introduction

ft D. Jake Wilsbury

    Pourquoi. Pourquoi... Plongez dans cet océan de ténèbres, les hommes s'efforcent de nager pour remonter à la surface. Pourquoi ne laissent-ils pas le besoin agir doucement ? Pourquoi se combattent-ils avec autant d'ardeur alors que la réponse sera toujours la même : la Mort. Les larmes n'ont elles pas assez coulées ? Les rêves piétinés ? Et l'amour, déchiré ? Nous ne sommes que de vulgaires mortels. Et nous tentons désespérément de fuir l’inéducable. Mais l'homme est naïf, il pense qu'Atropos et ses sœurs ne seront, à un moment, plus à leur poste. Le Temps est pourtant là et il restera toujours sur son trône de cristal à regarder l'Espace se courber sous la douleur d'un univers imparfait. Laissons-nous simplement transporter par la vague, sans plaisir ni émotion. Laissons-nous dans un état léthargique  avant d'être allergique à ce monde, à cette ignominie et immonde dystopie. Ce feu n'a jamais brûlé, cette flamme n'a jamais calciné. Il n'est qu'illusions et leurres. Il n'est régné que par nos leurres et nos illusions. Il est alimenté uniquement par ces illusions et ces leurres. Oubliez. Fermez. Dormez.

   Chut. Mon âme dort. Elle sommeille, plongé dans son irréel. Ne la réveillez pas, s'il vous plaît. Car elle ne veut pas l'être. Elle veut simplement dormir. Mais également se blottir, se blottir à ces légers voiles, recouvrant mon cœur. Chut... plongé dans un sommeil sans fin, elle ère. Ne la faites pas souffrir de votre indélicatesse, car elle est sensible. Elle tremble de peur, tourmentée par ses cauchemars elle se meure. Restez loin, loin de moi et de mon âme, esseulée. Ne me faites pas davantage souffrir, car mon cœur amputé est annihilé. Votre souffle me fait mal, votre soupir laisse cette épée, s'enfoncer. Je ne veux pas de cette enclave et pourtant elle est ma seule amie, mais également ma pire ennemi. Mon sommeil est un abandon, un affront à la vie car je préfère sa sœur. Sa sœur froide, mais qui soulagera mon cœur. Mon cœur qui ne demande que le baiser de cette sœur. Ce baiser glacial qui fera que mon âme, ne vous entendra plus rugir. Car elle dormira, pour toujours... car j'ai toujours voulu en finir.

   Rêve... doux rêve. Pourquoi ne m'emportes-tu pas avec toi ? Pourquoi influes-tu en moi ces désirs qui me brûlent et me consument. Ô oui, Rêve. Réponds à mes questions. Rêve... pourquoi me déçois-tu ? Pourquoi l'usure fait ta force et non celle de mon torse ? Mon flanc, dressé contre le monde. Devenu hostile alors que je n'étais même pas un âge de soupirer ni de haïr. Tant de questions et tant de réponses. Noyé dans cette mer, salée. Comprimé et étouffé... et pourtant je dois me relever. Ouvrir les yeux, m'éveiller. Hurler. Crier ma force. Déployer mes ailes de Phénix et m'envoler du Styx. Mon âme, sale, doit se réveiller. De ma main naîtra, de ma pensé survivra et de mon cœur s'épanouira. Ce feu. Cette flamme. Cette braise. Allume ce foyer. Embrase le ciel bleuté de ton cœur blessé. Fais de ta décadence une nouvelle régénérescence entamant cette ascendance brisant cette innocence et notre impuissance. Brandis ton poing, brandis tes rêves. Sors de ces limbes et élève-toi, de tes plumes tu te servira. Et n’oublie pas...  



   Au fond... la Vie n'est pas un supplice. Mais un défi, un défi qui prendra fin certes. Mais qui sera accomplis dans la plus douce des morts, celle où le temps ouvre ses bras, pour vous accueillir ignorant tout vos fracas. Car c'est ainsi que la Vie fut créé. Dans un fracas tel, que de sa paume... vous êtes nés.  

