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All this time when I talk it's not real, it's not real. ~ Clifford.

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MessageSujet: All this time when I talk it's not real, it's not real. ~ Clifford. All this time when I talk it's not real, it's not real. ~ Clifford. EmptyDim 21 Juil - 18:47

A Quiet Darkness.

Cela ne devait jamais arriver.

C'est aussi simple, oui, quelques mots suffisent pour résumer la situation, loufoque, insensée, irréaliste, destructrice. Edlys n'était certainement pas prêt à vivre ça. Qui l'a été ? Jamais, il n'a eu l'intention de le devenir, parce que jamais il ne s'attendait à ce que ce jour arrive, lui qui avait si bien caché son passé, voilé son visage, construit ce mur en briques. Tout cela, illusion sur illusion, n'était rien. Se croire protégé, cela ne veut rien dire, ne serait-ce que pour se sentir un peu mieux ? Mais réellement, est-ce qu'il se sentait mieux ? Lui, à avoir des sueurs froides toutes les nuits, à dormir sur un canapé, à pleurer seul, à souffrir, seul, toujours seul. Non, rien ne cela ne montre qu'il se sentait mieux, caché derrière ses illusions, brouillant cette réalité, si affreuse qu'Edlys refuse de lui faire face, nombreux sont ceux qui essayent de l'aider, sans avoir connaissance de sa vie, la réelle. Personne ne peut l'aider, c'est ce qu'il n'a de cesse de -se- répéter, bloquant ainsi tout le monde, affichant ce sourire, the bright smile. Clifford, son psychologue en est la première victime, celui-ci s'est acharné, au départ, ce n'était qu'un unique rendez-vous, une reconnaissance de capacités pour avoir une autorisation de travail, vous savez, le changement de continent etc... Une procédure dès plus lambda, cependant, elle a tourné au cauchemar pour Edlys. Une seul rendez-vous, un unique, celui-ci s'est transformé en un rendez-vous, par semaine. Toutes les semaines, il a la chance de croiser ce regard transperçant, ses lèvres pincées et ses mains, parfois moites et souvent, très chaudes, protectrices qui plus est, avec cette poigne, certaine, confirmée, agréable, virile.

Jusqu'à présent, depuis son arrivée en ville, tout s'est très bien passé, jamais il n'a eu à paniquer en public, à se révéler lui-même et heureusement. Malgré les poussées de Clifford, Edlys a toujours su garder les pieds sur sa terre, sa terre mensongère qu'on essaye de garder entière, car, celle-ci, fissurée menace de se détruire, à chaque question, celles-ci, posées à la perfection, c'est une défense qui cède, laissant place à une nouvelle et ainsi de suite, un combat qui semble ne pas avoir d'issue visible. Un combat sans fin, un gouffre qui ne cesse de prendre de la profondeur, accueillant froidement le corps d'un homme douloureusement blessé par le passé.  Papa, où es-tu, que fais-tu ? Simple résonance d'une voix lointaine, masculine, perdue, souffrante. Un cri s'en suit, celui d'un enfant prit de panique avant le silence glacial signifiant la mort. C'est un quotidien, c'est une difficulté de plus, tous les soirs, ce sont ses mots qui dictent le début de ses nuits, les larmes ne cessent de couler à l'écoute, au souvenir de cette voix qui avec le temps, ne s'est jamais effacée, la complicité, la relation fusionnelle des deux frères n'a pas disparu. C'est comme si parfois, en se regardant dans le miroir, ce n'était pas lui qu'il voyait, mais son frère. Skylar et Edlys ne sont plus qu'un.

Pourquoi est-ce que tu n'es plus là ?

Une nouvelle question, celles-ci rythment une vie qui semble si bien tracée, son travail est sa bulle, son protection la plus puissante parce qu'à cet instant là, il n'est plus celui qui souffre, mais celui qui au contraire protège. Edlys aime ce qu'il fait, plus que tout au monde aidant tous ceux qui peuvent l'être encore, parce que lui, personne n'est venu l'aider. Est-ce que les excuses incessantes d'une mère sont une aide ? Certainement pas. Edlys veut donner une chance à ces enfants, les protégeant d'un monstre, d'une vie horrible qu'ils ne méritent pas et qu'il s'inflige. Doit-on alors penser qu'il aime cette douleur, quotidienne, qui jamais ne s'arrête, pas un seul instant ? Non, bien, évidemment que non, mais, dire qu'il se punit d'être en vie, sans le savoir, oui, c'est certainement la bonne réponse.

Le rendez-vous a été fixé, comme tous les autres, en fin de soirée, vers dix-huit heures, Edlys est certainement un des derniers rendez-vous du psychologue, comme toujours. C'est le jeudi, l'unique jour qui, sur le calendrier d'Edlys se retrouve marqué d'une croix rouge, celle-ci, le matin, ne peut échapper à son regard fuyant. Le rouge, ça agresse, tout le monde le sait. Et, dans son appartement, sombre, mal éclairé, ça ressort tout de suite. Rien n'est choisit au hasard, celui-ci n'a plus la place dans sa vie, d'autant plus qu'il ne croit en rien, que ce soir le destin, la chance, l'amour, le hasard, tout. Sa vie a perdu tout son sens lorsque son frère est décédé. Cela, bien entendu, il ne le montre pas, il essaye du moins, parce que son regard, lui, ne ment pas et c'est certainement ça, qui à obligé Clifford à demander des rendez-vous, encore et toujours. Pour quoi d'autre aurait-il fait une chose pareille ? La compagnie d'Edlys est-elle si agréable que cela, certainement pas.

