PRÉNOM OU PSEUDO ◮ Vanessa
ÂGE ◮ Dix-sept ans
SEXE ◮ Féminin
Où AS-TU DÉCOUVERT LE FORUM ? ◮ Via le top' obsession27
QU'EN PENSES-TU ? ◮ Pour l'instant, pour le peu que j'en ai vu, j'le trouve très classe. (a)
FRÉQUENCE DE CONNECTIONS ◮ Disons 5/7 à tendance 6/7
MOT DE LA FIN ◮ Les huîtres domineront le monde !

« Ils doivent mener un de ces trains d'vie ces Howard à la con. » Je regarde un instant le mec à ma droite puis reporte mon attention sur l'immeuble avec un immense "Howard" placardé sur la face. « Ça tu l'as dit. » J'ai faillit ajouter "Bouffi", mais on m'aurait tout de suite cataloguée dans le rayon des blondes débiles. Pas que l'avis d'autrui m'intéresse particulièrement, pour vous dire je m'en contre-escalade comme de ma dernière paire de chaussettes, mais je suis intolérante à l'intolérance. Pas la peine de nourrir des préjugés tellement énormes que même un Sumo paraitrait anorexique à côté. En revanche, je conçois parfaitement que l'antithèse employée puisse paraitre paradoxale. Bref. J'aurais bien critiqué ces "Howard à la con" avec lui... S'il n'était pas ici question de ma propre famille. Ouais, vous voyez, ça, ça appartient à mes parents : de très célèbres avocats et accessoirement "des citoyens honorables et exemplaires", dixit le maire. Attention, je les aime bien mes parents, n'allez pas croire. Mais des fois, leur culte de l'argent me fait peur. C'est un peu comme si le fric se subsistait à Dieu et le pouvoir à son prophète. En même temps, je ne m'en suis jamais plainte adolescente, quand je faisais brûler leurs cartes bancaires. Fort heureusement pour moi, derrière leurs airs de magnats de la Cour se cachent en réalité de gros bisounours, prêchant à qui veut l'entendre les bienfaits des valeurs familiales. D'ailleurs, je peux vous dire que j'en ai bouffé -et vomi- des dîners de famille ! Sans mauvais jeu de mots. Visiblement plus intéressée par mes réflexions que par la discussion nouvellement entamée avec l'inconnu, un certain Sam... Shane, enfin un truc dans le genre, je ne remarque pas de suite ses regards insistants et ses phrases un peu trop lourdes. « Bon. C'est pas tout ça, mais je me fais chier moi, alors je pense que je vais y aller maintenant. » Ses yeux passent instantanément de ceux d'un inséparable transi d'amour à ceux d'un merlan frit. Je ne préfère pas lui laisser le temps de me suivre, alors je me mets illico presto à descendre la rue. Un « Attends, tu ne m'as même pas donné ton nom ! » bourdonne en bruit de fond à travers le ballet de klaxons et de sonneries téléphoniques. « Birdee. Birdee Howard. Tu sais, l'une de ces "Howard à la con". » Ma voix s'élance dans les airs sans que je ne daigne me retourner. Un vif signe de la main en guise d'adieu et hop, je m'évapore à travers la foule telle Susan Storm, la femme invisible des quatre fantastiques !

Je ne m’apitoie jamais sur mon sort. Se morfondre, c'est pour les faibles et fuir les problèmes ne fera pas apparaitre le magicien d'Oz. Faites-y front et mettez leur un bon coup de pied au cul -métaphoriquement parlant certes- ! Et puis, même si vous vous plantez, au moins, vous aurez eu le mérite d'avoir essayé. On apprend toujours de ses erreurs... Et aussi de celles des autres en fait. Parce que si nous n'apprenions que des nôtres, nous ne vivrions pas bien longtemps. Aussi loin que mon gruyère de cerveau puisse remonter, je n'ai pleuré que deux fois au sein de mon existence. La première, c'était quand je portais encore des couches culottes qui schlinguaient le yéti : mes parents se lançaient des vases à la figure. Depuis, je me suis habituée à leur amour vache ; rassurez-vous, je porte un casque de sécurité lorsqu'une scène de ménage éclate. De toutes façons, j'ai lâchement déserté le champ de bataille -comprenez le domicile familial- dès que j'en ai eu l'âge. La deuxième, c'est quand Maeve m'a annoncé ses fiançailles. Et croyez-moi, ce jour-là, je peux vous assurer que je ne pleurais pas de joie. Évidemment, je n'ai pas fondu en larmes devant elle, j'ai eu la décence d'attendre qu'elle parte. Il me reste un minimum d'honneur. Maeve c'est qui ? Eh bien, Maeve c'est ma meilleure amie depuis l'époque du bac à sable. Celle avec qui je partage tout, celle avec qui j'aime passer du temps, celle avec qui je me sens complète, celle pour qui j'ai le béguin -bon d'accord, plus que le béguin-, celle pour qui je fais et dis n'importe quoi, celle pour qui mon cœur bat tout simplement. Bref. Il ne faut pas être Albert Einstein pour comprendre que je l'aime et que c'est réciproque. Moi qui croyais qu'en lui laissant du temps, elle finirait par s'affirmer auprès de son père fouettard. Qu'après ces baisers et ces nuits ensembles, elle finirait par se confronter à la réalité... Quelle naïveté. Je me demande comment j'ai pu y croire et surtout comment je continue d'y croire. L'espoir fait vivre dit-on. Malheureusement, mes sentiments ne sont pas une carpette sur laquelle on peut essuyer ses chaussures pleines de crasses à tout va. Alors sur l'instant, quand elle m'a demandé d'être son témoin, je l'ai simplement envoyée balader sur un joli champ de roses. J'ai fini la soirée en me tuant à coup de crème glacée choco-banane et de vieux films romantiques. Je n'ai d'ailleurs jamais utilisé autant de mouchoirs que cette nuit-là.

