Let Me Guess Your Dark Secrets

Il est daltonien (+) Chanteur et guitariste dans un groupe de rock, il n’arrive pourtant pas toujours à gérer sa célébrité (+) Contrairement à ce qu’on pourrait croire, il est très timide et n’arrive pas à comprendre les groupies. Pour lui, il est un mec totalement banale et il n’a rien de sexy (+) Il a su garder les pieds sur terre et ne pas succomber aux tentations du showbiz (+) C’est un grand-frère très protecteur (+) Il a un frère jumeau et tous les deux sont l’opposé l’un de l’autre (+) Sarah est selon lui le véritable amour de sa vie. Comme ils sont séparés, il pense qu’il trouvera un jour quelqu’un d’autre mais qu’il ne pourra jamais l’aimer autant qu’il l’a aimé elle (+) Il ne supporte pas que ses conseillers tentent de changer son image et refuse de devenir un phénomène de foire à cause d’eux (+) On lui a prêté une relation avec sa conseillère en image, mais c’est un mensonge

calme - têtu - persévérant - maladroit - fidèle - con parfois

Il est toujours surpris quand on lui demande un autographe dans la rue (+) Il porte toujours le collier que Sarah lui a offert pour la Saint-Valentin quand ils étaient encore ensemble, bien qu’il le porte caché sous son pull (+) Il a un tatouage sur l’épaule gauche qui représente un tribale, un second sur l’avant-bras gauche qui représente les initiales de ses frères et de sa sœur et un dernier sur l’avant-bras droit, qui représente une grande croix catholique (+) Il est croyant mais non pratiquant (+) Il n’a jamais été un badboy et encore moins un drogué ou un alcoolique (+) Il a beau être gentil, il ne faut pas trop le chercher pour autant, il a vite tendance à distribuer des poings quand on le provoque de trop.

Tu étais formidable, j'étais fort minable

« Reviens ici ! », m’exclamais-je à l’attention de mon frère. Il avait parfois le don de me rendre dingue. Souvent même. Et comme s’il n’y avait pas assez avec lui, qui était mon reflet dans un miroir et pourtant mon exact opposé, il y avait également le plus jeune, ainsi que la petite dernière. Jamais de quoi être tout seul, jamais de quoi être tranquille. Mais j’aimais cette absence de tranquillité, d’une certaine façon. Sauf quand on s’en prenait à moi uniquement pour m’emmerder. Dans ces cas-là, je devais bien avouer que j’avais plutôt envie de les frapper, tous autant qu’ils étaient. « Putain, Fen, rends-moi ça tout de suite, ou je te jure que … », pestais-je, avant d’arrêter de courir, oubliant un instant mon frère jumeau qui s’était enfui avec mon médiator fétiche, avec son sourire satisfait. En effet, je venais de croisais ma mère, cette femme au regard dur et froid, qui pouvait cependant se montrer si généreuse et si affectueuse … Quand elle le voulait bien du moins. « Les garçons ça suffit ! Qu’est-ce que je vous ai déjà dit ?! On ne court pas dans la maison ! Et le prochain que je surprends à proférer des injures sous ce toit, je le punirais très sévèrement, est-ce que c’est bien compris ?! », brailla-t-elle, de sa voix dure et sans appel. Évidemment que c’était clair. Mais comme à chaque fois, nous n’en ferions qu’à notre tête et elle le savait, y était habituée. Elle avait tenté bien de nombreuses fois de nous soumettre à ses manières bon chic bon genre, mais nous étions trois garçons, tous trois turbulents et elle ne parvenait pas toujours à nous maintenir. « Bon, maintenant, rends-lui son médiator mon chéri », continua ma mère à l’attention de mon jumeau. Ce dernier s’exécuta, mais me lança un regard qui me laissait présager que nous n’en avions pas terminé. Douze ans et déjà tellement bagarreur. Pourtant je l’aimais. Mais il n’y avait rien à faire, nous étions bien trop différent pour nous comprendre, bien que très proches tout de même. « Vous n’auriez pas vu TJ ? », s’enquit mon père qui venait soudain d’apparaître dans la cuisine, Lorelei sur ses talons. Depuis qu’elle avait appris à gambader, elle suivait mon paternel dans ses moindres mouvements. « Il est à son entraînement de football, comme tous les mardis. Où donc as-tu la tête ? », répliqua immédiatement ma mère en levant les yeux au ciel. Des bras se refermèrent alors autour de ma jambe et je baissais les yeux pour voir de quoi il s’agissait. Sans surprise, je retrouvais ma petite sœur accrochée à ma jambe avec un grand sourire. « Julian, joue-moi quelque chose s’il te plait », murmura-t-elle avec sa voix d’enfant. Comment lui refuser ? Elle n’avait que trois ans et elle était déjà ma plus grande fan. Quant à eux, ils n’étaient pas parfaits, étaient très exigeants et pourtant, ils étaient ma famille, ce que j’avais de plus cher. Pour l’instant.