Enfilant sa première chaussette, l'éducateur regarde en face de lui, l'immeuble, les lumières, les ombres et il écoute, se fenêtre ouverte, l'agitation de la rue, en ébullition. Il est au premier étage, il ne rate rien de ces moments d'activité débordante. A cette heure là, on  ne peut rien manquer. Edlys se réveille, il est plus de dix-sept heures, le voilà qui a passé sa journée à dormir, se reposer, somnoler, sangloter. En effet, sa nuit a été agitée, il était sur le terrain, comme on dit dans le jargons, quelques bagarres ont éclaté, notamment une ou l'un de ses protégés était. Roman, un jeune homme de dix-huit ans, des parents divorcés, trois demi-sœurs, une vie bien plus que mouvementée. Il a laissé un message sur le répondeur d'Edlys, comme un appel à l'aide vers vingt-trois heures, lorsqu'il est arrivé au point de rendez-vous, son protégé était en mauvaise posture, prit entre deux molosses. Le sang de l'éducateur n'a fait qu'un tour. Il ne doit pas agir de la sorte, il n'a pas le droit de le faire et pourtant, ce qu'il ressent lorsqu'il frappe, lorsqu'il fait souffrir, c'est indescriptible. Cette douleur est transmise dans tous les coups qu'il donne, jouissant d'une puissance incompréhensible, défendant pour la bonne cause, se justifiant toujours de la sorte. Même contre deux, lorsqu'il est animé de cette colère, il se sent indestructible, ne se rendant pas alors compte qu'il lui ressemble à lui, son démon, son destructeur, sa haine, sa peine, son père. Il songe simplement à aider, à protéger. Quelques heures plus tard, assit sur un trottoir, une cigarette à la bouche, la tête de Roman sur son épaule, le silence, installé semble apaisant pour les deux hommes. Les quelques voitures qui passent encore dans les rues roulent au pas. La bataille terminée, il est temps de ramasser les peaux cassées, Edlys a raccompagné Roman chez lui, il était six heures du matin lorsque le jeune homme, encore un peu sonné a passé la porte de son appartement, laissant Edlys seul avec lui-même.

La seconde chaussette n'arrive qu'une dizaine de minutes plus tard, le temps de fumer une cigarette par la fenêtre, de passer à la salle de bain se brosser les dents et d'enfiler une chemise, décente cette fois, l'autre, portée dans la nuit est couverte de sang, le sien, oui, mais pas que. Baillant aux corneilles, il ne fait guère attention à la coupure qu'il train sur sa pommette gauche. Ce n'est pas la première fois, qu'il est blessé, qu'il joue au héros, qu'il protège quelqu'un, qu'il devient un monstre. Sa vie nocturne n'est un secret pour personne après tout, jouer le vengeur masqué va certainement lui coûter plus que quelques égratignures un jour. Edlys tire son téléphone, situé entre deux magasines, il compose un numéro qu'il connaît presque par cœur, celui d'une société de taxis. Il en demande un, pour se rendre en ville, dans le cabinet. Le cabinet de Clifford. Il le connaît par cœur, tous les recoins, les détails, les couleurs des tapisseries, le mobiliers, il a tout observé, rendant ainsi l'endroit plus familier, moins déstabilisant.

Je ne serai jamais en retard, je le jure.

Assit dans le taxi, celui-ci finit par s'arrêter devant l'immeuble. Il ne pleut pas. C'est la première pensée qui percute dans son cerveau encore endolori de sa nuit agitée. Doucement, il apporte une cigarette au bord de ses lèvres et l'allume, les mains dans les poches, il fume, prenant son temps, comme d'habitude, il est en avance, juste le temps de profiter de sa dose de nicotine, dont il a toujours ressenti le besoin de l'avoir. Quelques minutes plus tard, la pause cancer terminée, il gravit les quelques marches qui mènent à l'étage, puis vers le salle d'attente qui elle mène au bureau. Assit, tendu, il attend, les mains sur ses genoux, le regard fuyant, il semble nerveux. Un patient comme les autres pourrait-on penser, mais il ne l'est pas. Edlys ne se sent pas comme un patient comme les autres.

Le regard que lui lance parfois Clifford n'est pas normal. Souvent, un frisson, partant de son échine s'empare de son corps, tout entier, lorsqu'il sent ce regard, même de dos, il ne le manque pas. Seigneur, ce qu'il se sent mal à l'aise, regardé de la sorte et pourtant, ce n'est rien d'autre qu'un regard. Mais il ne veut pas, il ne doit pas plaire, il ne doit pas aimer, il ne doit pas succomber, il y a tellement de choses qui lui sont interdites. Des lois qu'il a lui-même crées afin de ne jamais dépasser cette ligne imaginaire. Je ne veux pas de cette liberté, de cette réalité, voilà ce qu'elle crie cette ligne. Edlys refuse d'aller de l'avant et manifestement, cela ne passe pas inaperçu aux yeux de son psychologue. Bien évidement, il est plus que doué, cela ce voit, cela se sent, c'est immanquable et pourtant... Il n'y a pas que de sa propre réalité qu'il se protège, mais d'une intégralité, il vit dans son propre monde. Il suffit de prendre un seul exemple, son incapacité à gérer son argent. Clifford n'a pas manqué ce détail, il se coupe du monde de la sorte, donnant, offrant, se privant, sans comprendre l’intérêt, cette société n'est certainement pas la sienne, c'est ce à quoi l'on peut songer en observant le personnage.