J'ai l'impression qu'un troupeau de yaks en furie vient de piétiner mon cerveau et que des étoiles dansent la cucaracha devant mes yeux. Je suis habituée à prendre des cuites monumentales, mais là, je crois que je bats des records olympiques. En même temps, ça faisait un bail que je n'étais pas passée en boite... J'ai dû me rouiller. Allongée dans mon lit tel un mollusque de mer, je tâtonne à ma droite pour espérer atteindre le Saint Graal -ou l'aspirine pour les puritains-. Mes vaines tentatives n'ont malheureusement réussi qu'à réveiller la deuxième occupante du lit. Note à moi-même : la prochaine fois, vérifier que je suis seule avant d'entreprendre quoi que se soit. Ça m'évitera de baffer des gens de bon matin... Et de donner à mes conquêtes une raison de plus pour me détester. Mon regard se tourne instinctivement vers mon invitée. Comment je sais que c'est mon invitée et pas l'inverse ? Il n'y a que moi pour avoir peint le ciel gris de Londres sur un plafond. J'ai même vérifié les motifs des oreillers... Au cas où. « Bonjour... » Oui, au réveil, ma répartie est aussi vivace que le don de parole chez une huître. Visiblement, je n'ai pas besoin de répartie pour me faire apprécier, puisque la jolie brune vient déposer un chaste baiser sur mes lèvres. On dit que le cul est une expérience vide sans amour. Certes. Cependant parmi les expériences vides, c'est la meilleure. C'est sûr que si ça avait été Maeve, j'aurais été en mode "je-vois-la-vie-en-rose", mais que voulez-vous, parfois il faut se contenter de ce que l'on a... En l'occurrence, ici, la personnification d'Aphrodite. D'ailleurs je crois que je connais cette fille. Celle qui squatte mon pieu. Le temps que mon cerveau effectue les connexions et les branchements nécessaires... « Charlie ? » OH MERDE ! Charlie. Oh. Mon. Dieu. Ma sœur va m'éviscérer et donner mes yeux à picorer à des corbeaux ! Je sors du lit en vitesse et regarde ladite Charlie d'un air désespéré. La seule personne qui m'ait jamais fait peur, c'est bien ma sœur. Et elle m'a explicitement demandé -ou commandé selon les points de vue- de ne pas toucher à son cercle d'amis proches. « Sasha va me tuer... » Soudainement, je me rappelle que c'est précisément à cause de ce genre de complications que je ne sors presque plus la nuit. Alors oui, l'image de Maeve qui hante mon esprit un peu plus chaque jour y est également pour quelque chose. Mais c'est un détail !... Bon, d'accord, disons un gros détail. Un « Je vais parler à ta sœur, ne t'en fais pas. » vient alors chatouiller mes oreilles. Seule une petite partie de la tension s'évapore à l'énonciation de cette formule magique, mais c'est visiblement suffisant pour que mon corps fatigué retourne s'effondrer sur le lit. Je dois encore décuver.

Je déteste quand mes parents me regardent de cet air sérieux qui me fait me sentir coupable de quelque chose. Surtout quand je n'ai rien fait pour... C'est vrai, je n'ai jamais été aussi sage et responsable de ma vie ! Je mène une carrière irréprochable et mon comportement est digne de la Sainte Vierge. Que veulent-ils de plus ? « Carol-Lynn... » Oui, ils m'appellent toujours Carol-Lynn. Et ce sont bien les seuls. Mais passons. L'instant a l'air grave. « Ta sœur... » Ma sœur quoi ? Qu'est-ce qu'elle a encore fait ? Je repense alors à Charlie : la seule ombre au tableau depuis que Maeve occupe mon esprit de manière quasi-exclusive. Une ombre pour laquelle ma frangine a faillit me zigouiller en fait. J'ai cru que ses mains allaient sortir du téléphone pour venir m'étrangler. Peut-être qu'il y a un rapport quelconque entre les deux ? Le silence pesant s'installe sur notre petite assemblée. Un silence que je m'empresse de briser. « Quoi ? Elle a des problèmes ? » Mine de rien, je m'inquiète, parce que ma sœur et moi, c'est un peu comme Bonnie & Clyde. On est genre... Inséparables dans nos conneries. Inséparables tout court en réalité. D'ailleurs, c'est la seule qui m'épaule réellement depuis que je boude Maeve. « Ta sœur est enceinte. » Ma mâchoire a faillit se détacher à cause du choc. « Mais c'est super ! » A voir leurs têtes de déterrés, j'en déduis que non, ce n'est pas super. Mon énorme sourire s'efface immédiatement. « Elle n'en veut pas. » Effectivement, c'est moins super d'un coup. L'avortement ne m'a jamais dérangée outre mesure. En revanche, pour mes parents, c'est une autre paire de manches...

... Et vous savez quoi ? Elle a quand même avorté. Déshéritée, elle s'est auto-invitée chez moi pour une durée indéterminée. Au moins, sa présence me permet de ne pas sombrer dans la monotonie. Mais je sens que je vais bientôt craquer. Il faut que je vois Maeve. C'est viscéral. Ça me bouffe les tripes. Voila comment à vingt-quatre ans je me retrouve avec une squatteuse à charge et le cœur en mille morceaux. Vive moi. Vive ma vie.