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Ayden ♣ Je ne sais discerner illusion de réalité

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one more night


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MessageSujet: Ayden ♣ Je ne sais discerner illusion de réalité Ayden ♣ Je ne sais discerner illusion de réalité EmptyDim 10 Mar - 21:41





Darkness came and took you away.
Le soleil meurt et le ciel se pare d'étoiles, tel un voile qui se déchire. Mes prunelles s'attachent à ce plafond sombre où l'espoir renaît, et mes mains se joignent, doigts entremêlés, en une prière muette. Ces mots, que je n'ose souffler, c'est mon cœur battant qui te les hurle, en une déclaration désespérée. Et alors que la nuit me délaisse et que l'astre doré s'éveille, je scrute ces visages, qui dansent sous mes yeux, à la recherche d'un miracle. Mais tu n'es pas là. Tu ne l'es plus. Alors, je dégringole, esseulée, bousculée par cette souffrance, celle qui te garde vivace dans une mémoire défaillante. Mais ton sourire s'efface, le son de ta voix s'amenuise, la chaleur de tes prunelles s’affaiblit … Tu n'es plus …



« Tu es bien pâle ce matin. » Je n'eus le temps d'entrouvrir les lèvres qu'il levait déjà une main décidée. « Non, laisse moi deviner. Tu as encore travaillé toute la nuit ? » Je souris, malgré moi, à l'écoute de ce ton paternel avant de hausser faiblement les épaules. « Mais quand accepteras tu de vivre d'amour et d'eau fraîche ? » « Ma vie est très bien comme elle est. » lui affirmai-je en lâchant quelques pièces de monnaie sur le comptoir. « Une vie avec ce bellâtre que tu comptes épouser ? Tu fais une belle erreur ma petite. Tu mérites un homme qui saura prendre soin de toi autrement qu'en t'achetant des pierres que tu exècres. » Je n'aimais pas spécialement entendre ce genre de remarque à son propos, sans doute parce que j'avais bien trop de choses à me reprocher pour pouvoir réellement le juger. « Personne n'est parfait Emrys. » « Que dirais tu de m'épouser et d'oublier ton avocat ? » Un rire cristallin me prit de court, et je me mordis la lèvre avant de planter une bise sonore sur sa joue rugueuse. « A demain. » Ce n'était qu'un jeu à ses yeux, mais cette tension insidieuse, qui naissait à ses paroles joueuses, ne l'était guère. Ce mariage m'effrayait, et ces préparatifs, que j'effectuais avec le sourire et une bonne humeur mitigée, ne me procuraient autant de plaisir que lorsque je me consacrais à celui des autres. Ayden me hantait, lui et nos rêves de jeunesse, me poussant à faire l'opposé de ce mariage dont j'avais toujours rêvé et dans lequel je l'avais imaginé. Ainsi … cette cérémonie, qui était sensée être la mienne, ne me correspondait plus vraiment à présent. Alors, un fugitif mouvement attira mon regard et m'arracha à mon affliction. C'était un jouet d'enfant, lâché par un petit garçon excité, qui ne cessait de réclamer à sa mère les petites friandises achetées. « Excusez moi » les interpellai-je en le ramassant, « vous avez oublié quelque chose. » La jeune maman se retourna, sans lâcher le petit garçon de la main. C'est sur ce dernier que mon regard se posa, ce petit être aux cheveux châtains et aux yeux lapis-lazuli. Son visage se superposa au sien, et une profonde tristesse m'envahit, cet déchirement que je ne savais plus gérer autrement qu'en me noyant dans ce travail qui m'avait maintenu en vie. Les larmes me vinrent aux yeux, mais je les chassais d'un sourire, tout en tendant le jouet à l'enfant qui montraient ses dents si merveilleusement. « Dis merci Adam. » Mon cœur explosa dans ma poitrine, telle une pierre glacée, altéré par la similitude, par ces petites ressemblances entre cet enfant et lui. Je me forçais à garder ce masque de gentillesse sur mes traits, tandis que je les regardais partir. Mais ce n'était plus eux que j'entrevoyais, mais ce qui aurait dû être ma vie, celle qui me fut volée par le destin sept ans auparavant. « Guenièvre ? » Je sursautais, prise de court, puis me retournai vers Emrys qui me tendait mon sac. Je lui souris aimablement, en écrouant ma peine au creux de mon âme, avant de prendre congé d'un pas qui se désirait léger. Mais lorsque la solitude me retrouva, dans cette rue pourtant bondée, il me fallut toute ma détermination pour ne pas craquer. Telle une automate, je raffermis la prise de mes doigts sur le petit sachet blanc qui renfermait quelques viennoiseries au beurre, avant de m'élancer, les yeux dans le vague, vers cette route embouteillée. Je levais le bras, je hélais, de cette voix que ma gorge lâcha mais qui ne semblait m'appartenir, avant de monter dans le taxi qui, habilement, s'était arrêté sur le bas côté. « Où dois-je vous emmener ma petite dame ? » « Le cimetière. » Les mots m'avaient échappé, mais je ne sus ni les reprendre ni changer d'avis. Pourtant, les minutes qui s'étreignirent, dans ce petit habitacle étouffant, m'en donnèrent maintes fois l'occasion. Mais je restais muette, avec l'image de ce petit garçon qui dansait sous mes paupières. Lorsqu'enfin les hautes grilles du cimetière se dessinèrent à ma fenêtre, je plaquais un sourire de circonstance sur mon minois afin d'accompagner les quelques billets que je donnais au conducteur. Puis, j'offris mon visage aux affres de l'hiver, un pâle sourire aux lèvres, avant de m'élancer. Le vent fouettait mon long manteau sombre tandis que mes pas cessaient de se mouver, devant cette large pierre dont je connaissais chaque aspérité. Sa vue libéra cette digue qui me retenait, et les larmes désertèrent l'étreinte de mes prunelles noyées, alors que mes genoux, attirés par l'enfer, les entraînèrent à frapper le sol dans lequel il avait été enterré. «  Je suis désolée ... » sanglotai-je les mains devant mes yeux écroués, « je sais que je t'avais promis de ne pas revenir mais je n'en suis pas capable alors … puis il y a eu ce petit garçon et ... » J'inspirai bruyamment avant d'écraser mes paumes sur mes joues tout en souriant faiblement, mes pupilles humides tournées vers les lettres gravées dans la pierre. « Tu l'aurais vu … il avait les même yeux que les tiens … et il se prénommait Adam … je n'ai su m'empêcher de penser à notre enfant. »Mon pouce vint effleurer les cils qui paraient le bas de mes yeux. « Si j'avais été moins fragile, j'aurais pu … il serait avec moi maintenant. » Mais il ne me restait rien d'Ayden si ce n'est ces souvenirs tâchés de larmes. J'agitai ma main gantée devant mon visage, afin de le rafraîchir, puis, tout naturellement, elle glissa dans l'encolure de mon manteau pour en extraire la bague en argent sertie d'une émeraude. Elle était plus simple que celle qui ornait mon doigt, mais infiniment plus précieuse, bien que cette réalité soit tue aux personnes qui m'étaient proches et qui m'entouraient. Cette petite émeraude, miroir d'un regard éteint, qui rejoignit mes lèvres asséchées par le froid, en une habitude si familière et nécessaire. J'avais parfois songé à m'en séparer, à ranger ce pendentif dans un coffret à l'abri des regards, à l'abri du mien, mais le décrocher de mon cou ne m'avait jamais été possible. Mes doigts ne parvenaient à atteindre le fermoir, qui emprisonnait ma bague qui reposait chaque jour au creux de mes seins . Je n'étais pas sincère, ne l'avais jamais été, avec quiconque s'approchait et glissait entre les barrières de ma personnalité enflammée. Avec lui en particulier, alors que dans son lit, je m'étais glissée, sans me déposséder de mon secret et de cette chaîne qui l'illustrait. « Enfin .. ça va mieux maintenant … » Les lettres, qui composaient son prénom, dansèrent sous mes yeux quelques secondes, puis je me redressais, avant de glisser mes lèvres sur le A dur et froid. Mais alors que je me relevai, mon talon dérapa dans un trou, ce qui le cassa tout net. « C'est pas vrai ! » m'exclamai-je dépitée en regardant ma chaussure. « C'est pour me punir de ma faiblesse ? » râlai-je la voix enrouée avant de retirer ma chaussure en morceau. La seconde, qui à présent me déséquilibrait, connu le même sort. L'herbe et la terre se mêlèrent sous mes pieds recouvert d'un collant fin, un sol glacé qui rapidement me fit frissonner. Je frottais mes bras en un mouvement répétitif, avant de me tourner vers cette pierre que je haïssais. Et je t'interdis d'en rire ! » Inconsciemment, je jetai un regard à ma montre, avant de pâlir. Non sans un dernier regard affligé, je quittai le cimetière à la hâte avant de héler un autre taxi, dans le but de rejoindre mon bureau auquel j'avais rendez-vous avec une jeune fiancée.