Je ne veux pas, je ne peux pas, laisse-moi, abandonne-moi, oublie-moi, je ne te mérite pas, mais aime-moi.

Lentement, lorsque son nom se fait entendre, Edlys, tel un robot se dresse, il avance, les pas réglé comme les aiguilles d'une montre, il pose sa main sur la poignée de porte, froide pendant qu'il l'autre toque, doucement, trois fois, comme toujours. Le diable sonne toujours trois fois. Il attend sagement une réponse et pousse enfin la porte, découvrant Clifford, toujours aussi beau. Le temps d'un claquement de doigt, le visage d'Edlys qui était froid, fatigué, triste prit une toute autre tournure, celle-ci, joviale, heureuse et surtout vivante. Sauf ses yeux, comme toujours.

Clifford, que vas-tu me faire aujourd'hui ?
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MessageSujet: Re: All this time when I talk it's not real, it's not real. ~ Clifford. All this time when I talk it's not real, it's not real. ~ Clifford. EmptyDim 28 Juil - 15:19

Je descends du taxi. Devant moi, l'illustre bâtiment s'élève. Un bel édifice, témoin des temps passés. Je contemple un bref instant ses hautes fenêtre, sa façade grisâtre où en ce jour pluvieux, s'élancent quelques gouttes. Les murs pleurent. Une certaine langueur s'éprend de mon cœur, tandis que je pénètre les lieux. Bien connus, si familiers ! Je connais tout le monde, et tout le monde me connaît. Je souris, d'un bon sourire ; chaleureux, vivant. De passage. Je traverse le hall et j'emprunte l'ascenseur. Au troisième étage, je sors de la cage. Je réprime un soupire, car déjà je me décompose. Un seul couloir. Je rencontre ma secrétaire, que je salue. Je lui accorde quelques mots, anodins et légers. Enfin, je pousse la porte de mon bureau. A bout de souffle, je m'appuie contre le bois brun. Une main s'égare sur mon cœur haletant. Il n'est pas aisé, de paraître. Je voudrais que le marbre s'applique à mes traits. Être un David de chair, délaissé de ses pensées insidieuses. En proie au calme absolu et certain, comme ce vieil homme ici bas. Assis sur un banc, il demeure ainsi. Toute la journée, il est là. Immuable, je vois son dos courbé. Il semble regarder quelque chose. Mais j'ai compris que ses yeux étaient vides ; deux billes abyssales, paisibles. Il s'enquiert peut-être seulement de son ombre, qui décline avec le soleil. Qui passe lentement sur lui, comme un coup de projecteur furtif. Mais je ne suis pas comme lui. Je suis terrassé.

Tu en trembles presque. Vois, tes doigts se crispent, se tordent, se confondent. Tu ne sais comment te tenir. Tu t'agaces. Tu viens plaquer tes doigts contractés sur le bureau. Ta tête s'abaisse doucement, jusqu'à rencontrer la rigidité du bois verni. Tu fermes les yeux, et tu ne sais pas quoi faire. Dans ton cœur, tu es résigné. Mais, à la fin, auras-tu le courage de faire ça ? Ce leitmotiv incessant te prend et t'achève. Tu suffoques, même. Tu sens la lourdeur qui s'abat sur ton esprit. Tes épaules s’affaissent sous le poids. Tu voudrais ne pas être là. Dans ce bureau que tu chéris tant, à l'ombre de ton paternel. Tu gémis, tu te débats ; mais cela ne rime à rien. Il s'agit d'un poème envolé, lyrique et tragique. Aux vers insensés, fous ; au contenu sulfureux, interdit. Oui, ces mots scandés, c'est votre histoire. Le fruit d'une passion qui te dévore, qui t'enlise. Elle se jette sur ton cœur passif et neutre ; le malmenant. Tu saignes de l'intérieur ; de lui, de ce que tu vas faire. Alors tu te lèves, pauvre homme chancelant. Tu fais face au miroir. Une veine sur ta tempe s'affole furieusement. Tes pupilles sont élargies, noires. Tu bois un peu de whisky, mais ta gorge est plus sèche, plus éreintée. Tu ressens un arrière goût amer et détestable. Tu tousses un peu. Enfin tes yeux se rivent sur le cadran. Ils suivent les aiguilles, et ton battement se cale sur le rythme régulier de l'horloge. Tu attends, tu succombes.

Contre le bureau, je fixe cette foutue horloge. Je pose le verre au fond miroitant, ocre et or. Rien ne va plus. Je songe à ce bout de papier, derrière moi. Qui réside sagement dans le premier tiroir. Le scandaleux journal. La cause de mes tourments ! Je rouspète, je riposte et enfin je me calme. Je suis las de me battre ainsi. Il faut le faire, ou sinon se taire. Alors je l'attends. Edlys Nordtveit. Qu'il passe le pas de ma porte, tel un automate. Qu'il s'obstine ; et reste prisonnier de son monde. Mais j'ai trouvé la clef. Ou le détonateur. Je sais que ses barrières ne seront plus que lambeaux, après cette séance. J'ai peur, à vrai dire. De lui, de moi. Je n'ose pas dire de nous. Je crois qu'il devine, sous mon regard perçant, la lueur coupable. Au fil du temps, ses mensonges me sont devenus insupportables. Je ne pouvais lutter contre la rancœur, et la rancune. Il n'est pourtant qu'un patient. Je me le suis répété ; des jours et des nuits. Et j'ai pris l'éclatante évidence en pleine face. Non. Alors, avide, envieux de savoir, je suis allé bien bas. J'ai vu le journal. Je l'ai lu, parcouru, déchiffré ; appris par cœur. Aujourd'hui, je me fais bourreau. Je déterre les choses du passé ; celles qui assaillent. Je rassemble mon courage. Je croise les bras, et je fixe la poignée.