« Un redoublement ?! », fulmina mon père. Je l’avais senti venir et pour le coup, je ne pouvais pas dire que je ne m’y étais pas attendu. J’avais passé tellement de temps ces dernières semaines sur ma guitare que c’était à prévoir que je planterais totalement mes examens. Je n’avais pas eu le temps de réviser. Entre mes cours de guitare, de solfège, mon groupe d’amis avec lequel je me réunissais régulièrement pour jouer, je n’avais pas eu le temps de réviser. Mais je ne pouvais pas dire une chose pareille à mon père. Il plaçait tellement d’espoir en chacun de nous, il ne pouvait décemment pas supporter une chose pareille. Alors je n’avais qu’une chose à faire : supporter sa colère en serrant les dents. « Explique-toi ! », hurla ma mère, qui elle non plus ne c’était pas attendu à une chose pareille. C’était compréhensible, d’une certaine façon. Je n’étais pas bête et même plutôt intelligent, sans vouloir me jeter des fleurs. Alors cet échec était une totale surprise pour tout le monde. Si seulement ils voulaient bien comprendre … « Je ne veux pas faire de grandes études. Je veux faire de la musique », me risquais-je à avouer, tentant le tout pour le tout. Mais en voyant leur visage furieux, je ne pus constater qu’une chose : j’aurais mieux fait de me taire. Le teint de mon père vira au rouge et dans un geste de survie, je fis un pas en arrière, évitant de justesse la gifle qu’il avait failli me mettre. « De la musique ?! Tu te fou de moi ! Tu crois que nous avons élevé nos enfants pour qu’ils fassent de la musique ?! », hurla-t-il. Je ne l’avais encore jamais vu se mettre autant en colère. Il s’enfonça un peu plus dans ma chambre et saisit le manche de ma guitare. L’instrument se fracassa sur le sol avec violence, se brisant en mille morceaux. « Voilà ce que j’en fais de ta musique ! Et que je ne te surprenne pas avec l’un de ces instruments sous mon toit, sinon ça va barder, tu m’entends. Maintenant remets-toi au travail », hurla-t-il avant de claquer la porte, ma mère sur ses talons. Je restais là, totalement abasourdi. Je savais que mes parents n’approuveraient pas, qu’ils attendraient de moi que je devienne un brillant avocat ou quelque chose comme ça, mais pas à ce point. J’en tremblais de rage, les joues rougies par la colère. Qu’y avait-il de mal à vouloir faire de la musique ? J’étais doué en plus. Des coups furent frappés à la porte et j’étais tenté de les envoyer promener. Mais la porte s’ouvrit pour laisser entrevoir mon sosie, qui pour une fois n’arborait pas ce sourire insolant qui lui valait tant de succès. « J’ai tout entendu », m’avoua-t-il, mais je ne lui répondit pas. Par orgueil, par fierté, moi qui ne voulait pas m’avouer vaincu devant ce jeune homme qui m’était si semblable mais qui semblait tout réussir mieux que moi. « Tiens », s’exclama-t-il soudain, en me tendant une liasse de billets. Je haussais les sourcils, surpris, incapable de dire quoi que ce soit. Il dut comprendre, puisqu’il se sentit obligé de s’expliquer. « C’est mon argent de poche. Achète-toi une autre guitare. Tu es doué et moi je crois en toi. Si tu veux faire de la musique, que papa et maman aillent au diable, moi je t’aiderais ». Je gardais toujours le silence, trop choqué par ce que je venais d’entendre. Mais mon frère venait d’allumer en moi un espoir, une lueur d’espoir qui ne s’éteindrait plus jamais.