« Guenièvre, ton rendez-vous t'attend dans ton bureau! En revanche … » « Merci Keira,  »lui lançai-je sans plus écouter la suite de ce qu'elle avait à me dire tant j'étais pressé. Mes pieds me faisaient souffrir, glacés et meurtris. Heureusement, j'avais déjà eu la chance de rencontrer cette jeune femme, à défaut de connaître son fiancé, et sa confiance en mes qualités professionnelles ne pouvaient plus être altérées par mon apparence actuelle. Je ne ralentis ma course folle que devant la porte de mon bureau, laquelle était fermée, afin de reprendre mon souffle et de remettre un minimum d'ordre dans ma tenue. Je glissai une main négligée sur mon manteau clair, avant d'attraper la poignée puis de la tourner. « Excusez moi de ce retard incongrue », commençai-je en pénétrant la pièce, « Mais ... »Je ne sais si mes mots moururent sur mes lèvres tremblantes, parce que mon cœur avait cessé de battre, ou bien parce que mon cerveau avait mis un terme à toute activité. Mes talons, jusqu'ici tenus à la main, dégringolèrent sur le sol ainsi que mon sac à main, en un son qui ne balaya pas l'illusion. Le souffle me manqua alors que, de mes prunelles agrandies par la surprise, je fixai bêtement l'homme qui me faisait face. Ses prunelles méditerranéennes me happèrent, noyade qui m'était si familière … Ce fut une vie, une éternité qui fut remise en cause, une seule et unique seconde durant laquelle je cessai de respirer. J'entrevoyais ces lèvres, si souvent embrassées, ce visage fantasmé et même cette mâchoire que je n'avais cessé de dessiner de mes doigts amoureux, durant ces longues heures que nous avions partagé. Je m'arrachai à cet amour qui me submergeait, alliée à une peine dévastatrice, puis me jetai hors de mon bureau, aussitôt suivie d'une porte qui claqua en raison d'un geste trop brusque. Ma main se porta à ma gorge, que l'oxygène envahissait de nouveau, et mon cœur se mit à battre la chamade, en des coups douloureux. « Ce n'était pas lui … » me chuchotai-je paniquée. « Je ne vois pas de fantôme … » Je ne pouvais être malade à ce point … Était-ce ma fatigue qui me poussait à l'imaginer, cet homme tant aimé, dans ce bureau dans lequel je vivais la majorité du temps ? Où bien mes conversations lui manquaient tant que son fantôme était venu me hanter ? Quoique … la vérité était plutôt que ces trois derniers jours, sans ces visites qui m'étaient vitales, m'avaient laissé dans un état proche du désespoir. Je le laissais consciemment me hanter Mes doigts vinrent rejoindre mes tempes, battues par un cœur fou, dans lesquelles ils s'enfoncèrent. Il .. si je l'avais reconnu, il m'avait semblé différent. Plus mûr, plus homme que dans mes souvenirs. « Tu es vraiment atteinte ma pauvre Guenièvre » me flagellai-je avec un petit rire nerveux. Plus atteinte encore que ma voix tremblotante ne le supposait. Car, au fond de moi, il y eut cet irrésistible désir d'ouvrir la porte et de le voir de nouveau afin de savourer cette illusion née de mon esprit, cette image fugace qui me permettrait de graver, une nouvelle fois, ses traits dans ma mémoire. Mais la souffrance qui en résulterait indubitablement me terrifiait. Puis … voir des esprits n'était-il pas un signe de folie ? Ou bien cet espoir fou de le revoir m'avait-il trop envahit ? De plus, cette chimère qui m'était apparut, fit jaillir des souvenirs, tel que celui de ce corps calciné, aux lambeaux noirâtre, qu'on m'avait forcé à regarder afin de pouvoir l'identifier. Je me mis à trembler, telle une feuille ballottée par un vent violent. « Il n'est pas réel … il n'est plus là. »Mais, malgré moi, ma main se tendit vers cette poignée. « Ce n'est que ton imagination liée à ta fatigue … il n'y a personne dans ce bureau » me chuchotai-je faiblement. Alors pourquoi souhaitais-je ardemment qu'il y soit toujours, malgré tout ce que ce désir pouvait impliquer ?

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MessageSujet: Re: Ayden ♣ Je ne sais discerner illusion de réalité Ayden ♣ Je ne sais discerner illusion de réalité EmptyMer 13 Mar - 14:58



A Dream Is A Wish Your Heart Makes
Le jeune prince s'incline devant l'assemblée. Brusquement, il s'arrête, lève son regard ébloui... Elle est là, la jolie fille de ses rêves vient de faire son apparition. Qui est-elle ? D'où vient-elle ? Il l'ignore, mais c'est le cadet de ses soucis, puisque son coeur qui bondit dans sa poitrine lui dit que c'est elle que le ciel lui destine pour compagne.



N
onobstant que je ne souffrais ni de timidité ou de gêne, j'étais l'une des personnes les moins à son aise lorsque je me retrouvais placé dans une foule et cela depuis longtemps. Tout simplement, la dynamique de ces groupes incontrôlés de personnes en attentes, comme des bombes prêtent à exploser au moindre choc, pouvaient paralyser mes nerfs jusqu'à étonnamment me rendre particulièrement réactif. Tendu, mes diverses expériences dans les facettes les plus sombres du monde m'avaient appris, en dépit de moi-même, à analyser en permanence les personnes que je croisais et leurs comportements. Au milieu de la longue queue qui s'était progressivement rassemblé le long de la caisse numéro cinq, j'étais contraint de rester immobile. Moi qui aurais bien voulu courir d'un endroit à un autre afin d'éviter même mon propre reflet je me sentais quelque peu opprimer. Au lieu de cela, je me voyais obligé de rester ferme, à entendre les mêmes sons répétés à l'infini, sentir le souffle d'autres individu, jusqu'à écouter ces mêmes personnes jaser inutilement sur leur existence morne et privé de sens. En face de moi, par exemple, je pouvais seulement discerner une lourde masse de cheveux noirs tandis, que dans mon dos, des enfants gesticulaient. Je fermais les yeux. Je décidais d'éviter de m'interroger sur les problèmes qui affligeaient les américains présents dans ces murs. Je me frottais les tempes pendant quelques secondes de mes longs doigts crème. Depuis quelque temps j'avais un avant-goût un peu trop fréquent de ce que les médecins appellent couramment céphalée ou migraine ophtalmique. Fadaise. Cela allait évidemment me passer, ce n'était qu'une question de temps. Et le temps, j'en avais autant que je le désirais... enfin, c'est ce je pensais naïvement. J'essayais de me distraire en rangeant mentalement par la taille, du plus grand au plus petit, les bouteilles d'eau, les sandwich et les paquets de cigarettes que je tenais fermement dans mes bras - levant de temps à autre les yeux pour faire quelques pas tandis que la file avançait. Je pensais à tout, sauf au fait que j'étais confiné dans un espace clos avec des milliers de personnes, qui lui me volaient, outrageusement qui plus, est mon oxygène. J'aurais presque pu devenir fou. De plus la patience n'était pas toujours mon point fort. Respirer doucement. Très lentement. Une douzaine de personnes et je pourrais finalement sortir, fumer une cigarette. Non, ne pas regarder le mur - Hey! Une coupure ! Pas très profonde, plus comme une égratignure assez longue et rouge, sur ma main droite. Je la regardait fixement durant quelques secondes, déniant à peine lever un sourcil: cela avait dû être la bouteille de vin qui était tombée par erreur la nuit dernière. Je me souvenais d'avoir soulevé le cadavre avec mauvaise grâce et de m'être endormi peu de temps suivant cet incident. Ah, voilà.
À l'extérieur, ma fiancée m'attendait, certainement impatiente d'obtenir les précieuses denrées que j'étais allé acheter. À bien y réfléchir, la situation que je vivais était plus ridicule et absurde que je pouvais l'imaginer. Et non, cela ne se limitait aux caprices de cette dernière, aussi omniprésents étaient-ils ou à la transfiguration onirique de cette femme aux cheveux de jais qui ne cessait d'être présente dans ses pensées. C'était l'ensemble de cette fausse vie, cette vie en plastique, préfabriqué, que je m'efforçais de m'inventer. Survivre est un droit pour tout le monde, apparemment, mais, je ne pouvais pas s'empêcher de regarder avec dégoût cette mise en scène, à me demander pourquoi j'étais venu subir tous ses affligeants problèmes, l'égale platitude que tant d'autres ressentaient en permanence, alors que j'étais destiné à graviter loin du sol, perdu au milieu des nuages. Ça n'avait pas de sens. La nuit, lorsque mes pensées divaguaient, les doutes me tiraillaient plus que d'ordinaire. Longtemps après le réveil, je continuais de sentir le picotement agréable qu'avaient engendré ses lèvres contre les miennes, même si ça n'avait été qu'un songe. Comment est-il humainement possible de penser autant à un mirage ?Me demandai-je, réellement intrigué. Existait-il seulement un remède ? « Peux-tu aller au rendez-vous chez l'organisatrice à ma place ? » Dit la femme à mes côtés alors que mon esprit vagabondait déjà. « Je devais une faveur à Judith, donc je suis de garde à sa place, ce n'était pas prévu. Pourtant, je suis certaine que tu t'en sortiras merveilleusement bien. » J'acquiesçais, modérément concernait alors qu'elle continuait de débiter un flot constant d'information qui me laissait de marbre. Ses préférences pour le fourrage du gâteau, les couleurs qui étaient à bannir de la cérémonie. Elle ne demandait jamais ma complète implication, préférant organiser selon ses goûts. Cela m'arrangeait.