Le voilà. Mon regard clair parcourt son visage. Affamé. Les lèvres pincées, je découvre son expression. Est-ce un leurre, Edlys ? Fais-tu semblant, depuis tout ce temps ? D'une certaine manière, je nous en veux. Moi, incapable de le faire parler. Et lui, incapable de se confier. Alors tous nos moments prennent une couleur terne, morose. Qu'avons-nous partagé... ? Un sourire glacial étire mes lèvres. « Bonsoir Edlys. Assieds-toi, je t'en prie ». Je le fixe encore un petit instant, et je me détourne. J'ouvre le premier tiroir, j'en sors le journal. Il tombe sur le bureau. « Aujourd'hui, Edlys, c'est moi qui vais parler. D'accord ? ». Alors je commence à réciter l'article. D'une voix froide et monotone, je dis chaque mot. Je garde mon regard rivé sur lui. Au bout de quelques minutes, le silence. « A ton tour ».



Dernière édition par Clifford A. Eddington le Jeu 8 Aoû - 5:32, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: All this time when I talk it's not real, it's not real. ~ Clifford. All this time when I talk it's not real, it's not real. ~ Clifford. EmptyDim 28 Juil - 18:18

A Quiet Darkness.

Lentement, il pousse la porte, donnant sur l'immense bureau de Clifford, bureau qu'il connaît presque à la perfection, à force de détourner le regard durant les conversations, Edlys a apprit à observer tout ce qu'il se trouve dedans. Rien n'est secret à ses yeux ici. Avalant péniblement sa salive, son sourire reste figé, toujours le même. Il hoche la tête de haut en bas, après avoir fermé la porte, obéissant aux ordres de son psychologue. Cette fois, il n'y a plus qu'eux deux, la secrétaire ne peut pas les entendre, le prochain patient, si il existe, n'en saura rien de ce qu'il va se passer dans ce bureau. Personne ne sait jamais ce qu'il se passe ici. C'est la protection du métier, la protection de Clifford. Edlys a confiance en lui, même si parfois, il en a peur, sait-on jamais ce qu'il peut découvrir en l'observant. Edlys est plus que méfiant en arrivant ici, car même si l'endroit lui est familier, il ne s'y sent pas à son aise, malgré tout. La présence de Clifford n'y change rien, d'autant plus qu'il a l'impression que plus il le voit et plus les choses vont mal. Edlys se sent en danger lorsqu'il est en sa présence. C'est un psychologue, une menace pour tout ce qu'il cache en lui. L’éducateur fait quelques pas sur le côté, frottant ses mains ensembles avant de daigner s'installer sur le siège, après avoir eu l'autorisation de Clifford. « Bonjour. » Souffle-t-il doucement, la voix basse, presque timide.

Je me sens mal. Je ne sais pas ce qu'il se passe, j'ai l'impression que cette histoire va mal se passer. Je ne sais pas ce que tu as préparé, mais ça ne va pas. Je le sais que ça ne va pas, parce que j'ai mal, dès que je suis proche de toi, j'ai mal, partout.

Ses jambes se croisent, ses mains bougent sur ses cuisses, il gigote sur sa chaise, nerveusement. Normalement, Clifford le rassure dans ces moments-là, lui disant que tout va bien se passer et puis, il commence, lui demandant ce qu'il s'est passé durant la semaine, si éventuellement, il a rencontré de nouvelles personnes etc... les questions de routine d'un psychologue qui essaye d'apprendre ce qu'il se passe dans la vie quotidienne avant d'approfondir ses questions, cherchant ou se trouve le mal-être. Il y a toujours un mal-être. La gorge sèche, il hausse un sourcil lorsque Clifford lui annonce que cette fois, c'est lui qui parler et non pas Edlys. Sa sensation de mal-être ne fait que grandir. C'est comme lorsqu'un enfant à fait une bêtise, il se sent menacé, tout le temps et c'est ce qu'il ressent, une menace, sur sa vie qu'il croit paisible.

Non.

Le bruit du tiroir qui s'ouvre, Clifford sort un papier, un journal même, une photocopie d'un article d'un journal ? Edlys n'arrive guère à voir ce que c'est. Cependant, dès que les premiers mots se font entendre, il comprend. « Non. » Voilà ce qu'il dit, sa tête, automatiquement se secoue sur les côtés, il apporte sa main gauche à sa bouche et commence à mordiller les ongles. Il ne peut pas s'empêcher de secouer la tête sur les côtés, chassant toutes ses images qui lui viennent en tête. L'article écrit le lendemain du drame, il entend le prénom, les témoignages des voisins, les horreurs exposées avec des mots, alors qu'elle ne le peuvent pas. C'est trop, c'est intenable. Les larmes coulent de ses yeux. Pour la première fois depuis des années, il verse des larmes devant quelqu'un, il est confronté à son passé qu'il essaye d'oublier, dont il veut échapper. Ses paupières se ferment, se figent, se crispent. Edlys est incapable de parler plus, de dire d'autres mots, ses lèvres tremblent, comme tout le reste de son corps, sauf ses paupières qui continuent à lui voiler la face. Toujours de cacher de la réalité, ne jamais avoir à l'affronter et vivre dans son propre monde, celui-ci, sécurisé.

