PRÉNOM OU PSEUDO ◮ Grimm. :didiot:
ÂGE ◮ 18 ans en mars
SEXE ◮ Féminin
Où AS-TU DÉCOUVERT LE FORUM ? ◮ Via un partenariat.
QU'EN PENSES-TU ? ◮ Vous le savez déjà mais il est tout simplement sublimissime !
FRÉQUENCE DE CONNECTIONS ◮ 6-7/7.
MOT DE LA FIN ◮ Pouet pouet caribou :didiot:

J’entendais résonner dans mes oreilles, des bruits incessants de balles, des cris qui déchiraient la nuit, la lune se voilait petit à petit, alors que certains tombaient dans les bras de Morphée, à l’autre bout du monde, l’enfer et ses sbires se déchainaient sur mes camarades. Je courais calculant à la perfection mes mouvements, se cacher puis sauter sur l’ennemi pour l’achever à coup de cross et finalement s’évanouir dans la nuit pour continuer de lutter silencieusement. Nous étions sur le front, sans trop d’espoir, plongé dans nos pensées, pas totalement concentrés sur ce qui pouvait être notre dernière bataille. Je le voyais planté au milieu des autres, il me regardait les yeux inondés de larmes, il criait, me suppliait et le silence s’abattit soudain sur sa pauvre personne. Ils tombèrent un par un sous les balles, succombant aux impactes. J’étais un meurtrier. Aucune expression ne tordit mon visage, aucun son ne poussait les barrières de mes lèvres, silencieux et solitaire. Je continuais ma course folle à travers le désert interminable sans me retourner parce qu’il ne sert à rien de regarder vers le passé ou de se projeter dans le futur, seul l’instant présent compte. Je n’avais pas pleuré, je ne savais pas pleurer. Mon esprit réclamait le petit garçon d’autrefois, le petit bout d’homme dont la joie de vivre surpassait celle des autres enfants, intelligent et dont la bonté n’avait d’égal que sa gentillesse. Le jeune d’Harvard, si prometteur devenu du jour au lendemain un meurtrier de sang-froid dont les mains étaient plus que souillées. J’aurais pu rester à Détroit pour y faire ma loi, continuer de vivre paisiblement, m’accrocher à Harvard pour devenir un de ces médecins réputés ou un ingénieur au talent incroyable et pourtant, j’étais là, à courir dans cette immensité, arme à la main, le cœur glacé. Les années passèrent et se succédaient sans que rien ne change, toujours cette même mélodie, celle des balles qui s’écrasaient contre les murs, contre mes camarades, des cris qui vous donnaient froid dans le dos.

We all go to hell.