Il existe d'innombrables sens. Les sens, organes de perceptions. Ils définissent notre faculté à éprouver des sensations, telles que le toucher, la vu, l'odorat, le goût ou encore l'ouïe. « Le bon sens » qui permet de juger correctement, de prendre de bonne décision et distinguer le vrai du faux. (Synonyme de raison chez Descartes.) Et le sens dit « commun », le savoir d'une communauté ou transmit par une culture, englobant principalement les normes, les valeurs et les symboliques. Néanmoins les seuls sens innés qui nous permettent d'avoir un rapport avec nous-même, ou avec le monde, le plus simplement possible, qui se trouve être universelle et que nous partageons également avec les animaux, sont les sens de perceptions. Ceux-ci sont présents dès la naissance et permettent au nourrisson d'entreprendre, avant même qu'il puisse se déplacer, l'exploration sensorielle du monde et de lui-même. Grace à ses sens, il est en relation avec la réalité. Notre environnement se donne à nous à travers nos sens sans que nous ayons à nous déplacer et aller au-devant de lui, il « se présente lui-même ». Avant même que l'on ait à faire au préalable des recherches ou à agir de manière maitrisée ou technique. À la différence des situations où nous devons prendre connaissance de lui scientifiquement : c'est ce qui nous permet de distinguer la sensibilité comme réceptive et passivité pure. En suivant ce raisonnement, les sens semblent-nous fournir des connaissances de la manière la plus naturelle, la plus ancienne, la plus constance ; pourtant, est-ce que toutes nos connaissances nous sont fournies par les sens ou bien certaines ne viennent-t-elles pas d'autres sources ? Et même ce qui nous vient exclusivement par les sens sont-t-ils traité par ceux-ci ou avons-nous besoins d'exploiter une autre fonction de l'esprit pour nous le rendre accessible ? La raison, la pensée, l'intelligence, le raisonnement. Devant mes yeux se déroulait une scène qui me paraissait imaginaire. Alors mes sens étaient peut-être en train de me tromper, comme le faisait chaque particule de mon corps depuis des années, depuis l'accident. J'essaye douloureusement de vivre sans cogiter inutilement sur une question qui ne m'apportait que plus de souffrance, qu'une mer de déception. Ma mémoire n'existait plus et tout s'arrêtait ici. Cependant, lorsqu'elle avait pénétré les lieux et cela avant même que je me retourne, j'avais senti cette présence qui ankyloser mes membres. Le temps avait perceptiblement ralentît son écoulement. Ou était-ce moi qui devenais fou ? Les deux solutions me paraissaient aussi plausibles l'une que l'autre. Dans un ballet de tissus, elle avait pénétré les lieux, envahissant mon espace vital telles une guerrière faite de nuit et douceurs. Elle était identique à mes visions oniriques, si troublantes que mon sang ne fit qu'un tour dans mes vaines. La pièce tournait sous mon regard d'acier et le peu de force qui me restait me quittait alors que je voyais dans ses prunelles le même désarroi que l'on pouvait lire dans les mienne. Une minute de mort silencieuse. Un feulement plaintif émanait de sa poitrine sans qu'elle en soit réellement conscience. « Je suis aussi réel que vous l'êtes » Fis-je alors qu'elle continuait de divaguer occultant ma présence. « C'est le cas n'est-ce pas ? Vous êtes bien là avec moi ou me suis-je encore égaré dans mon propre esprit ? » Cette idée ne m'avait étrangement pas effleuré. Il y avait pourtant de quoi douter de cette réalité, l'hypothèse contraire semblait extrêmement plus plausible. Avant tout, sa présence était en sois une preuve suffisante à sa non-existence. N'était-elle pas sensé être qu'une représentation brouillée de la frustration de mon esprit malade qui ne réussissait pas, et ce, depuis sept ans, à capter les signaux indiquant une vie passée ? Ne devait-elle pas exister uniquement dans la moiteur de mes songes ? Les battements de mon cœur emplissaient mon crâne en une terrible mélodie, bom bom bom, je ne percevais plus qu'eux et mes mains humides de sueurs confirmaient mon mal-être. J'essuyais l'une d'entre elles contre mon pantalon beige, un présent de ma fiancée, une couleur que j'exécrais. Tout était beige chez nous, des rideaux du salon à la tapisserie de la chambre à coucher. Cette teinte, c'était mise à représentait tout ce que je ne voulais plus, pas en ce moment tout du moins. Comment avoir le courage de s'engager alors que je n'avais aucune idée concrète de qui j'étais ? Comment pouvoir construire une vie au coté d'une femme tangible lorsqu'une autre, chimérique, n'avait de cesse de me tourmenter ? Alors oui, peut-être étais-je réellement endormi et le monde, la réalité que je parcourais à présent, n'était que le fruit de mon imagination. Une extériorisation de mes plus grandes craintes que j'essayais d'apaiser à travers la seule personne qui m'avait été familière durant les sept ans passés. Un fruit défendu, déplacé, mais qui durant les longues périodes de troubles avait su m'apporter la stabilité que je réclamais, malgré la souffrance qui découlait des interrogations qu'elle provoquait en moi, à son sujet. Consciencieusement, je pris une profonde inspiration, la plus longue possible. Ma main bougeait dans mes cheveux, les décoiffant. « C'en est assez, tout ceci devient excessif. Je ne peux pas vivre avec la même rengaine dès que la situation devient difficile. Je ne pourrais pas le supporter. » M'entendis-je marmonner les dents serrées. Mon instinct avait primé sur mon cerveau, n'avais-je pas eu le temps de peser mes mots qu'il avait dépassé la barrière de mes lèvres.

Mes songes se ressemblaient tous malgré leur individualité. Les formes féminines étaient semblables, le parfum floral, de Lys, un peu boisé, m'enivrait d'une manière étrangement identique, c'était devenue mon opium. Pourtant maintenant, il y avait une dimension inédite que je n'arrivais pas à m'expliquer. C'était palpable, les mouvements qu'elle exécutait devant moi, et ce, malgré leurs incohérences, étaient spontanées. Mue par une force qu'ils leur en étaient, imprévisible. Il n'y avait plus l'agréable sensation d'être perdu dans les méandres nuageux de ses visions oniriques. Pas d'anticipation, pas de préparation surfaite, de décors sommairement installés, aucunes autres émotions sauf l'ébahissement. Cette pesante légèreté, cette sensible amertume qui me laissait un goût métallique en bouche nonobstant la fresque esthétique qu'elle lui offrait à son insu. « Dois-je appeler quelqu'un ? » Demandais-je désarçonné face à sa panique, toujours indécis quant à l'authenticité de cet instant. Prudemment, je fis un pas vers elle la dominant par l'immensité de mon corps face au siens, mes épaules carrées semblaient taillées dans du marbre. Inébranlables, invincibles. Pourtant, aussi fort pouvais-je paraître, tout n'était que chaos en moi. Un mot de sa bouche et j'aurai pu me perdre. Trait délicat d'un visage qui m'était inconnu, mais qui semblait faire partie de moi malgré tout.
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MessageSujet: Re: Ayden ♣ Je ne sais discerner illusion de réalité Ayden ♣ Je ne sais discerner illusion de réalité EmptyMer 13 Mar - 17:12





Darkness came and took you away.
Le soleil meurt et le ciel se pare d'étoiles, tel un voile qui se déchire. Mes prunelles s'attachent à ce plafond sombre où l'espoir renaît, et mes mains se joignent, doigts entremêlés, en une prière muette. Ces mots, que je n'ose souffler, c'est mon cœur battant qui te les hurle, en une déclaration désespérée. Et alors que la nuit me délaisse et que l'astre doré s'éveille, je scrute ces visages, qui dansent sous mes yeux, à la recherche d'un miracle. Mais tu n'es pas là. Tu ne l'es plus. Alors, je dégringole, esseulée, bousculée par cette souffrance, celle qui te garde vivace dans une mémoire défaillante. Mais ton sourire s'efface, le son de ta voix s'amenuise, la chaleur de tes prunelles s’affaiblit … Tu n'es plus …