« Bon Julian, tu te la ramènes ? », s’écria une voix derrière moi que j’identifiais comme celle de Cory, l’un de mes amis et membre de mon groupe. « Deux minutes mec, j’ai quelque chose à faire », affirmais-je avant de m’éclipser dans les couloirs, que je parcourais en courant. Nous devions répéter, mais j’avais d’abord quelque chose d’important à faire.  Il me fallut deux minutes pour la trouver, deux minutes pour apercevoir son visage souriant et ses cheveux blonds comme le blé, juste devant moi. Un sourire idiot se plaqua sur mon visage et je me précipitais vers elle, manquant de trébucher en chemin. « Hey Sarah, on va répéter. Tu veux venir ? », m’enquis-je. Elle était ma meilleure amie et sa présence était importante pour moi. Elle était la première à m’encourager, la première à me féliciter et à m’inciter à poursuivre mes rêves. Elle était cette attache, cette personne dont j’avais terriblement besoin. Mais une vois dans ma tête m’affirmait qu’elle était plus, que je voulais plus, bien que je ne m’autorise en aucun cas à lui dire la vérité. Je l’aimais. Peut-être. Je n’en savais trop rien, je n’étais pas sûr de savoir ce qu’étais l’amour. En tout cas, je savais que j’aimais passer du temps en sa compagnie, la protéger, la chouchouter. « Évidemment, qu’elle question ! », s’exclama-t-elle et je l’accompagnais jusqu’à la salle de répétition.

« C’était génial, comme toujours. Cette nouvelle chanson parle de ton père, n’est-ce pas ? ». Je ne pouvais rien lui cacher. Elle lisait en moi comme dans un livre ouvert. Je lui avais souvent compté l’histoire de ma famille et elle la connaissait dans les moindres détails. Elle passait d’ailleurs souvent chez moi à la maison, quand nous faisions nos devoirs ensemble et mes parents n’y voyaient rien à redire, tant que j’avais de bonnes notes. « Hum … Euh oui … », marmonnais-je déconcentré. « Cette fille là-bas, elle n’arrête pas de me regarder. J’ai quelque chose sur le visage ? », la questionnais-je, visiblement perplexe. Mais au lieu de me répondre par l’affirmative, elle se contenta d’éclater de rire et je haussais les sourcils, ne comprenant d’aucune manière ce que j’avais pu dire de drôle. « Mais non idiot. Tu lui plais ! », s’exclama-t-elle, comme s’il s’agissait d’une évidence. Bah tiens donc. « Lui plaire ? Tu crois ? ». Je n’y croyais pas. Le séducteur, c’était mon frère, pas moi. TJ lui aussi se débrouillait pas mal avec son sourire charmeur, bien qu’il soit encore trop jeune pour séduire réellement les filles. Mais il en faisait tourner, des têtes. Moi, je m’étais toujours considéré comme banale. Je ne parvenais pas à comprendre ce que je pouvais avoir de séduisant avec mes jeans délavés, mes chemises et mes vestes en cuir, bien que je sois la parfaite réplique de mon jumeau, l’air désinvolte et le sourire de tombeur en moins. « Évidemment. Tu es musicien, tu chantes super bien, tu portes la veste en cuir comme personne, en plus tu es beau garçon et tu as des yeux magnifiques. Elle a toutes les raisons d’être sous ton charme ». Je ne répondis rien, mais je me sentis rougir. Ces compliments, je les entendais, mais pas de la manière qu’elle le pensait. Ils entouraient mon cœur comme de la barbe à papa et encore un peu, j’aurais cru fondre de bonheur. « M’intéresse pas », finis-je par dire, grognon et sous la défensive face à son regard insistant. « Oh allez ! Vas-y », insista-t-elle. Et je me braquais immédiatement. « Tu fais exprès de pas comprendre ma parole … », me braquais-je. « J’ai … des trucs à faire. Salut ». Et je la laissais plantée là, sans ajouter un mot.