Non, tu n'as pas le droit de me faire une chose pareille Clifford. Pourquoi est-ce que tu as été fouillé dans mon passé ? Pourquoi ne pouvais-tu pas te contenter de moi, en face de toi, à raconter mes semaines monotones. Je te déteste. Tellement. Si tu savais à quel point je te déteste.

La rage est grandissante, elle est source de chaleur dans son corps qui le plus souvent est froid, pâle, livide et figé. Cette fois, cette chaleur est grandissante, elle lui donne de la force. Elles ne sont pas rares les fois ou il explose, ou il hurle et ou il devient violent, lui l'image lascive de son père. Lui, la violence salvatrice. « NON. » C'est un cri, venant de plus profond de lui, un déchirement. Son corps, désobéissant jusqu'à présent est de nouveau en place. Il est dressé, il a quitté son siège et ses mains, tremblent, comme jamais elles n'ont tremblé. Edlys pourrait le tuer, l'étrangler de ses propres mains et sentir sa vie le quitter sous ses doigts, mais il ne peut pas le faire, il n' pas le droit de ressembler à son père. Les larmes continuent de couler de ses yeux rouges et brillants. Il prend ses cheveux dans ses mains, tirant rageusement dessus avant de venir éclater ses mains sur le bureau, e brûlant les paumes avant de renverser l'intégralité des objets qui se trouvaient dessus. L'éducateur a besoin de se défouler, de faire partir cette rage avant qu'il ne lui fasse clairement du mal, parce Dieu sait qu'il en est capable.

« Pourquoi ? » demande-t-il dans un sanglot, regardant le massacre devant ses yeux, non, il n'est pas désolé de ce qu'il voit, ça lui fait du bien, de le faire souffrir, à son tour. Edlys ne veut pas être l'unique à ressentir de la douleur désormais. « Vous ne pouviez pas vous contenter de ce que vous aviez ? Quel est donc ce besoin de détruire vos patients ? Que cherchez-vous ? » Bien évidemment, il n'est pas au courant au sujet de la mort de son ancien patient, si il l'était, il serait en train de lui cracher au visage sans gênes et avec férocité. Edlys ne comprend juste pas, comment ce moment à pu avoir sa place, après tous leurs entretiens, pourquoi maintenant ? Il a passé une nuit de merde, il a encore les séquelles de celles-ci sur son visage, pourquoi, comme d'habitude il n'a pas posé des questions sur les marques de son visage etc... Pourquoi est-ce que tout a subitement changé ? Edlys ne comprend pas. « Vous n'aviez pas le droit, personne ne doit savoir. » Grogne-t-il méchamment, lui jetant un regard noir, cherchant quoi détruire en plus de tout ce qui était sur son bureau. « Je ne veux pas de mon tour. »  Ajoute-t-il avec un sourire, presque déformé. « Allez-vous faire foutre, vous tous, les psychologues. Vous ne servez à rien. Vous êtes des connards. » Il faut savoir qu'Edlys n'est généralement pas quelqu'un qui insulte, il utilise toujours les mains, les actes avant les paroles, faut dire aussi qu'il perd très souvent le contrôle de ses actes. Rien que la nuit dernière, il s'est battu, seul, et il a gagné, c'était un soulagement de défendre quelqu'un qu'on apprécie, mais la violence, sa violence qui est tapie dans son ombre, elle est destructrice, autant pour les autres que pour lui-même.

Lui, qui jusqu'à présent n'était que silence et mensonge est devenu haine et vérité. D'ailleurs, en parlant de ça, il n'hésite pas à reprendre. « Qu'est-ce que ça vous apprendre que mon père a tué mon frère jumeau ? Ça va vous aider à mieux dormir la nuit, parce que ce n'est pas mon cas vous savez. C'est plutôt le contraire. C'est ça que vous voulez savoir ? Que je vais mal ? Que je ne dors plus ? Que je pense à mon frère tout le temps ? POURQUOI VOUS NE POUVIEZ PAS RESTER COMME CA ? » Il termine en hurlant, frappant à nouveau ses mains sur le bureau, les larmes coulant de plus belles. Edlys est à bout, il est au bout. Il en a marre. Une nouvelle fois dan sa vie, il devient victime.