La porte s'ouvrit, sans que je ne le désire, avant même que mes doigts n'aient pu effleurer la poignée d'argent qui l'actionnait. Mon cœur chuta de nouveau dans mon estomac lorsque mes yeux rencontrèrent ce myosotis qui enrobait ses pupilles sombres. Les paroles de l'ange se déposèrent sur mon âme perturbée et j'entrouvris légèrement les lèvres afin de pouvoir inspirer, inconsciemment, le parfum naturel de sa peau. Étais-je réelle ? Je revis les scènes de ma journée, qui avait commencé comme toutes celles que je vivais depuis sept ans … Rêvais-je ? Mon inconscient m'entraînait-il sur les voies dangereuses d'une perception imaginée ? Je lisais la même incompréhension dans un regard qui ne devrait plus être, la même perdition. J'eus la sensation de flotter en dehors de moi même, de perdre la maîtrise d'un corps qui ne m'appartenait plus. Le cœur battant mes côtes de manière désordonnée, je tendis la main vers ce torse que je ne pouvais que traverser, fantôme d'un esprit malade et amoureux. Ma gorge, enflammée, brûlait de ces larmes que je ne m'autorisais à verser, seule dans ce couloir que j'arpentais avec mon passé, mais mes doigts se tendirent tout de même, en un espoir douloureux. Étais-je morte ? M'étais-je fait écraser près de ce cimetière où j'avais accourut, où je brûlais de le rejoindre depuis des années ? Vivais-je ces retrouvailles dans un paradis que je n'avais reconnu ? Ses mots, dont le sens ne m'atteignaient pas, coulaient dans mes veines tel une brûlure incandescente, un rayon de soleil après un long et rude hiver. Ma main se figea, à quelques millimètres, tandis que j'humectais mes lèvres asséchées par l'angoisse. « C'est impossible ... » me chuchotai-je d'une voix enrouée. Et ce même si cet oiseau au pelage sombre et amusant, dans ce conte merveilleux qu'était celui de Poucelina, rayait ce mot en affirmant que rien ne l'était. J'avais depuis longtemps appris à mes dépens que perdre et jamais étaient deux mots qui s’entremêlaient étroitement. Et j'hésitais. J'hésitais à balayer les derniers prémices d'un espoir qui n'en avait que le nom, qui ne pouvait et qui ne pourrait jamais être. J'allais m'effondrer, perdre ces quelques perles de courage qu'il me restait encore, après avoir subit le paradis pour mieux regagner l'enfer. Je ne sais où je trouvais le courage d'avancer la main, mais mes doigts ne traversèrent pas cette illusion qui illustrait le mot même de « rêve ». Sa chaleur vint à l'assaut de mon épiderme glacé alors que je frôlais ce pull qui le ceignait, tandis que la sensation d'un cœur autre le mien, qui battait fermement, vint se loger dans mon être. Alors … elles m'échappèrent. Voiles glacées qu'étaient la tristesse, la désolation, le désespoir, la mort … elles m'échappèrent pour mieux rouler sur mes joues blanches, défigurant ce visage qui se transformait, prunelles agrandies par ce miracle inespéré. Ma paume s'écrasa contre son torse, buvant ce son qu'était ce cœur qui battait à tout rompre et mes doigts vinrent se nicher dans les aspérités de son vêtement, serrant ce dernier afin de le retenir auprès de moi. « Tu … tu … as brûlé … tu es … tu es ... »Les mots m'échappaient, dans un désordre infini, mêlés de larmes et de sanglots étouffés. Et elle vint à ma rencontre, cette terrible angoisse qui, parfois, m'étreignait, prenant d'assaut mes poumons et mon cœur délabré. Le souffle me manqua et ma cage thoracique fut prise dans un étau, alors que je cherchais vainement à respirer de nouveau. Je raffermis la prise sur son vêtement, tandis que ma seconde main se déposait sur ma poitrine, corps courbé qui tentait vainement de se remettre du choc. Mais je ne le lâchai pas. Je m'accrochai désespérément à lui, comme une bouée qui pouvait m'empêcher de couler et de lâcher prise. Mes pleurs se mêlèrent à mon oppression, et une pointe de honte vrilla mon estomac à l'idée qu'il puisse me voir dans cet état. Mais ce n'était pas lui. Ce ne pouvait pas être Ayden. Je l'avais vu, je l'avais vu mort sur cette table, son beau visage carbonisé, ses prunelles éteintes, ses rêves envolés. Et pourtant, je sentais toujours ce cœur battre, ce cœur qui n'aurait dû tambouriner même dans ce paradis si longtemps espéré. Et cette voix … cette voix était bien la sienne, avec ces intonations graves qui se mêlaient à ce sang qui pulsait dans mes muscles, ces notes de musiques que je ne retrouvais plus que dans mes rêves, où mon inconscience m'offrait quelques instants de paix idylliques. Sa question me ramena quelques instants sur terre … Il ne me connaissait pas. Ce n'était pas mon Ayden, l'homme auquel mon cœur s'était donné, avec un arrière goût de sang et de désespoir. Je m'arrachai à lui, titubant légèrement sur mes jambes, plaquant mes deux mains sur ma poitrine, en inspirant profondément. Les secondes s'étreignirent, longues et insoutenables avant que je ne puisse articuler un son audible. « Non … » chuchotai-je au bord du gouffre, « je vais bien. » C'était un mensonge, aussi odieux que dégoulinant de fausseté. Mon était était proche de l'hystérie, celui même dans lequel j'avais été plongé lorsque j'avais appris sa mort. J'étais à nouveau cette adolescente aux rêves et au cœur brisé, dont la vie disparaissait dans les bras d'Hadès, j'étais de nouveau cette petite fille écroulée, sans plus d'autre sentiment que cette peine qui me déchirait, encore et encore … et encore. « Atten … dez moi … dans le bu … reau. J'ar … rive. » Je voulais qu'il s'en aille, qu'il me laisse me reprendre, retrouver mes esprits, réfléchir. Mes mains vinrent se loger de chaque côté de ma tête, prisonnière de tourments dont je ne pouvais la défaire. Mes doigts vinrent se mêler à mes cheveux, tandis que mon béret rejoignaient le sol, libérant une cascade de mèches brunes, en une descente aux enfers similaire à la mienne. Je m'accroupis sur le sol, jouant de ma gorge, de mes poumons, de cet oxygène qui se déposait sur ma langue. Je songeais à lui, son vrai lui, celui qui m'attendait dans un quelque part où je ne pouvais me rendre. Et dans ce désordre de pensée, je fouillais, cherchant nos plus beaux souvenirs, ceux parés de ses sourires et de la magnificence de son regard aux volutes marines. Ce fut dans ses mots que je trouvais ce courage qui me manquait encore, celui de me relever malgré cette souffrance qui s'abattait sur mes épaules fragiles. Mes muscles se mobilisèrent pour m'aider, et mes jambes se mouvèrent, m'amenant près de mon sac déchu sur le sol. Je me laissais tomber à genou, fouillant dans mes affaires pour retrouver le paquet de cigarette qui y traînait. Je n'en fumais que rarement, seulement lorsque j'avais besoin de reprendre contenance et c'est avec des gestes fébriles et maladroits que je parvins à l'allumer et à aspirer une gorgée de fumée âcre. Une toux violente me saisit, mais je me sentis moins proche de moi même et de mes émotions. Je me redressais, fermant la porte de mon bureau derrière nous avant d'oser de nouveau poser les yeux sur lui. J'inspirai aussitôt une nouvelle bouffée, me détournant de lui pour ouvrir les fenêtres en grand. Le vide m'attira aussitôt, dans un abîme dans lequel je rêvais de me perdre et mes ongles s'enfoncèrent dans ma peau. « Je suis désolée » soufflai-je à son intention sans le regarder, « mais vous … vous ressemblez trait pour trait … » Ma voix se brisa et la cigarette glissa, quittant mes doigts pour se perdre dans la rue qui serpentait au loin. Comment … comment deux personnes pouvaient se ressembler autant ? A moins … « Vous savez … il était orphelin .. » Je serrais les poings puis eus le courage de me retourner vers lui, le courage d'affronter une nouvelle fois son regard. Les larmes m'attaquèrent de nouveau, vicieuses, mais je les essuyais d'un geste de la main furtif. Si je n'avais pas vu son corps, si sept ans ne s'étaient écoulés, jamais je n'aurais eu la lucidité de penser que cet homme n'était pas Ayden. Il était plus âgé, mais c'était lui, trait pour trait, jusqu'à ces expressions que j'avais appris à détester et aimer. «  Vous … vous ne savez pas si vous avez eu un frère jumeau ? La ressemblance est troublante … impossible … s'il n'était … n'était ... » Mes doigts trouvèrent tout naturellement la chaîne qui pendait à mon cou, et j'inspirai profondément avant de reprendre. « S'il n'était pas partit … j'aurais cru … oui j'aurais cru … mais c'est impossible ... n'est-ce pas ? » Un rire nerveux me prit la gorge, alors que je jouais avec cette bague enchaînée à mon cour et mon avenir. Il s'en moquait. Ayden n'avait jamais connu sa famille, n'avait jamais su d'où il venait … Comment cet homme … il s'en foutait. Cette histoire, mon histoire ne pouvait l'intéresser. Et ce visage … il devait simplement se demander sur quelle folle il avait bien pu tomber. Mais je ne pouvais décemment pas faire comme si rien n'était, alors que je ne parvenais à le regarder sans le dévorer d'un regard désespéré et écroué à des sentiments qui devaient se lire sur mon visage éteint et pâle. « Pardonnez moi … »
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MessageSujet: Re: Ayden ♣ Je ne sais discerner illusion de réalité Ayden ♣ Je ne sais discerner illusion de réalité EmptyLun 18 Mar - 18:19



Your dreams come true
You think the only people who are people, are the people who look and think like you. But if you walk the footsteps of a stranger, you'll learn things you never knew you never knew.