death's metamorphosis part I

ft D. Jake Wilsbury

    La vie est un éternel combat. C'est ainsi que tout le monde la voit et moi inclus. Ma vie n'est qu'un champ de bataille rythmé par le tintamarre du silence qui a toujours régné. Ne rien dire, encaisser toujours et un peu plus. C'est ainsi que je combat cette vie qui ne m'a guère épargné. Assis, sur ce fauteuil, dans cette salle d'attente, dans cet hôpital. Hôpital que je connaissais que trop. C'est ici que ma vie a débuté, c'est ici que ma mère m'a pour la première et la dernière fois bercé. C'est ici que j'emmenais mes frères et sœurs quand ils avalaient par mégarde une bille ou tout autre objet faisant leur environnement. C'est également ici que j'ai fais mon premier stage, plus jeune, je voulais faire carrière dans la médecine. C'est dans cet endroit que j'ai un jour appris que ma femme ne remarcherait plus jamais, mais c'est aussi ici où la plus belle chose qui m'est jamais arrivé à ouvert ses yeux. Ma fille. Dans cette nébuleuse humaine, je la voyais rayonner à mon regard. Et c'est ainsi que je me retrouvais à nouveau ici, ma femme ayant fait une banale crise hypoglycémie. Je n'ai jamais vraiment aimé les hôpitaux, il y fait trop froid. L'odeur dénué de saveur est régnée par l'artificiel et cet aspect que le monde dit moderne. Et ce silence aussi, ce silence mortuaire. Je me sentais coupable. Elle ne se nourrissait plus correctement depuis quelques jours par ma faute. Je fixais mes doigts, pensif. Je la faisais souffrir. Je le savais. Et je ne faisais rien, non pire. Je m'autodétruisais, devant elle. J'avais peur, j'étais terrorisé et je lui en faisais payer le prix. Il fallait que cela cesse, il fallait que pour la première fois dans ma vie, j'agisse. Mais, Déimos et son frère m'attendaient.  Ils voulaient embrasser leur petit protégé, leur petit chien qu'il n'avait pas vu depuis un moment.
   Je me relevai alors, allant chercher un café pour me réveiller un peu. J'avais travaillé pendant toute la journée, j'avais en fait travaillé d’arrache-pied toute la semaine. Je m'approchai alors de cette machine qui me connaissait que trop bien, moi et mes angoisses. Je déposai légèrement mon doigt sur son bouton en y glissant quelques petites pièces pour qu'elle délivre ma délicieuse drogue. J'attendis un instant que la douceur brunâtre s'écoule dans son Graal que je pris prudemment entre mes doigts. Que devais-je faire ? Laisser encore couler ou révéler au grand jour ce que mon cœur me susurrait depuis le début. Devrais-je réellement écouter ce pitoyable organe qui murmurait son nom avec sensualité ? Devrais-je réellement laisser parler mes sentiments, leur montrer pour une fois dans ma vie la chaleur du soleil ? Je n'étais qu'un pitoyable spectateur de ma vie. J'ai regardé Fauve et Nikolaas s'autodétruire, j'ai regardé Nikolaas partir puis Fauve. J'ai vu ma déchéance et Hypnos me lécher la tempe en m'intimant de rejoindre son père. La seule fois où j'ai réellement agis était au final quand je me suis levé. Quand le phénix qui brûlait mes entrailles à déployer ses ailes pour calciner le Temps charognard. Agis. Agis. AGIS !
   Je portais le gobelet entre mes lèvres sentant ce liquide amer envahir ma bouche. Cette douce substance caressant ma langue et effleurant mon palais avant d'incruster ma gorge de son délicat parfum. Je ne pouvais laisser ma relation se détériorer et rester la bouche ouverte devant Fauve. Et Evanah. La pauvre fille ne savait pas ce qui l'attendait. Elle ne savait pas que derrière le sourire hypocrite de son père se cachait un homme faible et dévasté. Elle ne savait pas que dans la personne laquelle elle voyait Dieu est en fait un piètre mortel reposant sur des cendres. Agir. Oui... je refermai le poing avant de finir d'une traite mon lot de caféine. Je me devais de choisir et de mettre un terme à tout ceci. Je devais ouvrir les bras et hausser mon torse pour donner raison à mon âme. Je devais fermer les yeux, sourire et sentir les rayons solaires caresser ma peau. Je devais choisir...
      Je devais choisir Fauve.