Je dévisageais mes frères tour à tour, en silence, me sentant franchement con. Pourtant, je ne parvenais plus à patienter, je devais parler à quelqu’un et le plus vite serait le mieux. Enfin, celui à qui je devais parler, c’était surtout Fenrir. TJ était bien trop jeune pour l’instant, même si rien ne l’empêchait de participer à la conversation pour autant. « Dis-moi Fen. Je peux te poser une question sans que tu ne te paie ma tête ? », lui demandais-je de but en blanc. Le principal intéressé leva le nez de son bouquin et me dévisagea avec inquiétude avant de hocher la tête. « Oui, vas-y, demande ». J’hésitais un instant, croisant le regard intéressé et curieux de TJ avant de me décider, de me lancer. Au pire, ils se foutraient de ma gueule et on n’en parlerait plus. « Comment on fait … pour faire comprendre à une fille qu’elle nous intéresse ? », questionnais-je. Je devais avoir l’air d’un parfait idiot, mais ma petite amie jusqu’à présent avait toujours été ma guitare et l’amour de ma vie était ma musique. Alors les filles … Je pataugeais totalement. Et comme je l’avais prévu, les deux garçons éclatèrent de rire, se payant clairement ma tête. « Arrêtez de vous foutre de moi ! », m’exclamais-je, piqué au vif. Ils eurent bien des difficultés à redevenir sérieux, mais face à mon regard outré, ils firent un effort pour arrêter de rire. « C’est Sarah, n’est-ce pas ? ». J’hésitais un instant, avant de hocher la tête. C’était donc si évident que cela ? « Si tu veux mon avis, tu aurais déjà du te lancer depuis longtemps. Je suis sûr qu’elle n’attend qu’une chose et c’est que tu fasses le premier pas. Après, il n’y a pas vraiment de règle. Tu n’as qu’à lui écrire une chanson. Ou lui dire tout simplement. Et si t’as trop peur de parler, va directement l’embrasser. Allez, lance toi mon vieux, il serait temps ». Ses mots parvinrent à mes oreilles et je réfléchissais un instant aux conséquences, si je faisais ça. Mais j’en arrivais rapidement à la conclusion que je m’en fichais totalement des conséquences. Un sourire aux lèvres, je me levais soudain d’un bond. « Tu as raison, je vais faire ça », m’exclamais-je en sortant dans le couloir, manquant de rentrer dans une petite fille toute souriante. « Tiens, Gigi. Lorelei est dans sa chambre. Et TJ et Fenrir sont dans le salon », m’exclamais-je avec le sourire, heureux et soulagé à l’idée de ce que j’allais bientôt faire.

Je devais le faire. Je devais le faire. Oh que oui, je devais le faire …
Mais c’était plus difficile que je ne l’avais imaginé. Trop difficile, trop compliqué. Trop … C’était trop. Et je n’avais pas le courage de lui avouer mes sentiments, pas comme je l’avais espéré. J’étais faible. C’était tellement plus facile de ne rien dire. Alors je restais là, comme un idiot, à fixer le ciel, allongé dans l’herbe. Simplement, comme ça. « Tu es mon meilleur ami Julian ?! », demanda-t-elle soudain, d’un ton qui me laissait le doute quant au fait que c’était une question ou une affirmation. Je tournais la tête vers elle et acquiesçait en silence. J’avais peur de ce que je pourrais dire si j’ouvrais la bouche. Et si … Et si elle ne ressentait pas la même chose que moi ? Cependant, elle s’allongea à mes côtés et posa sa tête sur mon torse. Mon cœur rata un battement et je fermais les yeux pour penser à autre chose qu’à sa présence tout contre moi. « Je dois te dire quelque chose Ju ». J’avais toujours détesté les surnoms, mais dans sa bouche, c’était tellement adorable que je n’avais jamais rien dit. Pourtant, sa volonté de parler en cet instant ne me plaisait pas du tout. Je rouvris les yeux, ma main parcourant le haut de son dos d’un air distrait. Elle allait me dire qu’elle était amoureuse de quelqu’un d’autre. Et c’était ma dernière chance pour lui avouer mes sentiments avant qu’un autre abruti ne le fasse. « Moi aussi Sarah, ça fait un moment que je voulais te le dire, mais bon sang tu me rends dingue, je n'en peux plus d'être "que" ton meilleur ami, de vivre à côté de toi, de te voir tous les jours. Te voir sortir avec d'autres types, qui ne voient même pas la fille incroyable que tu es. Je te connais mieux que personne et ... », commençais-je avant de m’interrompre. Bordel, mais qu’est-ce qui me prenait ? Soudain anxieux, je la repoussais et me redressais, la fixant dans les yeux de mes prunelles océaniques. Mon cœur battait à tout rompre, comme si ce muscle tentait de s’échapper de sa barrière de chair et d’os. Elle allait m’envoyer promener. Et notre amitié serait gâchée. Mais bon sang, c’était trop lui demander de réagir ? « Putain, Sarah, réagi, je t'ouvre mon coeur là, je suis en train de te dire que je suis amoureux de toi et tu ne bouges même pas, ça ne t'a même pas fait ciller. Je savais que c'était une connerie. J'aurais dû fermer ma gueule moi, quelle connerie ». J’aurais dû me taire. Et pourtant, j’avais envie de la secouer. Et j’avais envie de me frapper. J’étais vraiment un con. Mais alors que j’esquissais un mouvement pour me relever et m’en aller, elle sembla enfin se décider à réagir. Un geste qui effaçait tous les mots. Nous n’avions plus besoin de parler. Plus rien à nous dire. Le baiser que nous échangions voulait tout dire.