L
a bile me montais à la gorge. Je sentais le goût amer et acide de mes sucs gastriques sur mon palet délicat tandis que sous mes pieds le sol se fissurait, il tombait en ruine, se désintégrait littéralement, dalle par dalle, me laissant chevrotant sur une surface instable, les jambes en cotons. Ma vies était encore plus abîmé, et dieu sait que cela était une tâche ardu, que lorsque j'avais pénétré la pièce quelques minutes plus tôt. Je risquais très prochainement de sombrer dans les abysses. Le moindre geste brusque et mon monde basculait vers le vide. Nos vies sont semblables à des chemins. Longs et tortueux chemins pour la plupart. Plus j'avance dans le semblant d'existence que j'avais réussi à me construire et plus elle semblait fait de non dit et d'illusion. Ma route était cabossée, polluée, encombrée, difficile. Pourtant, dans un carrefour, je venais d'en croiser une autre dans un état aussi triste que la mienne. Terrible métaphore, pensais-je. « Je... ahm, vous... » Fis-je alors que mes mots se perdaient dans le fond de ma gorge, engloutit par mon angoisse. « Vous n'avez rien à vous faire pardonner, n'ayez pas d'inquiétude.... » Je la regardais à travers la cascade naturelle de ses cheveux, quoi que cour, très cour même, ses traits d'une indéniable féminité ne laissait aucun doute quant à son appartenance sexuel, au contraire, cette coupe lui procurait un certain caractère tout en permettant à la perfection de ses lignements structurales de s'exprimer par eux-mêmes, sans fioriture. Mes mains agrippèrent fermement un meuble, à ma droite, le plus proche, un bibliothèque à premier au premier coup d'oeil. La matière était froide contre ma peau. C'est une morsure de glace. Je ne pouvais pourtant pas lâcher ma prise, effrayé à l'idée de tomber si je le faisais, de m'écrouler à terre sous la force des émotions qui me traversaient, telles des tornades. Ma vision n'était maintenant claire, fort heureusement, malgré cela elle fut remplacée par le tremblement nerveux de mes membres. J'asseyais de maîtriser la nouvelle manifestation physique de mon trouble mais l'opération fut d'une inutilité affligeante. Les battements de mon coeur fatigué cessaient leurs périlleuses chevauché pour adopter un rythme plus mesuré, toujours plus lent, atrocement perceptible, alors que mon sang se glaçait dans mes veines. Ne puis-je donc pas être épargné du moindre désagrément ? Dois-je tout traverser ? La vie semblait avoir un humour bien cynique. Au moment où je pense pourvoir finalement avancé dans le chaos de mon existence délaissant mes peines et mes craintes, il faut qu'une nouvelle vague me submerge, me renverse et remette tout en perspective. Une sociopathe qui n'avait aucun affect, peu lui importait ce que je ressentais dès l'instant où elle se satisfaisait du spectacle que ma souffrance lui offrait. « Je n'ai pas de frère. » Soufflais-je les yeux dans le vague, fixé sur un point invisible entre la fenêtre et le mur. J'aurai préféré ne jamais être là, même le soir de mon accident me semblait une perceptive plus réjouissant que ce qu'il était en train de se dérouler devant moi, sous mon regard aquatique. Le plis de mes lèvres étaient plus pincées que jamais. Je ne savais pas si je pouvais survivre face à une énième déception. Souvent la douleur physique est bien plus supportable que celle morale, émotionnelle. L'une peut être d'une violence rarement égalé, mortelle, et à la capacité littérale d'écarteler et éclater vos membres, vos os, en des milliers d'infimes morceaux. Cela vous brûle la chair. Pourtant, la seconde, bien que faussement inoffensive fait pleurer votre âme. Le sang, d'un pourpre si saisissent qu'il en paraît presque noir, s'écoule de plaies béates laissant échappé des flots de nuits. Invisible pourtant, définitivement intouchable, imaginaire, il vous est impossible de prendre soin d'elles, le liquide poisseux qui continue de s'écouler salis votre corps, vos colle à la peau. Couleur indélébile de la peine. La gangrène vous guette. La douleur sensible est plus dangereuse, car inconsciente donc incontrôlable. Ainsi, nonobstant ma prédisposition clinique à être plus fragile face aux émotions humaines, le moindre choix pouvait me faire basculer dans la démence. L'espoir n'était pas un luxe que je pouvais me permettre. « Tout du moins, je ne m'en souviens pas. Il peut parfaitement s’avérer que finalement j'en possède un. » Ajoutais-je en me frottant le cou de mon indexe. « Je, hum, je vais certainement vous paraître un peu rude mais, visiblement vous semblez d'une étrange manière me connaître. Il est assez évident que mon apparence vous trouble. » Pas autant que la vôtre à mes yeux ceci-dit, puis-je quasiment m'entendre dire tellement les mots me brûlaient les lèvres. Devant moi les traits si souvent rêvé était toujours peint avec le même désarrois qui planait dans la pièce depuis le début de l'entretien. « Si cela peut vous aider, nous aider tous les deux par ailleurs, je serais plus qu'enchanté d'écouter le récit de cette histoire que vous venez de me conter par nébuleuses brides. Certains de mes souvenirs pourrons se raviver durant le processus, des réminiscences des contacts que j'ai pu avoir. Si seulement nous en avons eu... » Mon souffle est chaud, presque incandescent, il enflamme l'air. Deux secondes plus tôt je semblais perdu, je ne suis pas plus avancé maintenant, mais ordonné mes pensées me permet de reprendre le contrôle de moi-même. Ne serait-ce qu'un bref instant, c'est suffisant pour me rassurer. Mes pas me guident vers cette vision qui me paraît toujours onirique tellement la situation est improbable. Elle est là pourtant, je le sais, je peux sentir son parfum de ma position. Je devenais fou mais, sa présence prouve l'état optimal, et cela malgré les circonstances, de mon esprit. Ce n'était pas uniquement un chimère qui m'apparaissait en songe, le pur fruit de ma frustration, mais une femme faite de sang et de chair tout comme moi. Elle était ainsi la seule chose qui a ce jour me reliait à mon passé, proche comme lointain apparemment, et peu m'importait de quelle manière. Une vie de silence, voilà dans quoi j'étais plongé depuis ce jour maudis. Le fracas de l'existence venait de me frapper de plein fouet faisant un tel vacarme que cette fois-ci, ma perte d'équilibre me paraissait presque bénéfique. « Pardonnez-moi, mes allégations doivent vous sembler bien obscures. » Dis-je à quelque centimètre d'elle maintenant, une cinquantaine, un mètre tout au plus. Trop près. « Mon passé l'est tout autant à mes yeux. Pour vous épargner les détails les plus sordides, j'ai subi un violant accident de voiture il y a maintenant quelques années. A mon réveil j'avais perdu ma mémoire. Je ne l'ai toujours pas retrouvé à ce jour. Nous aurions de ce fait parfaitement pu nous fréquenter à une époque, je suis tout aussi incapable de le nier comme de l'affirmer. » Une foule d'émotions me traversaient tandis que je me rendais compte que je n'avais éludé cet aspect de moi-même depuis mon retour, deux ans. Je m'étais mise à vivre comme si cela n'avait jamais eu lieux, ce n'était qu'un sombre souvenir perdu dans les méandres de mon esprit. Vide, j'avais voyagé pour pouvoir combler cette cavité creuse dans mon coeur sans jamais y parvenir. J'avais également expressément éludée la partie où elle me rejoignait chaque nuit, dans mes rêves. La délicatesse de son visage qui me semblait que trop familière. Du détail morbidement précis que j'avais de son corps et que je retrouvais maintenant en celle réelle. Qui correspondait que trop bien. Était-elle un membre de ma famille ? J'écartais immédiatement cette hypothèse de mon esprit, je m'étais retrouvé dans des situations si compromettant et tellement peu orthodoxe avec son double imaginaire que cela me semblait plus qu'improbable. Cela aurait été assez malsain et malgré le peu de contrôle que je possédais sur ma mémoire j'osais encore espéré que même inconsciemment j'étais capable de faire la différence. Des échos lointains me parvenais des bureaux voisins. Je ne pensais pas aux raisons qui m'avaient poussé à venir ici. Faire ses rêves à répétition, nuit après nuit, était un fait qui me gênait en soit alors me retrouver face à elle semblait apporté une tangibilité qui s'approchait du moralement incorrect. J'étais fiancé, je n'arrivais pas à le croire. J 'étais fiancé à une femme admirable en de nombreux points de vue et je devais me considérer bien chanceux de l'avoir trouvé pourtant une autre qui m'étais inconnue me torturais déjà. Si je reflétais plus longuement sur cette idée, je ne pourrais plus avancer. Il faut sacrifier des morceaux de soi pour obtenir des réponses. C'était un sacrifice que j'étais prêt à faire. « Orphelin m'avez-vous dit ? » Ajoutais-je. « Il a pourtant du grandir au sein d'un foyer. Sauriez vous, par le plus grand des hasards, lequel ? Peut-être certains membres pourrons répondre à mes interrogations ? » L'émeraude de ses yeux m'happaient dans leur immensité. Le bleu et le vert. Deux couleurs qui se mêlent depuis que le monde est monde dans les profondeurs des océans. Elles dansent lascivement ensemble et je peux presque croire que nos prunelles font de même.


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MessageSujet: Re: Ayden ♣ Je ne sais discerner illusion de réalité Ayden ♣ Je ne sais discerner illusion de réalité EmptyMer 20 Mar - 14:22





Darkness came and took you away.
Le soleil meurt et le ciel se pare d'étoiles, tel un voile qui se déchire. Mes prunelles s'attachent à ce plafond sombre où l'espoir renaît, et mes mains se joignent, doigts entremêlés, en une prière muette. Ces mots, que je n'ose souffler, c'est mon cœur battant qui te les hurle, en une déclaration désespérée. Et alors que la nuit me délaisse et que l'astre doré s'éveille, je scrute ces visages, qui dansent sous mes yeux, à la recherche d'un miracle. Mais tu n'es pas là. Tu ne l'es plus. Alors, je dégringole, esseulée, bousculée par cette souffrance, celle qui te garde vivace dans une mémoire défaillante. Mais ton sourire s'efface, le son de ta voix s'amenuise, la chaleur de tes prunelles s’affaiblit … Tu n'es plus …



