INTRO w/ today will not be different. Présente toi, parle moi de toi, raconte moi ta vie. Je n'ai jamais compris pourquoi les gens demandaient cela. Pas parce que ça ne les regarde pas forcément mais parce que c'est tout simplement idiot. Et s'il n'y avait rien à dire ? Rien d'original qui ne vaille la peine d'être raconté ? Prenez moi par exemple. J'ai dix-neuf ans, seul fils de la famille Fletcher, une sœur jumelle, des parents aimants, de l'argent à ne plus savoir qu'en faire, je grandit au bord de la plage à Malibu, je dessine, j'ai des amis comme toute personne normale et j'ai horreur des cours. Vous trouvez vraiment cela intéressant ? Qu'est-ce que ça montre, qu'est-ce que ça prouve, qu'est-ce que ça vous a appris de plus que vous ne pouviez pas déjà constater par vous-même ? Je pense -j'en suis plutôt fermement convaincu- qu'il est impossible de parler de sa propre personne à quelqu'un pour pouvoir prétendre que l'on se connait. Ce n'est pas quelque chose qui se raconte mais qui se vit, au jour le jour. Le demander n'est que facilité, faux semblant et, au final, c'est comme si on ne savait rien du tout. Cependant, puisque vous semblez plutôt sympathique et que j'ai du temps à perdre, je vais essayer de vous en apprendre un peu plus à mon sujet. Ne venez juste pas vous plaindre ensuite d'avoir perdu votre temps : c'est vous qui posez les mauvaises question.

PARAGRAPHE 01 w/ an ordinary childhood. Le soleil, la plage, les voitures de luxe, les grandes enseignes et des manoirs pour demeure principale. C'est ici que je suis né et que j'ai grandi : Malibu en Californie. Je n'ai jamais caché le fait d'être, d'une certaine manière, privilégié grâce à l'argent de papa et maman mais cela ne m'a pas non plus fait prendre la grosse tête. Malgré leurs emplois du temps respectif de ministre, nos parents -à ma sœur jumelle, Delilah, et moi- ont toujours veillé à être là pour nous et nous inculquer une éducation digne de ce nom. Et surtout digne des Fletcher. Mon enfance est réellement des plus banales. J'étais ce que l'on peut qualifier d'un sale gosse mais je connaissais parfaitement les limites et j'ai appris à sauver les apparences en grandissant. Vous savez, histoire de pouvoir continuer mes conneries sans me faire avoir derrière. Il faut cependant dire que ça n'a jamais été bien méchant, des bêtises de gamin insouciant qui ne pense qu'à s'amuser en somme -plus rien à voir avec ce qu'il en est aujourd'hui-. D'aussi loin que je m'en souvienne, j'ai toujours détesté l'école mais je m'en sortais bizarrement plutôt bien sans pour autant étudier. C'est d'ailleurs là bas, à l'âge de huit ans, que je me suis découvert une passion pour le dessin et la peinture qui ne m'a plus jamais quittée. Comme quoi, parfois, ça peut avoir du bon d'être obligé de rester assis pendant des heures à s'ennuyer fermement.

PARAGRAPHE 02 w/ life of a grown man. Diplôme en poche et dix-huit ans révolus, les années lycées étaient à présent derrière nous. Comme que je ne comptais pas quitter le bahut pour en retrouver un autre, je me suis pris une année tranquille loin de toute cette agitation. C'est durant celle-ci que je me suis mis à fumer autre chose que du tabac à force de faire la fête à défaut de n'avoir rien d'autre de constructif pour occuper mes journées. C'est aussi durant ce laps de temps que ma sœur, mon meilleur-ami et moi, avons été envahis par la folle envie de changer d'air, déménager loin des parents pour faire notre vie. Je sais plus trop comment on en est venu à choisir Chicago, je crois que c'est parce que le frère de Noam vivait déjà là-bas alors, bon, ça pouvait toujours être pratique. Nos géniteurs -à Delilah et moi du moins- nous ont laissé partir sans trop d'encombre à la simple condition que je reprenne enfin mes études. L'ultimatum. J'ai choisi d'entrer à la faculté histoire de pas laisser ma jumelle partir loin de moi sans surveillance et je suis parvenu à me dégoter une école d'art sans trop de mal. Aujourd'hui, cela fait environ neuf mois que l'on vit comme des grands dans l'Illinois. C'est plutôt cool mais, parfois, je me dis qu'on était peut-être pas encore prêts à affronter tout ce qui nous pend au nez ici. A moins que ce ne soit moi qui manque de convictions.

PARAGRAPHE 03 w/ what is love ? Parler de moi implique forcément de parler de lui : Asher. Aussi connu comme le demi-frère de Noam, mon meilleur ami. La première fois qu'on s'est vu, ça a pas duré plus de quelques secondes et il m'a à peine calculé. Habituellement, j'aurais été dans tous mes états face à un tel manque de politesse mais ça a été différent avec lui. Le même manège a continué ainsi pendant quelques temps, environ quatre mois durant lesquels je suis tombé raide dingue d'un parfait inconnu qui m'adressait à peine deux mots chaque fois qu'on se croisait -soit au moins cinq fois par semaine-. Avec le recul, je pense qu'il a vite capté ce que je pouvais ressentir pour lui, pas bien difficile vu les réactions niaises d'adolescente amoureuse que j'avais à chaque fois qu'il parlait. Asher et moi -si je puis me permettre- ça a vraiment commencé il y a cinq mois. C'était un vendredi ou un samedi soir alors que Delilah et moi on faisait une petite fête chez nous qui a d'ailleurs viré au carnage complet. Je sais plus très bien comment on a finit dans ma chambre, je devais surement être trop défoncé, mais c'est bien là qu'on a passé le reste de la soirée. Après ça, on a remis le couvert secrètement. J'ai cru que les choses allaient finir par changer, qu'on pourrait vivre en parfait petit couple mais j'ai été vachement con sur ce coup. Asher m'a bien fait comprendre qu'il n'y aurait jamais rien de plus entre nous que du sexe et que je devais pas trop m'attacher. Quand il m'a dit ça, je l'ai traité de connard. Parce qu'il savait très bien que c'était déjà fait.