Car je n'ai pas su te garder

« Sarah, tu ne devineras jamais ! », m’exclamais-je, alors que je venais seulement de rentrer chez moi et que je ne l’avais pas même encore vue. Je savais qu’elle était à la maison pour avoir vu sa voiture dehors. Et j’étais bien trop excitée par ce que j’avais à lui annoncer pour me soucier des formalités. Nous vivions dans un tout petit appartement depuis que nous avions décidé d’emménager ensemble et nous ne vivions que sur son salaire puisque mes revenus ne me permettaient pas de nous faire vivre. Mais aujourd’hui marquait justement un tournant dans nos vies, un tournant dans ma carrière également. Je pénétrais dans la cuisine, sans prendre la peine de retirer mes chaussures sales, ni même d’enlever ma veste. Seul comptait ce que j’avais à lui dire désormais. « Tu ne devineras jamais quoi ! », m’exaltais-je, si heureux de la nouvelle que j’avais à lui annoncer. Pourtant, elle devait le savoir, là tout de suite. J’étais si heureux que je n’arrivais même pas à comprendre comment c’était possible qu’elle n’arrive pas à lire directement dans ma tête pour savoir exactement ce que je ressentais. Je ne lui laissais d’ailleurs pas le temps de répondre, enchainant directement. « Un producteur est venu nous voir pendant notre dernier concert ! Il veut qu’on enregistre un album ! ». J’ignorais cependant que c’était le début de notre fin.

« Tu pars encore ? ». Je prenais bien soin de l’ignorer. Comme souvent ces derniers temps. Oui, je partais encore. Et non, je n’avais pas envie de la laisser seule. Mais je le devais. Nous étions en plein enregistrement de notre album et forcément ça nous prenais une grande partie de notre temps libre. Mais je n’avais pas le choix. Du moins, c’était ce que je m’évertuais à me répéter dans ma tête pour me donner bonne conscience. Elle, elle était patiente et heureuse pour moi je le savais. Mais combien de temps encore serait-elle patiente, alors que je partais tôt le matin et que je rentrais très tard le soir, tout ça uniquement pour enregistrer cet album ? Je savais qu’il y aurait toujours autre chose. Car si un jour nous venions à avoir du succès, il y aurait des concerts. Et des interviews à n’en plus finir. Et … Serait-elle encore heureuse après ça ? Je n’en étais pas sûr. Et je préférais ne pas y penser. « Je te promets d’essayer de renter plus tôt ce soir », affirmais-je en l’embrassant. Mais je savais qu’une fois encore, je ne tiendrais pas cette promesse.

« Sarah ! C’est notre chanson ! Notre chanson passe à la radio ! », m’exclamais-je en hurlant presque de joie. Les choses s’étaient enchainées si vite … Un jour, nous étions en train de finaliser l’enregistrement de notre album. Le lendemain, notre album était en vente et nous avions plus de succès que nous aurions pu l’espérer. Tout était allé très vite. Un agent nous avait contactés le lendemain de la sortie de notre album. Puis, c’était des conseillers en image qui nous avaient réclamés. On nous avait organisé des interviews. Et la consécration était en ce moment même, alors que notre premier single passait à la radio. Et évidemment, elle était la seule avec qui je voulais partager cela …

« Ecoute Julian, je ne te dis pas de la plaquer, je te dis simplement que pour ton image, il serait peut-être préférable que tu la laisses à l’écart. Tu sais, histoire que tes fans pensent que tu es célibataire. Ce serait vraiment génial pour ton image ». J’allais la tuer. Très sincèrement. Encore un mot et je la foutais à la porte. Comment pouvait-elle seulement dire une chose pareille ? Sarah et moi étions séparés la plupart du temps en raison de mon travail … et du sien. Elle ne pouvait me suivre systématiquement aux quatre coins du monde durant mes tournées, surtout que je partais souvent bien loin de Windfall Lane, mais elle était dans mon cœur chaque minute de chaque jour. Et les rumeurs de notre séparation alimentaient déjà suffisamment les journaux à scandales pour que je n’aie pas encore en plus besoin d’annoncer officiellement notre séparation qui n’était que foutaise. L’idée même que Gillian trouve cette idée géniale me donnait envie de la frapper. Je n’étais du genre à perdre mon calme cependant, encore moins envers une femme et j’inspirais profondément. « Gillian, sors-toi cette idée de la tête immédiatement. Sarah et moi sommes ensemble depuis le lycée, nous avons toujours été très amoureux et elle a été ma première fan. Si elle n’avait pas fait tous ces sacrifices, payé les studios d’enregistrement et j’en passe, nous n’en serions pas là aujourd’hui. Fais encore une seule fois allusion à cette séparation et tu pourras te chercher un autre job, compris ?! ».