Il palpitait, nourrit d'un sang qui se battait, oscillant entre l'incandescent et le glacial. L'amour m'inondait, papillons libérés dans mon estomac lourd mais léger, et mes prunelles luisaient d'un espoir que je dissimulais. Quand à ces larmes qui désiraient se libérer de l'étreinte de mes iris illuminées, je les retenais à grand peine, en évitant le regard de l'être désiré, d'un mirage que je me persuadais être inexistant. La vie était cruelle, la vie était pernicieuse. Je ne m'étais jamais relevée de sa mort, sombrant dans un désespoir que j'avais fuit dans mon travail, par mes sourires hypocrites, par cette lune mirée et adorée. La nuit .. l'obscurité … je les aimais, fuyant une lumière qu'il avait représenté. Mais … lui avait réussit à me faire relever la tête, à me faire aimer de nouveau et même à me faire envisager un autre avenir, même si celui ci ne serait aussi radieux que dans mes rêves de jeunesse. Et maintenant … d'une certaine manière et qui que soit cet homme, Ayden revenait me hanter, m'écrouant de nouveau dans un chagrin que j'avais cru en partie surmonté, en me démontrant combien mon existence était fragile sans lui à mes côtés. Il m'assura que je n'avais rien à me faire pardonner mais je n'étais pas d'accord. Mon comportement … pourquoi n'avais-je jamais réussit à m'en sortir ? Pourquoi m'avait-il fait aimé à ce point et comment ? Je caressais du pouce ma pommette chaude, sans pouvoir quitter des yeux les siennes, ainsi que ce regard chavirant. « Si … ce n'est pas très professionnel de ma part, d'autant plus que vous venez pour organiser un … quelque chose qui se doit d'être magique. » soufflai-je perdue dans mes pensées. La magie … elle s'était évanouie de mon monde depuis si longtemps que seul ces mariages me permettaient encore d'y croire … un peu. Je haussai faiblement les épaules, en glissant une main perdue dans mes mèches de geais qui retombaient négligemment sur mon front tandis que la seconde ne pouvait lâcher la bague, promesse d'un futur disparue. Et je ne compris mais … sa réponse me glaça au delà de tout ce qui s'était déroulé, figeant ces globules dans mes veines atrophiées. Je perdis mon souffle quelque seconde, me détournant, les pensées agitées. Pourtant … je l'avais attendue, comprise avant même qu'il ne la prononce. Il n'aurait pu le connaître, puisque ce dernier avait été arraché à sa famille … il n'aurait pu. Une veine sourde battaient ma gorge nacrée, réclamant cet oxygène que je m'interdisais inconsciemment. J'entrouvris mes lèvres asséchées et inspirais. Mais mes tracas, mes tourments sans réponses s'évanouirent, et je me retournais aussitôt, sondant ce visage qui paraît mes rêves depuis si longtemps avec une surprise dessinée, surprise qui se mua en une étrange gêne mêlée de tristesse. « Comme je vous l'ai dit … vous ressemblez énormément à .. quelqu'un qui a compté pour moi. » Un rire nerveux écroua ma gorge alors que je glissai une main désespérée sur mon visage. « Non en vérité, vous êtes son parfait sosie … vous … » Je plissai légèrement les yeux, puis souris légèrement. « Un miroir … une incarnation de tous ces désirs que je nourris depuis des années … j'ai même eu du mal à vous croire réel tellement … » Je soupirai faiblement, en sentant cette douleur si familière, si détestée, m'envahir de nouveau. « Enfin, ça n'a pas d'importance ... » Menteuse … Mes lèvres se rejoignirent en une fine ligne blanche tandis que je fuyais ses pupilles enrobées de lapis-lazuli. Mais je ne pus m'y soustraire longtemps, d'autant plus que ses paroles, bien qu'elles aient délicieusement et douloureusement envahies mon être, m'étaient incompréhensibles. Ayden l'intéressait-il plus que je n'aurais pu le croire ? Soupçonnait-il l'existence d'une famille qui lui avait été interdite ? Mais pourquoi faisait-il mention à ma propre existence ? « Je … je n'ai jamais accepté qu'il parte … je n'ai jamais accepté ... » J'inspirai profondément avant d'énoncer à demi-mot. « Qu'il s'en aille … là haut » fis-je en accompagnant mes termes d'un léger signe de la main, incapable d'avouer ce que je n'avais jamais pu dire. La mort … Sa réalité ne pouvait franchir mes lèvres, je me le refusais. « Vous savez … certaines personnes sont persuadées … persuadées qu'une âme sœur vous attend quelque part. C'est un don rare que de la trouver … et une déchirure que de la perdre. Et même si je ne crois plus en grand-chose à présent, je sais qu'Ayden l'était. » Mes jambes tremblaient, et je dus m'adosser au mur, le visage tourné vers ce sol dans lequel j'aurais aimé me réfugier. Cela faisait mal … terriblement mal que de me retrouver en face de lui … en face d'un inconnu .. en face de ce visage qui n'était pas le sien. Mes doigts rejoignirent mes tempes, en un geste de protection, et je me forçais à respirer, respirer lentement et posément avant de relever légèrement la tête. Je me figeais aussitôt, tendue à l'idée qu'il soit si proche, si proche sans que je ne l'ai vu venir … Mes dents percèrent mes lèvres, gouttes de sang qui perlèrent et envahirent ma bouche en un goût âcre, alors que je reculai instinctivement le buste, surprise et apeurée. J'avais peur, peur de moi-même et des gestes que ce rapprochement pouvait me pousser à faire. Je percevais sa chaleur, tandis que mes yeux survolaient ses bras dans lesquels je rêvais de me réfugier depuis si longtemps. « Quoi ? » Amnésique ? « Vous avez … vous avez … » Mon cœur tressautait dans ma poitrine, alors que je me redressai, les prunelles agrandies d'un espoir fou que mon esprit ne parvenait encore à entrevoir. « Accident … vous avez eu un accident … de voiture ? » Mon souffle s'emballait, je haletais de nouveau, attirée par l'enfer et le paradis. Je titubais légèrement, ne me retenant que de justesse à la poignée de cette fenêtre ouverte. Mes doigts s'y agrippèrent, alors que je ne pouvais quitter des yeux son visage. Une telle nuée de coïncidences était-elle possible ? Ce visage … ces yeux … un accident ? « Je ... » Les larmes remontèrent aussitôt, perçant la fine barrière imposée par mon mental, glissant de nouveau sur mes joues blanches. « Mon dieu … » soufflai-je tremblante. Ce ne pouvait être un hasard et pourtant … Avec horreur, je me replongeai dans mes souvenirs, dans cette salle où je m'étais effondré, peu de temps après avoir perdu mon enfant, tandis qu'un drap dévoilait le visage carbonisé de la victime. Je n'avais pu … je n'avais pu le regarder plus que nécessaire, aussitôt plongée dans un état où ma conscience m'avait délaissée, abandonnée dans l'ombre. Fragile fleur qui avait ployé devant ce cauchemar sans nom … je ne l'avais pas analysé … je n'avais désiré le reconnaître, seulement persuadé par ces papiers qu'on avait retrouvé sur lui, ses clefs, ses cartes … Et si … s'il n'avait été seul ? Si … Une question … une autre interrogation à laquelle j'étais incapable de répondre, les yeux à présent ancrés dans les siens. « Mais … cet accident … je veux dire … » Mais pouvais-je m'imposer un nouvel espoir, m'imposer une nouvelle chute s'il n'était … ? « Tu .. vous m'avez demandé de vous ...Ayden a eu un accident .. de voiture il y a sept ans. » Sept ans de mort en sursis, sept ans de larmes écarlates, sept ans d'insomnie. Mon cœur semblait s'arrêter, ainsi que mon souffle, tandis que j'attendais, tremblante, sa réaction. Car s'il était amnésique depuis sept ans … suite à un accident de voiture … Était-ce vraiment lui ? Avais-je le droit d'espérer ? Avais-je le droit … Je mordis ma lèvre, l'éclatant de nouveau, dans une manière inconsciente de gérer la tension qui écrouait mes membres. Je savais que je venais de passer une ligne, que je ne pourrais me remettre d'une nouvelle inconvenue. J'étais au bord du gouffre, prête à plonger, quelque soit sa réponse. Ma fragilité était à fleur de peau, et je sentais mon conscient défaillir, prêt à m'abandonner de nouveau. Mais dans ce paysage si trouble, son visage m'était limpide. Je m'accrochais à son regard, à son expression, à sa présence. Je craignais … je craignais de ne pas tenir, de ne pas supporter le choc que je subirais. « Sept ans ... » chuchotai-je la voix enrouée. Cette petite fille revenait, l'adulte reculait de nouveau, mon professionnalisme s'envolait dans un lointain dans lequel je ne pouvais le suivre. Les émotions, qui m'étreignaient, étaient violentes, me décontenançant, alors que je n'arrivais à les contrôler, totalement submergée. « Tu n'es … tu n'es pas ... mort n'est-ce pas ? » Ce mot, fatal … avait enfin traversé la barrière de mes lèvres, battue par une vie qui s'enflammait.
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MessageSujet: Re: Ayden ♣ Je ne sais discerner illusion de réalité Ayden ♣ Je ne sais discerner illusion de réalité EmptyJeu 21 Mar - 18:21



i walked with you once upon a dream
Les fleurs parfument le vent sous les nuages d'argent. Les oiseaux virent et chavirent car ils ont le coeur en plein délire. Bonjour le printemps. Comme un magicien, tu peins les matins couleurs de bonheur. Bonjour le printemps. Toi qui nous rend, Joyeux, heureux, radieux, glorieux. Parbleu, morbleu, fou amoureux. Ah, bonjour le printemps !



L
a patience était une vieille amie que j'avais apprivoisée au fil du temps et de mes expériences. Pendant de longs et douloureux mois, autant physiquement que moralement, je m'étais battu contre moi-même perdant cependant inexorablement toutes les batailles. Patience est mère de sûreté... n'est-ce pourtant pas également un couteau à double tranchant qui à la moindre seconde d'inattention se permettait de vous couper la chair à vif ? La persévérance s'étiolait avec le temps qui s'égrainait autour d'elle et finalement, elle se fondait si profondément en la personne qu'elle ne devenait pas une partie conscience de cette dernière, au contraire, elle disparaissait dans les limbes de son esprit. Je m'étais résigné à ne jamais découvrir qui j'avais été dans ce passé qui me semblait irréel tellement il m'était inconnu, opaque. J'en avais beaucoup souffert, l'injustice de cette ignorance m'avait heurté au plus profond de mon âme. Cependant, ce-dit inconnu était tout aussi effrayant. Je n'avais aucunes idées des choses que mon esprit renfermait et lorsque la frustration, la colère principalement due à mon incapacité à pouvoir accéder librement à mes souvenirs, passèrent la réflexion qui découla de mon isolement me permis de reconsidérer les évènements dans leurs intégralités. Vouloir plus que ce que nous recevons peut parfois s'avérer être, si ce n'est pas dangereux, particulièrement décevant. « La magie n'a jamais fait partie de moi, je pense être trop terre-à-terre pour m'attacher à de telle enjolivure. Je crois fermement que si deux personnes s'aiment vraiment, ils n'ont aucunement besoin de se mettent en scène de cette manière, se qui les lient leur suffit amplement pour rendre chaque moment unique. Le reste n'est là que pour les rassurer... » C'était néanmoins ce dont j'avais actuellement le plus besoin. Que l'on me soutienne, que l'on me dise que je ne faisais pas d'erreur. Sentiment qui en soit m’apparaît comme des plus stupides. N'étais-je pas censé être un homme adulte capable de faire et prendre mes propres décisions en toute connaissance de cause ? Ne devais-je pas, par-dessus tout, être amoureux de ma fiancée ? Tout du moins, il m'était nécessaire de savoir dans quoi je m'engageais: partager une vie entière aux côtés d'une femme que j'aurai choisi, que le destin avait mis sur mon chemin lorsque je me sentais le plus perdu. Tellement de coïncidence fortuite, cela m'avait semblé clair, elle était celle qui m'était destinée. Madddison, Maddie, Maddox. Tout allait cependant tellement vite que je perdais pied et je plongeais dans le vide sans parachute, j'essayais de ne pas penser à l'impact, à la douleur qui me traversera lorsque mon corps touchera le sol. Mes nerfs était vif. Je voyais le sol s'approcher et je me débattais dans le vide pour essayer de rester dans les airs le plus longtemps possible. Mes tentatives semblaient tellement vaines. Les responsabilités, je les exécrées. J'avais naïvement pensé qu'aller à ce rendez-vous allait m'aider à prendre pleinement conscience de la réalité qui se déroulait maintenant. De ce qu'était devenue ma vie, mais rien ne m'avais préparée à ce que j'allais découvrir. Mon organe cardiaque palpitait dans ma poitrine, à nouveau, mon souffle se perdait. Me rappeler comment respirer, doucement consciencieusement. Mouvement répétitif. Inspire, expire, inspire, expire. Je venais de me rendre compte que tandis qu'elle me révélait des détails de plus en plus étonnant sur sa propre expérience, je m'étais transformé en une statue de sel, incapable de faire le moindre mouvement. La première bouffée d'air brûlait mes poumons. « Vous sembliez être très proche de ce garçon. » Soufflais-je, ses sentiments me parvenant en flot conséquent. Inexplicablement, sa détresse fut difficile à vivre pour moi, elle me touchait à un point qui me semblait déplacé, anormal. Était-ce le fait de la voir en songe, nuit après nuit, qui avait créé en mon sein un sentiment d'attachement, m'étais-je inconsciemment liée à elle ? Depuis sept ans, elle représentait la seule forme constante qui me restait, le seul lien entre ma vie passé et présente. Combien de fois son unique apparition m'avait permis de ne pas sombrer dans l'aliénation ? Je me sentais tellement redevable et pourtant, celle qui m'avait aidé n'était en réalité que le fruit de mon imagination malade. La ressemble cependant si frappante, entre ses deux femmes qui osciller à en faire qu'une pour moi, m’influençait dans mon jugement. Dans ma perception de la réalité. « Une vieille légende dit que les âmes sœurs sont en réalité la division d'une seule et même âme originelle. C'est ce qui leurs procures cette dimension si intemporelle, sacrée, cette idée d'amour absolu. Elles sont destinées à être réunies pour pourvoir fusionner à nouveau. » L'on peut croiser son âme sœur qu'une seconde seulement et pourtant, il nous serra éternellement impossible de l'oublier par la suite, cela nourrit l'âme. C'est transcendant et ça ne laisse aucune place aux doutes. C'est très effrayant aussi, car cela est si intense qu'il est tellement facile de paniquer devant tant d'émotions qui nous submergent, qui nous noient. Je n'arrivais pas à être raisonnable avec elle, alors que je ne l'avais rencontré que quelques minutes plus tôt, mais une chose qui me semblait pourtant impossible nous liait. Peut-être était-il encore temps de changer d'avis et de m'accorder à dire que la magie existait ? Comment aurait pu-t-elle croisée mon chemin si ce n'était pas les viles manigances tissées par l'ange du destin ?
Un soupira traversa mes lèvres, indéfiniment lasses. Mes yeux se rivèrent à la fenêtre derrière elle où le soleil perçait l'horizon majestueusement brandissant ses rayons dorés telles des épées. J'avais déjà entendu tellement de tragédie, endurée trop de peine et mon cœur se sentait alourdis par la souffrance. Mon métier laissait peu de place à l'espoir et pour autant de personne que j'arrivais à sauver d'autres périssaient. Elles nous marquaient bien plus que le reste. « Je suis vraiment désolée que vous l'ayez perdu, sincèrement. Je pense que personne ne doit traverser des épreuves aussi difficiles. » Je me surpris à compatir à sa douleur, à la comprendre. Je m'étais perdu moi-même et il me semblait improbable de pourvoir un jour me retrouver. Je n'osais pas imaginer la peine dont mes proches avaient du être les innocentes victimes le soir de mon accident, aussi seules et abandonnés que moi. Tout naturellement, il m'était rapidement venu à l'esprit que peut-être, si personne ne venait me réclamer comme siens, cela devait forcément signifier que je n'étais pas si important ? J'avais appris à vivre avec cette idée aussi. L'être humain est plus solide qu'il n'y parait. Derrière son apparence fluette et insignifiante, lorsque l'on voit au-delà de la délicatesse de sa peau ou la petitesse de ses membres, la quasi-inexistence de sa force physique, l'ont peu observer très distinctement la dureté de sa volonté. La grandeur de son courage ou encore les ressources inépuisables qu'il peut d'éployer grâce à son instinct de survis. Ainsi même les plus grands chagrins sont surmontables. Pourtant, il faut néanmoins faire la différence entre vivre et survivre, frontière qui me semblait aujourd'hui tellement floue et dont j'avais inexorablement perdu les limites.

