« Hey Finchy ! Si tu bouges pas ton cul de cette chaise, tu vas finir par arriver en retard en cours ! ». Et elle aussi, d’ailleurs, mais ça, sa petite sœur n’était pas obligée de le savoir. Pour seule réponse, Héloïse eu droit à un soupir agacé, accompagné d’un sourire amusé. Sa sœur détestait son surnom et elle le savait. Pourtant, tous les jours c’était la même routine et finalement, ça les amusait plus qu’autre chose. La chamaillerie … Il y a encore huit mois, une telle complicité était impossible entre les deux sœurs. Certes, Héloïse avait toujours adoré sa sœur, mais étant rarement à la maison, elle n’avait pas pu prendre soin d’elle comme elle le voulait. Désormais, les trois sœurs Milicevic vivaient ensemble, sans personne pour les déranger et ce n’était pas plus mal finalement. Leur vie était bien plus simple ainsi. Du moins Héloïse le pensait-elle puisqu’elle ne pouvait pas lire dans la tête de ses frangines pour savoir ce qu’elles en pensaient vraiment. La dites Finchy quittant finalement la cuisine en trainant des pieds, Héloïse en profita pour débarrasser la table du petit déjeuner en grognant. Adorable oui, mais qu’est-ce qu’elle était feignante. C’était si difficile de mettre un bol dans un évier ?

Une demi-heure plus tard, toute la famille était prête. Le fait qu’il n’y ait qu’une salle de bain pour trois filles n’était finalement pas plus problématique que ça, puisqu’elles avaient apprit à s’organiser en conséquence. Héloïse, vêtue de sa tenue de travaille devait avouer se sentir ridicule, dans sa robe rouge recouverte d’un tablier. Mais finalement, malgré la tenue vestimentaire, malgré son air de greluche, elle avouerait aisément se plaire dans son travail. Certes, ça n’avait rien de valorisant, mais servir du café c’était toujours mieux que vendre de la drogue ou espionner des mecs en sachant qu’à un moment ou à un autre ils finiraient par se faire descendre comme elle l’avait fait avant. Désormais, elle essayait de faire au mieux pour sa famille. Certes, elle n’était pas parfaite et par moment, il lui arrivait de replonger dans ses anciennes manies. Mais elle essayait de faire au mieux pour offrir aux filles un toit au dessus de leur tête. C’était bien ça l’essentiel non ? Enfin soit. Déposant finalement sa sœur à l’école, elle la regarda en haussant un sourcil. « A ce soir Finchy. Et ne fait pas de bêtises ! ».

La matinée fut relativement calme, chose plutôt rare par ici. Cependant, ce n’était pas plus mal, ça lui permettait de rester calme, avant la grosse heure de pointe. Car la jeune femme était phobique de la foule et il fallait qu’elle se prépare à l’avance dans sa tête, pour réussir à supporter le restaurant bondé. Ce qui n’était pas évident, dans la mesure où quand elle se mettait en colère, elle avait réellement tendance à péter les plombs et à tout casser sur son passage. Thérapie de gestion de l’agressivité hein ? Tu parles, ça ne lui avais strictement servis à que dalle. Le problème était dans sa tête et il n’était sans doute pas prêt de se résoudre. Enfin soit … S’ennuyant fermement derrière son comptoir, la jeune femme ne put s’empêcher de sourire en voyant entrer un client habitué des lieux. Un jeune homme avec lequel elle avait noué une certaine forme d’amitié, d’ailleurs. Une certaine forme oui, car elle était loin de vivre dans le monde des bisounours où tout le monde est beau et mignon et par conséquent, faire confiance à quelqu’un était un gros chalenge pour elle. Mais soit, pour l’heure, elle était quand même plus ou moins contente de le voir, ce qui était pour elle un exploit, tant elle ne supportait pas une présence humaine à ses côtés … Se dirigeant finalement vers le jeune homme une fois qu’il avait eu le temps de s’installer, elle le gratifia d’un sourire délicat. « Encore toi ? Je vais finir par croire que si tu viens ici, c’est uniquement pour me voir ♥ ». Un sourire ironique se dessina lentement sur ses lèvres. Le fait qu’elle le taquine était bien une preuve qu’elle l’appréciait. Car son truc à elle, c’était plus la froideur qu’autre chose. « Qu’est-ce que je te serre, aujourd’hui ? ».