Tu as tout détruit Clifford, tu ne devais pas faire une chose pareille, tu ne me reverras plus jamais après ça, on va avoir mal tous les deux et j'espère que ça sera dur pour toi, tellement dur que tu n'en dormiras plus les nuits, j'espère que chaque souvenir de moi va te détruire, tous les jours, tout le temps même. Tu ne peux pas comprendre ce que j'ai vécu. Personne ne peut le faire, parce que personne ne connaît la vraie histoire.
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MessageSujet: Re: All this time when I talk it's not real, it's not real. ~ Clifford. All this time when I talk it's not real, it's not real. ~ Clifford. EmptyLun 5 Aoû - 20:08

Toi tu ne dis rien, pauvre fou. Bourreau des cœurs, tueur du passé ; tu aiguises les mots comme des lames. Une à une elles tombent, froides et lisses. Vois leur effet, contemple les larmes pourpres. Toi tu saignes. Tu sais, c'est à double tranchant cette histoire. Tout le monde croit que tu es un Jésus ; sans désirs. Pourtant, tu t’enivres bien. Tu espères même. Ça te rend fou, et tu étouffes le cri qui brûle à ta gorge. Tu abats des syllabes, comme un homme recharge son fusil. Tu enfiles les cartouches, une à une. C'est ça que tu fais. Ouvrir des trous béants. Laisser les plaies s'écouler. Faut avoir une sacrée paire de couilles, au final. Je parle du coup de grâce. Celui qui fait tomber les masques. Et les larmes, et le passé. Tu les vois ces visages, qui défilent sur ta tapisserie neutre. Ces pieds qui arpentent ton tapis neutre. Mais toi, bon sang ! Tu te composes une figure, c'est vrai. Bien travaillé. Une gestuelle attendue. Tu connais parfaitement la scène ; les didascalies, les répliques. Comme une mécanique bien huilée, au final. Tu te fais confiant, patient, compatissant. Tu scrutes, tu interprètes, tu analyses ; tout. Les détails ne t'échappent pas ; après tout ce temps, tu es rusé. Habile, tes yeux sont fins, accoutumés ; aux gestes trompeurs, aux voix fausses. Tu démasques vite le traumatisé. Tel un chasseur qui apprivoise le loup aux crocs dévoilés.

Mais on ne pense jamais au bourreau. On le déteste, on le méprise ; celui qui voit les faiblesses, sans ciller. Sans rien dire. Oui, ce putain de regard scrutateur. On le sent peser à son visage, à son corps. Il est là. On fait des blagues. C'est l’œil de Sauron. On souffle, on siffle ; vite à bout. Enfin, n'est-il pas fatiguant de darder son intérêt, comme cela ? De contempler si clairement les blessures, les souffrances, les traumatismes ? Personne ne pense à cela. Chacun se confond dans ses petits malheurs. Quant à l'ombre qui regarde ; qui comprend ; on s'en fout. Parfois tu voudrais être bête. C'est con à dire, pas vrai. Mais être simplement simplet. L'idiot du village ; heureux dans son ignorance. Mais non ; on t'a balancé dans le grand bleu. Des histoires de pédophilie, de viol, d'inceste. Des trucs dérangeants ; tu te demandes même si t'es pas un peu taré toi aussi. Enfin, on l'est tous plus ou moins. Tu dérives toi aussi, tu le sens. Car ces visages, ces pieds ; tout cela te mine. Avec ton collègue, vous vous faîtes des pauses café thérapie. Vous parlez du mal être que vous côtoyez au quotidien et qui vous atteint, forcément. Parfois vous aussi, vous n'ouvrez pas la bouche. Ouais, vous comprenez comment c'est dur. Votre compréhension vous tue à petit feu. Ton collègue se réfugie dans les hentai, la lavande et le milkshake.


Je le regarde, juste. C'est pas facile. Je me rends compte, un peu plus, que j'en suis fou. A le voir ainsi, déchiré, brisé, muet ; mon cœur se serre. Je le laisse à sa colère, à sa rancœur. Qu'il me déteste, allons bon. Il fut vain d'espérer. Enfin tu réponds. « Tu me demandes pourquoi ? Regarde toi. Dis moi que tu es satisfait de ta vie ! Regarde moi dans les yeux, et dis que tu es heureux ! Que tu dors bien ! Ou alors ça te plaît de souffrir, c'est ça ? Tu crois qu'il te faut porter un tel fardeau, mais quel héroïsme Edlys, vraiment ! ». Je m'arrête, touché. Cette phrase qui passe dans l'air, comme ça, tranquille. Détruire mes patients. Quelle opinion. Je repense à l'homme au sourire. Ça fait mal, et je cherche mon souffle. Les insultes te laissent indifférent. Une mélodie un peu réchauffée. « Moi, ça va rien me faire. En prenant ce journal, j'ai lu un fait divers. Point. Là c'est de toi qu'il s'agit. Ces lignes, écrites noir sur blanc, c'est ta vie. Tu te places en victime ; mais tu es ton propre bourreau. Vas-y, je t'en prie, continue ton train de vie. Je te dispense des rendez-vous. Celui-ci est le dernier. On ne se reverra plus. Vas donc, je ne te retiens pas. Je te dirais bien d'être heureux, de prendre soin de toi ; mais je sais que tu n'en as pas envie, au final. Tu crois que tu es le seul à souffrir, mais tu as tord. Ouvre un peu les yeux ». Je me détourne de lui, amer. Je prends le journal que je jette à la corbeille. Quel symbolique à ce geste ? Je ne veux pas y penser. Tout va trop mal. Je veux qu'il s'en aille ; qu'il reste ; qu'il se taise et qu'il hurle. Je veux qu'il prenne en compte qu'il n'est pas tout seul. Mais je demeure impuissant, désarmé ; j'ai même le cœur brisé.



Dernière édition par Clifford A. Eddington le Jeu 8 Aoû - 5:33, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: All this time when I talk it's not real, it's not real. ~ Clifford. All this time when I talk it's not real, it's not real. ~ Clifford. EmptyMer 7 Aoû - 21:24

A Quiet Darkness.