Le sol me paru encore plus fragile lorsque je la vis s'effondrer en larme. Je n'avais jamais su comment réagir et gérer ce type de situation, comme bien des hommes j'avais pu le remarquer, je me sentais inutile devant la puissance des larmes. « Non, ne pleurez pas. » Fis-je paniqué alors que je m'avançais encore un peu plus vers elle, ne sachant pas si je devais la toucher pour la consoler ou au contraire garder mes distances. « Je ne voulais pas vous faire vous remémorer des moments douloureux. » Ajoutais-je en pensant que sa peine était le résultat de mes allégations. Si cet homme, qui d'après ses affirmation était ma représentation visuelle exacte et avait été si chère à son cœur, ma présence ne devait pas lui être d'un grand réconfort. Ce n'était pas ce que je désirais, bouleverser la vie de quelqu'un comme la mienne l'avais était bien avant. Lui donner, à elle aussi, des espérances qui ne pourront jamais se concrétiser. C'était mesquin, cruel et cela ne laissait dans son chemin que de mauvaises émotions, elle n'en avait absolument pas besoin, elle semblait déjà si fragile et ma culpabilité s'immisçait lentement dans mes veines battant contre mon crâne, broyant mon cœur. « Êtes-vous certaine que vous ne souhaitez toujours pas que j'appelle quelqu'un plus à même de vous venir en aide ? » Un autre pas et je m'approchais encore d'elle. « Une collègue ? Une amie peut-être ? » Devant son mutisme, je pris un mouchoir dans le poche arrière de mon pantalon et lui tendais, répriment mon premier geste qui me poussait à essuyer moi-même les sillons de chagrin qui coulait sur ses pommettes rosées et s'échouaient sur le carmin de ses lèvres. J'allais me préparer à sortir, ne me sentant pas spécialement à l'aise, le rendez-vous semblait définitivement compromis à présent et je savais que trop bien à quel point il pouvait être gênant de se montrer aux yeux d'un inconnu dans un tel état de vulnérabilité. Je n'arrivais cependant pas à me résoudre à quitter cette pièce, pourtant, peut-être aurait-il était plus raisonnable de l'avoir fait. Ses derniers mots trouvaient en moi un écho qui depuis le début de la discutions, déjà dès plus perturbantes par sa complexité et le contraste qu'elle provoquait en mon fort intérieur, me déchirait. Des années de silences, voilà ce que j'avait du traversé et tout semblait maintenant vouloir m'ébranler. Mes prunelles brillaient maintenant d'un sentiment que j'avais définitivement voulu éviter de provoquer et que je ne comptais pas contracter à mon tour, elle n'allait pas m'infecter, je ne pourrais pas y survivre, pas cette fois, pas encore. Plus jamais. « Pardon ? » Dis-je la voix enrouée par la peur. « Je... Vous savez, il y a eu tellement d'accident cette année là, ce n'est peut-être qu'une terrible méprise... » Essayais-je de me convaincre ? À dire vrai, je voulais terriblement que tout se passe différemment et enfin comprendre ce qu'il m'était advenu, qui j'étais réellement, mais j'étais simplement effrayé à l'idée que cela arrive vraiment. Mes yeux devenaient incontrôlables et je scrutais les moindres détails de cette pièce pour ne pas avoir à la regarder, elle. Des magazines, de mariage principalement. Des feuilles, un stylo, un téléphone sur le bureau. Ma raison me criait qu'il devait y avoir une explication à toutes ses explications et que les dernières révélations étaient peut-être justes, très certainement mêmes. Mon âme, elle me suppliait de prendre la fuite incapable de supporter autant d'émotions. Les choses avaient radicalement évolué depuis les premières années de ma convalescence et j'avais définitivement fais une croix sur mon passé, il ne pouvait pas venir me hanter avec les traits de cette délicieuse créature. Pas maintenant. « Écoutez mademoiselle Morrigane, je ne peux pas être votre ami, je m'appelle Pryce... je... je ne connais même pas votre prénom, ce n'est pas- » Les mots se perdaient dans ma bouche. J'avais enfoui toutes les sensations les plus négatifs sous le drap de l'ignorance et je parcourais mas vie avec la plus paisible des sérénités. Aussi fausse était-elle, je pouvais au moins avancer, chose que je m'appliquais à faire avec dévotion. J'étais à présent embarrassé et perplexe, encore plus qu'auparavant et je me sentais paralysé. Le monde s'écroulait autour de moi, incapable de réagir, je ne pouvais rien faire d'autre que le regarder tomber en ruine en priant pour que l'on vienne m'aider. « Ce n'est pas possible, vous comprenez ? Ça ne l'est pas, n'est-ce pas ? » Ne puis-je pas m'empêcher de demander, comme si son approbation réglerais absolument tout le problème. « Pourquoi ne pas être venue à ma cherche si c'était le cas ? M'avoir laissé pour mort ? » Leur relation semblait prendre un chemin ô combien énigmatique et ni moi, ni elle ne semblait en mesure de mettre des termes exacts ce qui nous unissait à présent. Finalement, je me reculais avec précaution de son corps, ne pouvant plus supporter cette dangereuse proximité et le trouble qui rongeait mes veines. « C'est insensé. » Finis-je par dire alors que je me frottais nerveusement le front avec la main.


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Ayden ♣ Je ne sais discerner illusion de réalité Empty
MessageSujet: Re: Ayden ♣ Je ne sais discerner illusion de réalité Ayden ♣ Je ne sais discerner illusion de réalité EmptyJeu 21 Mar - 23:10





Darkness came and took you away.
Le soleil meurt et le ciel se pare d'étoiles, tel un voile qui se déchire. Mes prunelles s'attachent à ce plafond sombre où l'espoir renaît, et mes mains se joignent, doigts entremêlés, en une prière muette. Ces mots, que je n'ose souffler, c'est mon cœur battant qui te les hurle, en une déclaration désespérée. Et alors que la nuit me délaisse et que l'astre doré s'éveille, je scrute ces visages, qui dansent sous mes yeux, à la recherche d'un miracle. Mais tu n'es pas là. Tu ne l'es plus. Alors, je dégringole, esseulée, bousculée par cette souffrance, celle qui te garde vivace dans une mémoire défaillante. Mais ton sourire s'efface, le son de ta voix s'amenuise, la chaleur de tes prunelles s’affaiblit … Tu n'es plus …