   Après une bonne heure, ce médecin que je connaissais un peu trop bien s'approcha, dossier à la main. Je me relevai alors, j'avais préparé ce que j'allais lui dire. Que je ne pouvais nier l'amour que j'éprouvais pour Fauve. Que je ne voulais plus me battre contre ça... plus me battre contre la vie. Mais la vie reste... et restera toujours un combat permanent. « Jake... », je fronçais légèrement des sourcils croisant les bras : « Il se passe quelque chose ? ». Il baissa les yeux avant de dire d'une voix douce : « Hesther a un anévrisme cérébrale qui s'est rompu... il semblerait que l'accident d'il y a cinq ans a créé une poche... et actuellement elle a une hémorragie cérébrale... », je baissais les yeux, mon entrain se glaça d'un coup. Je repris mon souffle calmement avant de murmurer : « Et c'est opérable ? ». Il fit non de la tête. Mon cœur se déchirait avec lenteur, je raclai ma gorge avant de reprendre : « Et... sa paralysie va augmenter donc ? Encore un pas à franchir, hein ? ». Le médecin réprima une nouvelle négation : « Elle meurt à petit feu Jake, ce ne sera pas un nouveau pas... Dans un maximum de deux mois elle sera en état de mort... cérébrale. ». Je relevais d'un coup les yeux. Une épée s'enfonça avec douceur dans ce flanc que je voulais dresser. Un froid glacial obstrua cette chaleur dont je n'avais déjà plus le souvenir. Je portai ma main à ma bouche. Dix ans. Une fille adorable... je reculais... je reculais encore et encore. Ma vision déréglée, mon ouïe se taisant à tout jamais. Hesther... ne m'abandonne pas... pas toi.... non. Ma force se brisa, mes mains tremblèrent dans ce chaos qui envahirent mes pensées. Elle allait mourir. Elle allait m’abandonner... Je vais être seul.

Il fait si froid.
Dans ce monde...
Il fait si noir...
Et tout s'effondre...
Vaporisant tous mes espoirs .

death's metamorphosis part II

ft D. Jake Wilsbury

    La vie est-elle réellement un combat loyal ? Car au final... nous allons tous mourir. Elle nous fait des coups-bas dévastateurs et n'a aucune pitié quand c'est l'occasion de reprendre un être cher. Non... la vie n'est pas un combat, mais un bourreau. Le médecin était reparti, j'étais assis là, dans ce chaos hospitalier, seul et perdu. Cet endroit va voir de nouvelles lumières s'allumer doucement tandis que d'autres vont s'éteindre.  Et c'est ainsi, tous les jours. Des soupirs nouveaux se font sentir tandis que d'autres, qui nous rassuraient auparavant s’effacent humblement dans les bras du Thanatos. Mais tout cela n'a plus d'importance … plus rien n'en a. Figé dans ce temps et immobile dans cet espace... je voulais fuir encore une fois. Je voulais courir et partir d'ici. Loin de cette souffrance à venir... loin de l'homme qui va regarder sa femme mourir à petit feu. Loin de tout. Je n'ai jamais voulu me battre, parce que je savais que le combat n'en valait pas la peine...
   Je me relevai après une heure de léthargie. Je me dirigeai vers la sortie d'un pas fantomatique qui entraînait à son passage toute ma douleur, tous mes maux, tout mon fardeau. Je respirais la mort. Perdu dans cet abysse aux confins de l'univers, j'essayais d'en sortir. Sortir de ce dôme, de cette atmosphère qui m'emprisonne. Quitter cette Terre pour laisser mon âme sommeiller en paix. Les portes automatiques s'ouvrirent à mon passage, je venais de quitter les limbes entre la vie et la mort pour savourer la pluie battante à l’extérieur. Je sentais l'eau glacée se faufiler sur mon corps, quelques gouttes venant embrasser mon cou avant de se glisser sur mon thorax trempant mon t-shirt. Ces perles glacées continuèrent leur chemin descendant de mon imposant poitrail pour enfin venir s'évanouir sur mon ventre qu'elles léchèrent timidement. Les sœurs vinrent compléter le reste, envahissant chaque tissu qui était contre ma peau brûlante.  Elles touchèrent de leurs lèvres humides mon mollet remontant doucement jusqu'à ma cuisse implantant un froid glacial à mon corps. Je sentais leurs mains douces et sensuelles effleurer mon bas-ventre, avide de luxure, la pluie voulait m'avoir pour elle, elle voulait que j'abandonne mon corps à ses fantasmes et désirs. Tout comme la vie elle voulait abuser de mes lèvres, tout comme la vie elle taquinait mon torse, tout comme la vie elle me dénudait avec perversité pour admirer mon être sans voile ni armure. Tout comme la vie elle voulait me soutirait un gémissement de soumission, elle voulait que je me mette à genoux et que j'implore son viole. Elle voulait tant de choses. Mais contrairement à la vie elle ne l'a pas faites restreignant son désir qu'au doux frottement de la chair.
   Je relevais ma main pour repousser mes cheveux humides en arrière soupirant doucement laissant échapper un léger filet de vapeur. Je me posai un instant sur le mur pour savourer ce contact avec cette eau que j'adorais. Je glissais doucement  pour m'accroupir et sortir mon téléphone portable composant un numéro que j'utilisais fréquemment. « Claire ? Oui, c'est Jake... tu peux me passer Evanah s'il te plaît ? », la jeune adolescente répondit d'une manière inquiète : « Quelque chose ne va pas monsieur ? » , je respirai un bon coup avant de répondre essayant en vain de cacher ce cœur saignant : « Oui oui, je vais pas tarder à rentrer ne t'inquiète pas, mais tu peux me la passer s'il te plaît ? ». Elle ne posa pas plus de question appelant la jeune fille, un sourire s'arracha furtivement de mes lèvres : « Papa ?! Tu rentres quaaand ? ». Je baissais subitement le téléphone relevant la tête posant ma main libre sur ma bouche tandis que des larmes de douleurs vinrent rougir mes yeux. Elle allait perdre sa mère... ELLE ALLAIT PERDRE SA MERE ET JE SUIS IMPUISSANT ! , je soupirai une nouvelle fois reprenant le téléphone respirant à nouveau un bon coup : « Oui... ma chérie... », ma voix s'était effondrée, je n'arrivais plus à contenir, les flots qui me submergeaient et je ne pouvais rien faire. « Papa... tu pleures ? », je me mordis d'un coup ma lèvre avant de répondre toujours aussi bancale : « Non... ça va... écoute... je vais rentrer, prépare tous les DVD que tu veux , du pop corn et du chocolat... on va être tous les deux pour toute la nuit... ». La jeune fille semblait excitée par cette option : « Mais... demain j'ai école... ». Je souris faiblement, j'avais besoin d'elle, j'avais besoin qu'elle soit près de moi... j'avais besoin de sentir ma fille en sécurité dans mes bras. « Tant pis pour l'école... », je me relevais doucement ignorant la pluie qui gelait mes os avançant doucement vers le parking. « On pourra regarder Peter Pan ? Le Captain Hook est tellement drôle ! », je souris doucement avançant encore, mes pas semblaient irréels : « Oui, bien sûr... c'est ton personnage préféré? ». Mon corps était tremblant, si seulement je n'avais pas existé... si seulement ma mère ne m'avait jamais mis au monde... « Oui ! Il est un peu idiot, mais au fond il a un bon cœur... ». Elle su me retirer un ricanement sincère, Nikolaas. Il me faisait tellement penser à lui... plus jeune, Nikolaas était souvent le capitaine de notre petit navire en carton et moi j'étais Peter Pan... Je descendis du trottoir... et je ne fis qu'un pas...