Cher Julian

Pardonne-moi d’avance, pour ce que je vais te dire, pour le moyen que j’emploie également. Je suis consciente que tu mérites bien mieux qu’un simple mail, mais n’ayant actuellement aucun autre moyen de te joindre, je ne peux garder plus longtemps pour moi ce que j’ai à te dire. Il est devenu évident ces derniers temps que notre couple n’était plus aussi solide qu’il l’avait été. Tu as fait passer ta carrière en premier et je peux le comprendre, mais il est devenu évident que nous deux, ça ne peut plus continuer. Je me dois d’être totalement honnête avec toi et je dois t’avouer que j’ai rencontré quelqu’un d’autre, pendant tout ce temps où tu étais absent. Je ne vais pas te dire que je regrette, ni que j’espère que tu m’en voudras pas Julian, mais crois bien que je ne m’attendais pas à ce que les choses se terminent ainsi.

Pardonne-moi.
Sarah.

« Je t’avais dit que cette fille ne t’apporterait que des ennuis ». Ca ne pouvait pas être vrai, je devais totalement délirer. Je fixais l’écran, sans dire un mot, face au mail que Gillian venait de me montrer. Comment les choses avaient-elles pu changer à ce point ? Je savais que Sarah avait du mal à gérer mes absences répétées, mais de là à me quitter par mail … Je ne pouvais pas y croire. Elle ne pouvait pas m’avoir fait un truc pareil. « Allez Julian, vois le bon côté des choses. Maintenant, tu vas pouvoir t’amuser autant que tu voudras ». Mais je ne voulais pas m’amuser. J’avais l’impression que le ciel venait de me tomber sur la tête. « Dehors », sifflais-je entre mes dents, absolument furieux, de ce genre de colère froide qui ne me ressemblait pas. « Quoi ? », s’étonna-t-elle. « J’ai dit dehors ! Fiche le camp d’ici ! ».


« Gillian, qu’est-ce que c’est encore que ces conneries ? », sifflais-je entre mes dents, après avoir découvert le titre d’un magazine à scandale parut le jour même. La photo me montrait en compagnie de Gillian et laissait entendre que nous étions un couple. Pourtant, je ne m’étais que très rarement affiché avec des jeunes filles depuis ma séparation douloureuse avec Sarah et je n’avais jamais eu dans l’idée de me donner en pature aux médias. Surtout que Gillian et moi n’avions jamais été en couple et que nous ne le serions jamais. Je n’arriverais jamais à la supporter en tant que compagne. « Allons, c’est pas si grave Julian, ce n’est pas la première fois que les médias te prêtent une nouvelle liaison, tu vas t’en remettre ! », annonça-t-elle d’un ton enjoué. C’était bien ce que je redoutais. Je me frappais le front de la paume et je secouais la tête. « Oui, mais on dirait que ça te fait plaisir », râlais-je, franchement plutôt retissant à cette idée. Elle se contenta alors de hausser les épaules et de me regarder. « On me prête une liaison avec un jeune homme très sexy, je ne vais pas m’en plaindre ». C’était trop. J’avais supporté beaucoup de choses. Que certains de mes musiciens prennent de la drogue. Que tout le monde me casse les couilles pour que je me tienne bien, que je me comporte bien. Qu’on me change de look. Mais que ma propre conseillère en image prenne son pied à l’idée que les médias nous prêtent une liaison, ça, non ! Les choses étaient allées trop loin, je devais mettre un frein avant d’aller droit dans le mur. C’en était trop, vraiment trop. Ce n’était pas ainsi que j’avais imaginé ma carrière. « Ça suffit, je m’en vais », sifflais-je en me levant. « Quoi ?! Non, Julian, tu ne peux pas partir », persifflais Gillian dans mon dos. « Oh si, je le peux. Les choses sont allées trop loin, j’ai besoin d’une pause », grognais-je à son attention. « Et où comptes-tu aller ? ». Je ne répondis pas. Où pouvais-je aller, si ce n’était dans le seul endroit que je n’aurais jamais, au grand jamais, du un jour quitter ?