Je l'effleurai, hésitante, mais finis par le prendre, frôlant ses doigts involontairement. Je tressaillis violemment avant de reculer instinctivement, détournant les yeux pour essuyer sans grâce ces larmes traîtresses et détestées. Cette faiblesse, que j'exécrais, dessinait sur mon visage une douleur que je ne montrais que rarement, que je ne déversais que devant cette tombe qui avait accompagné mes pas durant des années. Puis, la tristesse se mua en une joie, un bonheur qui n'avait pour seule faille cette terrible peur qui comprimait mon estomac. L'espoir luisait dans mes yeux en amande, émeraude illuminée, alors que mes lèvres s'entrouvraient, que mes muscles se tendaient, dans cet effort surnaturel de me contraindre à ne pas me réfugier dans ses bras. Je ne pouvais plus douter de ce que mon cœur ressentait, savait sans que mon esprit ne puisse le concevoir. Il battait, rythme fou, pour cet homme aux yeux de soie, qui se paraient de cette même crainte née de raisons différentes. Une paix … un sourire qui s'épanouit dans mon âme dont les douleurs s'apaisaient. Il était vivant … vivant sous mes yeux. Je pouvais le voir, le sentir, le toucher, comme j'en avais rêvé, comme je l'avais prié. Mon index s'engouffra dans le cercle doré surmonté d'une pierre d'un vert lumineux, puis … ses paroles me glacèrent, et je me braquai, toutes larmes oubliées. Il avait toujours eu ce don rare de faire jaillir le meilleur comme le pire dans mon être, le don de me pousser dans des retranchements dont je ne savais m'échapper. Mon allégresse se teinta, rattrapée par une ombre qui se prénommait colère et qui écrouait à présent mes traits défaits. « T'avoir laissé pour mort ? » C'était une gifle, violente, qu'il venait de m'asséner sans même s'en rendre compte. Une part de moi-même, très lointaine, parvenait à comprendre ce qu'il pouvait ressentir. Amnésique et esseulé, il avait du souffrir de sa situation au delà de ce que je pouvais imaginer. Mais le savoir était essentiel pour qui portait un jugement. Sa mort m'avait gâchée l'existence, m'avait privé de mon bébé, m'avait privé d'amour et de joie de vive, tandis que je me traînais à longueur de temps dans un cimetière pour le seul besoin de l'avoir encore dans ma vie. Quand à ma mère … Je serrais les dents, douce joues éprouvés par une morsure qui se fit brutale. Il n'en savait rien, et l'idée même de le lui avouer fut effacée par cette fierté ébranlée. J'inspirai profondément, de peur de perdre mon calme, un calme depuis longtemps effritée par la scène qui se déroulait sous mes yeux. « Comment aurais-tu réagit en voyant l'être que tu aimes le plus au monde carbonisé sur une table ? Il avait tes papiers, et tu étais sensé être seul dans cette voiture ... » Je portais la main à ma bouche, soudainement prise de nausée avant de cracher. « Tu peux m'accuser de beaucoup de choses mais certainement pas de t'avoir laissé pour mort ! Je suis celle qui t'ai perdu et celle qui t'ai enterré ! Je suis celle qui vit avec nos souvenirs, celle qui ressasse le passé et celle qui ... » Je me mordis la lèvre avant de me retourner, fuyant son visage. Je fermais les yeux, désespérée de m'être laissée emportée par une colère qui n'était destinée qu'à masquer ma souffrance. Inconsciemment, je quittais ma bague, posant ma paume sur mon ventre. Ce sang versé, dont il n'avait idée, épreuve qui avait étémienne, tout autant que sa disparition. Comment pouvait-il même imaginé que je l'avais abandonné, seule chose que je n'étais parvenue à faire ? Alors, j'inspirai, chassant mes larmes et travaillais à un visage impassible que je ne pourrais arborer. Pas devant lui. Mais au delà de cette rage, de cette injustice qu'il avait lâché sur mon être déjà affaiblit, une nouvelle épreuve venait de se dessiner sous mes prunelles horrifiées. Il ne savait, ne se souvenait. Difficile était de le retrouver, lui qui me considérait comme une parfaite inconnue, étrangère à ses rêves, à ses projets, à sa vie. D'une certaine façon, je venais de le perdre encore plus, définitivement, car dans mes délires, dans mes espoirs fou qui m'avaient conduites à me confier à lui pendant des années, je m'étais convaincue qu'il m'entendait, de ce paradis où il avait échoué, convaincue qu'il me suivait et me soutenait. Hors, à présent, j'étais esseulée, plus seule que je ne l'avais jamais été dans cette maladie qui m’annihilait. Cependant … j'étais si heureuse qu'il aille bien même si mon monde et le sien s'étaient séparés … Il était en bonne santé et son sourire n'avait déserté ses lèvres. Il n'était simplement plus cet adolescent rebelle qui n'avait cessé de me plonger dans une colère noire teintée de désir, il n'était plus ce jeune délinquant qui avait débarqué et bouleversé ma vie, il n'était plus celui qui m'avait retenu captive dans ma chambre, captive de ses magnifiques yeux bleus auxquels je n'avais su résister. Il allait bien … et même si ce n'était à mes côtés, seul son bonheur m'importait. En revanche, je ne me sentais capable de faire face à cette nouvelle vie dont il m'avait effacé, de participer à cette joie, à ce mariage qui l'amenait vers une autre femme. Je n'étais pas surhumaine … je n'étais pas forte comme beaucoup se plaisaient à le dire. D'un pas presque irréel, conscience qui décrochait afin de préserver les quelques parcelles de bon sens qu'il me restait, je me dirigeai vers la bibliothèque qui recouvrait les murs tapissés de livres. Science … je glissai le doigt sur ce manuel de chimie, que j'avais sciemment perdu tant je l'avais adoré, puis le fis quitter le rayonnage, dans le seul but de l'ouvrir dans mes paumes pâles. Je n'imaginai ce visage, défigurés par les pleurs alliés à toutes ces émotions qui se succédaient sans fin. Mes yeux se posèrent sur la photo, puis je relevai légèrement la tête, quittant les visages souriant que nous étions alors, pour saisir son porte feuille que j'avais caché à la va vite d'un fiancé, homme aux traits qui m'étaient si lointain. Le peu de certitudes que j'avais réussit à entretenir, ou auxquelles j'étais parvenue à faire illusion venaient de s'effondrer. Car si lui pouvait survivre à cette rencontre, j'en étais incapable. Je n'étais même pas certaine de pouvoir encore relever la tête, de pouvoir faire face à … cette conscience, n'ayant même plus cette tombe sur laquelle me retenir. La vie m'avait tout pris … et me narguait à présent, éprouvant un courage que je n'avais pas, celui de le laisser partir. De le laisser disparaître de ma vie, de le voir encore s'évanouir. L'idée folle de le garder en tant qu'ami m'effleura, mais … je soupirai profondément, la main sur ce front dont la chaleur s'intensifiait. J'en étais incapable. Je ne pouvais le voir évoluer chaque jour, comme si nous nous connaissions d'hier alors que nous avions partagé tant de choses. J'enserrais l'objet que je tenais, avant de me retourner vers lui, m'appliquant à ne pas croiser son regard. Alors, j'hésitais, hésitais quand à la conduite à tenir, hésitais quand à cette suite que je me devais d'écrire. J'étais fatiguée … désespérée, tant et si bien que mon conscient s'en était allée, me délaissant en pleine tourmente. Puis, dans un élan audacieux, ou alors de faiblesse pure, j'enserrais son poignet de mes doigts fins. Le choc fut conséquent alors que mon corps fut frappé de cette chaleur incandescente oubliée. Je repris mon inspiration puis déposais simplement le porte feuille dans sa paume avant de le lâcher avec une brusquerie effrayée. Mes doigts se replièrent, alors que j'entrepris de me démolir la lèvre de mes dents, en un geste de mal être vainement dissimulée. « Je … je te ferais parvenir toutes les informations que je possède » fis-je en me protégeant derrière un ton professionnel froid et tremblant, «mais .. tu comprendras que je n'en ai pas le cran tout de suite .. et je ne suis pas certaine... » Les mots s'étranglèrent dans ma gorge asséchée. Je ne savais pas ce que je voulais, ou plutôt je craignais ce que je désirais si ardemment. Lui. Il en avait été toujours ainsi et mon plus grand rêve se matérialisait sous mes yeux, et pourtant, jamais il n'avait jamais été aussi inaccessible. « Sache simplement … que si nous avions eu … la moindre … le moindre doute, nous t'aurions retrouvé. » Le calme m'avait retrouvé, rejetant temporairement la rage qui m'avait habitée. Mon corps ne m'appartenait plus, âme désertée qui s'envolait au loin. Mon cœur saignait ces larmes que je m'interdisais à présent, et ma gorge se serrait tant que j'éprouvai des difficultés à respirer. L'angoisse revenait me substituer mes poumons douloureux, chagrin qui se dessinait physiquement tant mes sens ne le supportaient plus. La bague … Je m'y accrochais de nouveau, espérant ne pas flancher mais c'était présumer de forces que je ne possédais pas. « Va t'en » soufflai-je prête à m'écrouler. Je tremblais violemment à présent mais mes bras vinrent se chercher, se croisant sur mon buste en un énième bouclier. L’imprévisibilité me gagnait, et je ne savais plus comment me comporter, totalement dépassée par les événements.J'avais besoin de ses bras autour de moi, de sa chaleur, de sa présence, mais Ayden était plongé dans un coma dans lequel je ne pouvais l'atteindre. Je ne voulais pas flancher, pas encore devant lui. Il n'y avait qu'elle pour me venir en aide, qu'elle pour me sauvegarder de ma tristesse, pour m'empêcher de me couvrir de honte devant celui que j'aimais plus que tout. « Je t'en prie ! Je n'en peux plus ! » Cri de colère qui s'était mué en désespoir avant de franchir mes lèvres. Mais mes prunelles demeuraient sèches, tant ma volonté était grande, bien que défaillante. Je serrais le poing autour de l'anneau, avant d'ancrer mon regard dans le sien. C'était un étrange mélange qui colorait mes iris, mélange d'amour fou, de passion, de colère, de souffrance. « Et n'appelle personne. » murmurai-je, répondant à sa question précédente en un murmure épuisé, « je m'en suis toujours sortie seule, je continuerai » J'attendais qu'il passe le pas de ma porte, j'attendais qu'il disparaisse, que je puisse digérer sans craindre de me jeter à son cou. Me retenir me faisait mal, mes muscles hurlaient et un véritable marteau piqueur frappait mes tempes. Je voulais tant qu'il s'en aille, quelques secondes, une éternité. Menteuse ! Me hurla ma conscience. Ce que je désirais allait bien au delà, au delà de ce que mes pensées pouvaient esquisser dans mon esprit à vif. Il ne pouvait rien me donner, lui qui m'appelait mademoiselle de ce ton emplit de pitié, pitié qui me révulsait, pitié qui me rendait malade. C'était un sentiment que j'exécrais, que je n'avais jamais réussit à supporter de la part des autres. De la sienne … ça me rendait folle. « Je n'ai pas besoin de ta pitié Ayden ! Tu peux partir, reprendre ta vie, tandis que j'essaierais de remettre de l'ordre dans la mienne ! » Je n'avais quitté ses yeux, en un message muet, en une rage non exprimée. J'étais agitée, mes émotions me contrôlaient, menaient un jeu sur lequel je n'avais plus aucune emprise. Je secouais la tête, puis me laissais tomber sur le canapé qui longeait le mur parme. Alors, je dissimulais mon visage dans mes mains, dérobant le sien à mes yeux qui ne pouvaient plus se battre contre l'évidence, qui ne pouvaient plus se battre contre les larmes. Mes épaules tremblaient, mon cœur me lâcha, les sanglots m'étouffèrent. Je lui avais parlé si facilement pendant si longtemps … je l'aimais d'une telle force qu'une part de moi le haïssait … le haïssait de m'avoir oublié.

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