   « PAPA ?! PAPAAA ! », je sentais mon corps endolorie au sol. Mon souffle coupé, un liquide noyait ma chemise et mon crâne. Les phares de la voiture, en fuite, s'éloignèrent. Mes os avaient été broyés par l'impact contre la voiture. Je ne ressentais plus ma main et je ne voyais que la douce lueur des lampadaires... c'est amusant... comme la vie peut être farceuse. Alors que le sang quittait mon corps, tout comme mon âme, je ne ressentais que la pluie tapoter sur mon cadavre. Mes yeux balançant doucement luttant pour rester éveiller. Mon portable était allumé, près de ma main... inerte. Regarde le ciel... et endors-toi... tout est fini... enfin fini... Au fond... Le combat ce n'est pas contre la vie que nous le menons. Nous luttons pour la maintenir près de nous... car en un instant... elle peu s'échapper de votre cœur et s'évanouir dans les bras de sa soeur...

      Beaucoup disent que vous voyez votre vie défiler quand vous êtes sur le point de vous éteindre... et bien c'est faux.
    Vous voyez tout ce que vous allez manquer.

      Mes yeux se fermèrent sous ces douces paroles féminines... tandis que lentement...
      Mon cœur s'arrêta de battre.

épilogue

    L'ambulancier lui faisait un massage cardiaque depuis dix minutes. Heureusement il a vite vu le blessé allongé sur la route en train de se vider de son sang. Mais il n'avait aucun espoir. Le cœur de l'avocat s'était arrêté de battre, son âme était à présent terrer dans le purgatoire attendant son jugement... Le sauveteur se releva en soupirant. Puis haussa d'un sourcil, il se reposa à terre vérifiant le pouls avant de sourire... son coeur... il battait faiblement... mais il tenait. Si votre imagination pouvait le permettre... vous auriez vu cet oiseau de feu, déployer ses ailes... avant de s'embraser... car oui...

   Ce coeur combattait tant bien que mal la mort...