Cette colère elle est incontrôlable. Elle n'est pas inconnue, elle est dévastatrice. Edlys n'est plus lui-même lorsqu'il hurle, lorsqu'il frappe, lorsqu'il se venge, lorsqu'il fait du mal. Il n'est qu'une pâle image de son père, cet homme, violent, alcoolique qui a détruit sa vie et celle de son frère. Il l'oublie, souvent que son père était violent, il ne se voit pas en lui, heureusement. Il se suiciderait pour peu. Edlys n'est pas psychologiquement stable, cela ce voit, cet écart de colère, ça crève les yeux. Quelqu'un vient de briser son petit monde, son mur qui protégeait tout s'est écroulé d'un seul coup. C'est pire que d'arracher un sparadrap du premier coup, c'est tellement douloureux. Il en suffoquerait s'il faisait plus attention. Il est dévasté. Il ne s'attendant pas à ce que son monde s'écroule d'un seul coup, il croyait que personne n'allait savoir ici, que tout le monde s'en foutait, qu'il allait toujours rester le même. Clifford en a décidé autrement. A ce voiler la face, Edlys n'a rien vu venir. C'est pire que tout. Il pourrait sauter de la fenêtre. Non, il est trop énervé, il va certainement tuer Clifford. Il ira croupir dans une prison pour avoir tué son psychologue, ça serait une fin originale. Sans doute qu'il se fera battre en prison, lorsqu'on voit un gringalet comme lui, on fait le malin et on montre qu'on est le plus fort ensuite, il se suicidera si on ne l'a pas tué avant. Oui, ce sont bien les quelques images de son futur qui traînent dans son esprit qui tourne définitivement au ralenti, Edlys n'y arrive pas, à canaliser toute cette colère, elle est trop forte. Le voilà qui glisse ses longs doigts dans sa chevelure qu'il serre férocement, poussant un grognement plaintif. Lui, cette petite bête asociale dont tout le monde n'en a rien à faire souffrir le martyr et hurle sa douleur, publiquement. Certainement que la secrétaire et les personnes dans le couloir ne sont pas passées à côté du vacarme, après tout,t toutes les affaires de Clifford sont par terre, elles se sont écrasées, elle se sont brisées sous leurs yeux. Même si le psychologue ne semble pas y prêter attention, cela en doit pas être le cas réellement ? Ce sont ses affaires après tout. Il doit se sentir mal, peut-être même avoir peur de cette colère, cela devrait se passer comme ça, mais non. Clifford est là, stoïque, il se défend avec ses armes favorites, ses mots. Ils sont eux aussi, puissants, certainement plus forts que des coups de massue.

La grimace sur le visage d'Edlys ne fait que devenir de plus en plus difforme, l'envie de hurler, encore et encore et ensuite de tout oublier, de se réveiller dans un lit, dans les bras de son frère et puis, tout recommencer, avoir cette vie qu'on lui a tant refusé. « Comment voulez-vous que je sois heureux avec de telles pensées ? Vous vous attendiez à ce que j'oublie toute cette histoire quelques années plus tard ? Non. Vous croyez que j'ai le choix de ne plus voir le drame ? NON. Dès que je ferme les yeux, il est là, devant moi, il prend mon frère et je l'entends hurler, hurler encore et encore jusqu'à ce que tout s'arrête. J'ai essayé de ne plus y penser, j'ai essayé de tout faire et puis j'ai abandonné. Lâchement, j'ai essayé de m'habituer à ses visions et à faire avec. MAIS C'EST TROP DUR. » Ce qu'Edlys ne comprend pas, c'est comment un homme comme lui peut rester comme ça et lui asséner des mots aussi cinglants sans rien connaître de son histoire, après tout, il n'a jamais été dans sa tête et pour Edlys, tout ce qu'il fait, c'est ce qu'il doit faire, et bien évidemment, la seule chose qu'il peut faire. L'homme est incapable de se battre plus, et pourtant, il a essayé. Pas longtemps, mais c'est  terminé, il vit avec sa douleur et puis c'est tout. De l'aide, jamais Edlys n'en a voulu et pourtant Clifford est là, tout le temps et il essaye de le faire parler, tombant toujours sur une coquille d’huître, impossible à ouvrir, cependant là, il vient de la faire exploser en mille morceaux. « Qui... Qui peut m'aider à porter ça ? » Souffle-t-il finalement, d'une voix sans souffle, fatiguée, sourde. Il a besoin de quelques secondes pour se reprendre, il vient de hurler, le calme, quelques secondes et tout ira mieux pour la suite.

Je ne sais pas ce que je vais faire de toi Cifford. Je ne sais même pas ce que je vais faire de moi maintenant. Est-ce que je dois m'en aller, une nouvelle fois, recommencer à zéro avec des personnes que je ne connais pas ? Je n'en sais rien. Tu as tout détruit, ce que j'avais, ce que je pensais contrôler. La bête qui est en moi, elle te hait Clifford, elle veut te manger, elle veut te dévorer, jusqu'à la dernière miette, que tu souffres, que tu comprennes la douleur dans laquelle elle vie, la douleur qu'elle partage avec elle-même. Les mensonges dont elle est constituée. Clifford, tu étais beau avant. Tu étais parfait. Clifford, tu étais mon Clifford, pourquoi tout ceci dois changer ? Ne pouvons-nous pas retourner en arrière, fermer les yeux et recommencer comme avant ? Moi, te mentir et toi, faire semblant de me croire, tu serais toujours mon pilier et tu sais. Un jour, peut-être, je ferai un pas en avant et je te raconterai. Je serai sincère, je pleurerai, sans doute. Nous pouvais-tu pas attendre le déluge, comme tout le monde ?

