« Mais il n'est pas... Oh vous savez quoi, je m'en tape, vous me gonfler les siamoises. » D'un geste rageur j'attrapais mon sac à main et ma veste avant de quitter la petite salle qui faisait office de salle des professeurs. Mon coeur battait à vive allure. Les deux pimbêches en manquent de ragots avaient vraiment de quoi faire depuis deux semaines, depuis ce jour que j'ose appeler "le premier jour du reste de ma vie" ou encore "Le premier jour de l'enfer sur terre". Depuis la petite "surprise" de Logan à mon travail, mes collègues, plus connus sous le doux nom de "tweedle dum et tweedle dee", se faisait un plaisir de me rappeler à quel point cet être horripilant pouvait être, « canon, à croquer avec un cul à damner un saint. Sans vouloir t'offenser, nous ne voyons vraiment pas ce qu'il fait avec toi. » Sans vouloir te vexer mon cul. Je n'étais pas vexée le moins du monde, mais les entendre rabâcher le même discours jours après jours, devenait réellement agaçant. Je sortais d'un pas rapide de la petite école, manquant au passage de bousculer Gus, l'homme d'entretiens. Un homme charmant, avec un grand sens de l'humour, le seul adulte avec qui je m'amusais un peu dans cette école. Il était un peu le papa que toutes les filles voudraient avoir, le petit bonhomme adorable et bien trop gentil pour être réel. J'enviais sa femme pour avoir un homme aussi gentil dans sa vie. J'embrassais la joue potelée du petit homme avant de passer les portes. La pluie commençait doucement à faire son chemin jusqu'au bas de mon dos lorsqu'un frisson me parcourra. Je n'avais pas vu la météo et du coup, pas du tout anticiper la pluie battante qui n'acharnait à mouiller chaque parcelles de vêtements que je tentais de garder au sec. Je n'étais pas le moins du monde gêner par la pluie, au contraire, elle avait cette faculté de me calmer, de m'apaiser. Par contre l'orage, c'était une autre chanson, je ne supportais pas le bruit du tonnerre. C'est pour cette raison que lorsque le premier coup retentit, je pris enfin la peine d'accélérer le pas, je ne voulais pas rester dans la rue, au cas où ça recommencerait. J'accélérais le pas, me pressant de rentrer jusque dans ma cage d'escalier, lorsqu'un coup plus violent ce fit entendre, avant que tout ne s'éteigne. Dans un sens je remerciais le ciel de n'avoir pas été plus rapide, me retrouver bloquer dans un ascenseur, très peu pour moi. Mais par contre, mon appartement m'était complétement inaccessible, je me retrouvais bloqué hors de chez moi. Il ne me restait que deux options, retourner à l'école et prier pour qu'elle soit toujours ouverte ou faire mon chemin jusqu'à un bar en attendant que ce petit incident ne soit résolu. Après une bataille acharnée avec moi-même, j'optais pour la seconde option. Quelques mètres plus loin se trouvait un petit pub irlandais sans grande prétention que j'affectionnais particulièrement. Je poussais la large porte, pour voir que le noir faisait rage ici aussi. Un long soupire blasé passa la barrière de mes lèvres avant que je ne m'assoie sur une banquette à l'écart. J'enlevais ma veste et mon petit gilet, qui étaient maintenant trempés, pour me retrouver en petit débardeur. Si avec ça je ne m'attrapais pas une bonne crève, c'est que la chance serait pour une fois de mon côté. Je n'étais pas du genre à paniquer pour une coupure de courant, mais le simple fait de ne pas pouvoir rentrer chez moi me stressait, la fatigue et l'envie de prendre une bonne douche chaude s'emparait de moi et je ne voulais pas rester là, dans cet état pitoyable. Malgré tout je commandais une bière et laissais le temps passer....