je serais là dans quelques jours. Tu me manque de plus en plus. Les choses commencent à devenir compliquer ici. On nous a dit que rien allait aux Etats-Unis en ce moment, j’espère que tu n’as pas de souci avec ton boulot. Je ne peux pas t’écrire plus longtemps, on m’appelle déjà. Je t’écris une autre lettre au plus vite. Passe le bonjour à Ian et Aedan pour moi. Vous me manquer.
Je t’aime pour toujours et à jamais.
Ton Ezrà. » Dix minutes plus tard le Commandant m’annonce que je vais devoir participer à une dernière mission. Une mission classé Top Secret comme ils savent si bien le dire ici. Son air sérieux ne me plaît vraiment pas. Comme à chaque fois je me demande ce qui va bien pouvoir nous arriver durant cette nouvelle mission.
« C’est le genre de mission vraiment importante Lieutenant Jefferson. Vous serez libre de retourner aux Etats-Unis après cela. » « C’est aussi le genre de mission où on nous offre des médailles, mais c’est nos familles qui les reçoivent non ? » Il n’a jamais répondu à ma question. Le lendemain je suis parti avec un bataillon de cinq autres personnes…
2012, quelque part en Afghanistan. Six mois. Peut être plus. Je n’arrive plus à savoir depuis combien de temps je suis enfermer dans cette pièce sombre et humide. Les liens qui gardent mes poignets attachés sont en train de déchirer ma peau. J’ai faim, j’ai soif et surtout j’ai peur… On était quatre à avoir été capturé par les opposants. Aujourd’hui il ne reste que moi. Ils ont commencé par le plus jeune. Il avait vingt ans et ils l’ont torturé jusqu’à le tuer. On y est tous passer les uns après les autres. J’ai reçu des coups de poings, des coups de bottes, de ceintures. On m’a plongé la tête dans une baignoire empli d’eau. On m’a privé de nourriture et maintenant je pourri ici. Ils veulent que je leurs donne des informations sur notre armée, mais je ne parlerais pas. De toute façon je comprends à peine ce qu’ils me disent, ils ne parlent pas anglais. Dans cet enfer, je ne cesse de penser à ma famille et en particulier à Eden. Je me demande ce qu’on a bien pu lui dire. Elle doit me croire mort. C’est ce que j’aimerais des fois… Je voudrais qu’ils poussent leurs tortures jusqu’au bout, qu’ils m’achèvent une bonne fois pour toute. Je n’ai pas les informations qu’ils cherchent et je ne pourrais jamais m’enfuir d’ici. Mes os me font un mal de chien, je ne sens plus mes muscles et cela fais des mois que je n’ai pas dormi correctement. Je voudrais que tout cela finisse au plus vite…
2013, Chicago. « Monsieur Jefferson ? Monsieur Jefferson vous m’entendez ? » Une voix féminine me proviens doucement aux oreilles. Je sens une main se poser sur mon épaule et comme par réflexe je me lève en sursaut et enserre de mes mains la gorge de l’infirmière qui c’était quelque peu pencher au-dessus de moi. Elle hurle au secours et je finis par la lâcher complètement désorienté. Je ne suis plus dans ma pièce sombre, mais dans une chambre blanche à l’air stérile. On parle anglais autour de moi. J’ai mal de partout, je me sens faible.
« Lieutenant calmé vous. Vous êtes en sécurité ici. » Un médecin me rassure tandis que je tente de m’asseoir sur mon lit.
« Où suis-je ? Qu’est-ce qui m’est arrivé ? » demandais-je d’une voix pâteuse. Je me sens désorienté et je déteste cette sensation.
« Vous êtes à l’hôpital militaire de Chicago. On vous a retrouvé agonisant en plein désert il y a quelques semaines. Vous vous souvenez de quelque chose ? » A Chicago. Je suis de retour chez moi. Enfin je crois. L’infirmière fait tomber un ustensile sur le sol et je me lève dans un bond près à frapper le premier qui s’approchera de moi. Je suis sur la défensive, je ne me sens pas du tout en sécurité ici contrairement à ce que le médecin viens de me dire. Le médecin s’approche de moi et je recule jusqu’à ce que mon dos heurte le mur.
« Ne me touchez pas ! Laissez-moi tranquille ! » « D’accord, d’accord… On va appeler vos proches. Ils seront sans aucun doute heureux de vous revoir. » Le médecin quitte la pièce et du mieux que je peux je me dirige vers la salle de bain. Le miroir me renvoi le reflet d’un homme que je ne connais pas. Je suis amaigri comme jamais et mon corps est marqué par d’innombrables cicatrices et de nombreux bleus. Je crois qu’Ezrà est mort là-bas. Ici je ne sais plus qui je suis… Sans aucun doute l’ombre de moi-même. Un fantôme. Un homme qui aurait préféré mourir…