Le calme pointait le bout de son nez, mais rapidement, la colère, n'attendant que ça refait surface, sans prévenir. Son regard, plus que noir s'abat sur le psychologue, ses mots, redoutables ne font qu'aiguiser les crocs d'Edlys qui n'attendent que de se jeter sur leur proie. « ELLES SONT MENSONGES. Ce n'est qu'un ramassis de mensonges. » Hurle-t-il avant de frapper une nouvelle fois avec violence son poing sur la table. « Ce sont les mots d'un journaliste, les mots d'un menteur. On ne peut pas écrire sur ce genre de choses, il n'a pas vécu ce que j'ai vécu, il n'en savait rien. JE LE DÉTESTE. » Ajoute-t-il avant de repasser ses mains sur son visage, tournant sur place comme un lion en cage. « Parce que vous croyez quoi ? Que c'est Skylar qui est mort ? Oui, bien évidemment, parce que c'est ce qui est écrit. C'est sur le papier. CE N'EST PAS MA VIE. C'est Edlys qui est mort ce jour là. Il a donné sa vie pour sauver la mienne. Il n'en savait rien lorsqu'il est venu le tirer du lit. Il m'a sourit et m'a lancé ce regard, celui qui dit que tout va bien se passer. IL EST MORT. Il n'est plus là pour me protéger. » Ses yeux se remplissent de larmes, celles-ci se mettent à couler, abondamment sur ses joues. Il évacue cette douleur, c'est horrible. Sa main droite glisse sur sa poitrine qu'il serre rageusement, il a mal. Son regard se pose sur le journal, qui vient de glisser dans la poubelle un geste qu'il n'analyse pas et pourtant, il ne peut s'empêcher de regarder ce bout de papier dépasser de la corbeille, comme si quelqu'un venait de renier son passé. « Et vous aussi. Vous allez vous en aller. » Il se rapproche de Clifford, les mains tremblantes. « Vous allez m'abandonner. » Il pose ses mains sur les épaules du psychologue, le poussant, jusqu'à ce que son dos tape contre le mur. « Vous ne vous sentez pas de taille ? Vous avez peur d'être responsable de ce qu'il va se passer par la suite ? Vous ne voulez pas tâcher votre réputation d'un échec comme le mien ? C'est ça ? C'EST CA ? » Il termine en hurlant, serrant convulsivement le col de la chemise de Clifford, son visage à quelques centimètres du sien. Il le regarde, les yeux remplis de rage, noir et rouge en même temps, de la colère et de la tristesse.

Pourquoi est-ce que toi tu en souffrirais de cette histoire Clifford ? Pourquoi toi, est-ce que tu t'intéresses à moi ? Je ne suis qu'un patient, l'un de ceux que tu vois toutes les semaines, tu ne fais que m'écouter, que me répondre et que prendre des notes lorsque je suis avec toi. Jamais il ne s'est rien passé de plus et pourtant, je ressens quelque chose dans ta voix, quelque chose qui fait encore plus mal. Tu vois Clifford, je ne fais que souffrir quand je suis avec toi et pourtant, j'en redemande, peut-être que tu n'as pas tord, peut-être que j'aime ça, la douleur, celle d'être à tes côtés. J'ai beau dire que je te déteste, penser que je peux te tuer, tu le sais que ce n'est pas le cas. N'est-ce pas Clifford, tu dois le savoir ça, que je ne suis pas capable de te faire du mal, même si j'en ai l'air. Tu es Clifford après tout. Je ne suis qu'Edlys, ou plutôt, Skylar, l'enfant chétif, celui qui n'avait pas d'amis, qui restait dans l'ombre, qui n'était pas brillant et qu'on appelait la tapette et ça, même à cinq ans. Tu dois me protéger Clifford, tu ne peux pas m'abandonner, tu n'en as pas le droit.

C'est la première fois qu'Edlys a parlé de tout ça. Jamais jusqu'à présent, il n'avait révélé le détail de l'échange des prénoms, personne n'était au courant, même pas sa mère, et encore, même si il lui avait dit, elle ne l'aurait jamais cru, ni même retenu tout simplement.  L'éducateur ne s'en rend pas compte, mais il vient de s'ouvrir sans le savoir, de lancer son plus gros secret aux oreilles de l'homme qui vient de lui infliger la seconde blessure la plus forte dans toute sa vie, après la mort de son frère jumeau. Peut-être que c'était ça qu'attendait Clifford. Peut-être qu'il a gagné au final, qu'il a eu ce dont il avait besoin pour la suite, pour le faire parler. Si c'est ce qu'il croit, il n'a malheureusement pas gagné. Edlys peut en parler maintenant, sous la colère, la peine et la douleur, mais plus tard, quand sa carapace sera de nouveau étanche, il faudra tout recommencer, utiliser une nouvelle technique. Même si il sait. Enfin, Clifford ne veut plus le voir, il le quitte, comme tout le monde. Est-ce donc déjà la fin ?
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