Elle me regardait les yeux inondés de larmes, le visage tordu par la tristesse et le désespoir, la honte se lisait clairement entre deux sanglots. Une pluie battante s’abattit sur Détroit alors que nous étions là, silencieux, attendant tout simplement, mais que pouvions nous bien attendre ? Rien. Elle prit ma main mais la lâcha précipitamment, c’était terminé. Mon fils me regardait par la fenêtre, faisant des grands signes de la main, le sourire aux lèvres alors que la femme que j’aimais reculait à grand pas pour retomber dans les bras de son nouveau mari. Mes poings se serraient alors que j’observais, impuissant, cette scène qui me dégoutait. Tout perdre du jour au lendemain, se retrouver à la rue et errer à la manière d’un fantôme, oui, j’étais un esprit perdu dans un monde qui n’était peut-être plus le sien, continuant de survivre malgré tout. J’avais vécu l’enfer et il me suivait partout, m’enlaçant de ses bras meurtriers. Détroit était ma prison, un endroit peu fréquentable qui m’avait accueilli malgré tout. Je vivais dans une maison abandonnée, délabré, brisée comme mon âme. Le seul toit qui me protégeait me menaçait de m’écraser. Je sombrais petit à petit sans le vouloir, drogue, alcool, je ne tenais plus sur mes jambes, m’enfonçant de plus en plus chaque jour comme si plus rien ne comptait, au fond non, plus rien ne comptait. Je me laissais aller dans un total oubli de moi-même, préférant fermer les yeux sur ce qui me semblait être une évidence, j’étais foutu. Je marchais dans les rues, le temps n’avait plus d’importance à mes yeux. Mon visage restait figé, sans expression, je ne souriais plus, je ne voulais plus. Le bonheur était un mot dont la signification restait floue jusqu’à disparaître totalement, je continuais de vivre à la manière d’un chien galeux, je volais pour me nourrir, essayant de faire ma loi dans la rue. Gang et autre guerre silencieuses qui sévissaient dans les rues de Détroit, j’en faisais partie, ancien militaire beaucoup se mettaient à mes genoux pour ne pas succomber sous les coups ou les balles, mon nom faisait frémir les plus grands, j’étais devenu une personne que l’on devait craindre. Je ne pouvais me poser parce qu’au fond, je continuais de l’aimer, une once de sentiment dans un corps dépourvu de toute compassion, j’étais humain, terriblement humain. Continuant de souffrir alors que tout était bel et bien terminé, j’espérais mais à quoi bon espérer lorsque la seule chose qui vous permettait de remonter la pente s’est envolée ? Je continuais de lutter pour ne pas disparaître, mais au fond, je voulais m’évanouir dans la nuit, me laisser aller et fermer les yeux sur ce monde que je qualifiais de cruel, une arène dont la seule issue reste la mort.

Bleeding out.

Tout quitter pour mieux recommencer, j’avais fuis Détroit pour me trouver ici, à Chicago. Le changement était loin de me perturber, les rues et l’ambiance se ressemblaient, les voitures, les gangs, tout semblait être un simple copier/coller de ma ville natale. Et pourtant je me sentais tellement différent. J’avais déniché un petit job de misère en tant que serveur, minuscule et inutile serveur dans un restaurant plutôt chic où les riches se mélangeaient à une population plus pauvre. Nous étions les valets et nous servions les rois. C’était là, à cet endroit que tout changea, lors d’un simple service, deux trois paroles échangées, j’étais repéré. Il s’approchait de moi, analysant le moindre de mes mouvements, je ne comprenais rien, il était fou. Gras, inondé de sueur tenant un cigare entre ses gros doigts, il ressemblait étrangement à un de ces mafieux qui se cachent dans les ruelles sombres, prêt à se jeter sur vous pour vous faire chanter et danser à leur guise. Il souriait, il souriait tellement que je pouvais compter le nombre de dents qui ornaient sa mâchoire. Il tapotait mon épaule, me serrant la main. Il me noyait de parole si bien que je souriais simplement pour lui faire plaisir, il continuait encore et encore jusqu’à me tendre une arme discrètement. Mon regard se posa sur l’objet en question, il pointait du doigt un homme qui discutait avec sa femme, un couple au restaurant que je devais descendre. Mes yeux remontèrent sur l’étranger et un rire nerveux s’échappa d’entre mes lèvres. « Allez-vous faire … » Je ne pus terminer ma phrase, un de ses sbires m’empoigna par la gorge me faisant comprendre clairement que de toute façon je n’avais pas le choix. J’étais posté derrière le bar, arme dans ma poche alors que le restaurant se vidait petit à petit une détonation résonna à travers les murs et la cible s’écroula à terre, inerte. L’animal qui sommeillait en moi c’était réveillé sans crier gare. Les clients s’affolèrent et tous se précipitèrent vers la sortie. Je jouais le jeu, m’échappant de la scène avec eux, me fondant dans la nuit. J’étais devenu tueur à gage, l’un des plus réputé de Chicago pour avoir fait un service militaire, ayant l’œil aiguisé et une grande agilité. Une nouvelle vie commençait alors ou plutôt, ma vraie vie débuta.