PRÉNOM OU PSEUDO ◮ Maricochet, Maritournelle, Marionette, je continue ? 8D C'est votre Jojo national ÂGE ◮ dix-sept ans et déjà malade mentale, c'est grave hein éè SEXE ◮ euuuh O.O je me souviens plus *out* OU AS-TU DÉCOUVERT LE FORUM ? ◮ C'est Rhysounet mon amoureuse qui me l'a filé y a quelques temps . QU'EN PENSES-TU ? ◮ je suis amoureuse de vous les gens. FRÉQUENCE DE CONNECTIONS ◮ t'as pas remarqué ? Je hante le forum, j'suis toujours la 8D. MOT DE LA FIN ◮ AUTRUCHE.

Un deux trois quatre. La musique fendait les airs. Elle envahissait la pièce, elle emplissait ses poumons, elle faisait battre son coeur. La musique était un tout, et un rien. Et son corps se laissait emporter au rythme du piano, et ses pieds suivaient le tempo endiablé des doigts s'enfonçant sur les touches noires et blanches. Cette nouvelle vie prenait possession de son âme, et le temps s'arrêtait un instant. Ses gestes n'étaient plus siens. Son corps se perdait dans la mélancolie des notes. Son âme s'envolait, indéfinissable en cet instant magique. Et il n'était plus lui même, ou bien si, au contraire. Il devenait lui même, dans son entièreté la plus totale. Et les faux semblants s'effaçaient, et les mensonges disparaissaient. Et son masque d'homme se désintégrait, ne laissant place qu'à l'âme, et l'âme seule. Une entité sans visage qui ne vivait qu'au son classique et entêtant de la sourde mélopée. Et dès lors Thomas Hudlow disparaissait, laissant place à ce corps galbé et en constant mouvement. Plus rien n'avait de place dans l'esprit de l'homme, rien d'autre que la mélodie, ariette qui laissait ses souvenirs valser avec lui, comme une compagne éternelle, douloureuse mais vitale.
« Bah alors Hudlow, tu n'as pas pris ton tutu avec toi ? Que c'est dommage, moi et les copains on avait tellement envie de te voir en petits chaussons roses, ça te va tellement bien. » « Oui je sais, cette couleur est parfaite pour mon teint de porcelaine mais je suis certain qu'elle t'irait aussi » Le gamin avait osé un sourire, affrontant du regard son agresseur entouré de ses sbires. C'était ainsi depuis six ans, et les batailles n'étaient pas rares. Le fait d'assumer cette partie de lui même avait été atrocement difficile, mais il avait réussi à imposer son choix à sa famille rapidement. Ses amis aussi s'y étaient fait, ainsi que le reste des gamins au fil du temps. Ne restait plus encore que quelques idiots, tous gracieux comme des vaches en train de paître. Thomas s'était un jour figuré qu'ils étaient simplement jaloux. Jaloux parce qu'il était différent, jaloux parce qu'il était talentueux. Puis il avait eu dans l'idée qu'ils avaient justes peur de lui, de ce qu'il représentait. Mais à quatorze ans il s'était fait une raison. Il passait pour faible de part son gout pour la danse, et finirait sa vie à redouter le regard des autres. Sa seule chance serait d'avoir une grande carrière, tel une star. Mais cela n'arrivait pour ainsi dire jamais aux petits gamins de Chicago. Alors les gros idiots continuaient à le harceler. Encore et toujours. Il y avait tant à dire sur lui. Il était mince et loin d'être impressionnant. Il était le seul garçon du cours de danse classique. Sa mère avait été la maîtresse d'un homme, et il vivait désormais avec cette famille recomposée et sans honneur. Au moyen-âge, les garçons comme lui étaient nommés bâtards. Mais désormais ce mot ne voulait plus rien dire. Il n'était rien d'autre que la taffiole de service, une femmelette parmi les autres si l'on en croyait ses agresseurs. Et l'enfant, d'abord blessé par ces mots et ces actes, s'y était habitué. Et il ne faisait plus rien que de pisser sur tout ces idiots qui le jugeaient. Parce que lui osait être lui même. Et si il aimait la danse et bien tant pis. Sa famille le poussait à suivre sa voie, même ce grand frère dont il avait hérité un beau jour de printemps. Il était un enfant comme un autre qui s'épanouissait. Il avait simplement l'obligation de lutter plus que les autres, de faire plus de sourires hypocrites et de s'affirmer un peu plus. Il en était devenu féroce, d'une force qui le portait à défier plus fort que lui, ce qui finissait souvent mal. « Qu'est ce que tu viens de dire là ? Répètes un peu pour voir ?! » « J'ai dit que le rose t'irait bien gros lard, besoin d'un sonotone ? » Et il resta la, sans baisser les yeux, alors que le garçon d'une tête de plus que lui devenait rouge de colère. Et le reste s’enchaîna à une vitesse d'enfer. D'abord les sbires qui se jettent sur lui. Des garçons de son âge qui lui attrape les poignets pour l'empêcher de fuir. Puis son agresseur, le chef de bande, relevant ses manches tel un caïd de film de cow-boys. Et les coups pleuvoir jusqu'à ce que sa perception de la réalité devienne flou. Plus rien d'autre que diverses douleurs et du sang s'écoulant de son visage. Et une voix, celle de Nikolaas, furieux et plus grand que toute ces brutes. Nikolaas qui les faisait fuir, comme toujours. Nikolaas qui le relevait et essuyait le sang coulant de sa lèvre, un flot parmi beaucoup d'autres comme toujours. « Eh, rien de cassé gamin ? » Et un grand sourire de la part du plus jeune. « Pff, j'allais leur foutre la pâté, trop facile » Et un rire avant de sombrer pour un moment. Habitude qu'il ne perdrait pas tout de suite, habitude qui le forgeait petit à petit.

Cinq six sept huit. L'odeur d'un corps en pleine action. Les gouttes de sueurs roulant avec langueur dans le creux de ses reins, sur sa nuque chaude, ainsi que sur tout le reste de son corps gracile alors que ses gestes se faisaient plus précis et son souffle plus haché. Rien d'autre que la mélodie, et le bruit de son corps fendant l'air tel un oiseau. C'était ce qu'il était. Oiseau de nuit, silencieux et discret, élancé et léger. Pas un homme, pas une femme. Un danseur. Une note de musique. Un pas. Non, des pas. Rien d'autre que la sensation de ces gestes à travers l'univers. Des gestes pour faire rêver les uns et oublier les autres. Et pour ne pas penser. Ne pas penser au reste, ni à lui ni aux autres. Surtout pas aux autres. N'être rien d'autre que le chant sourd des notes, qu'un simple la parmi les sol, les si et les do. Un son, un souffle, une corde vibrant à l'unisson d'autres cordes. Un son ce jouant au rythme de ses pas, ou bien était-ce l'inverse, peu être était-ce ses pas qui suivaient la musique. L'un suivait l'autre, et l'autre suivait l'un. Cercle infernal, cercle infini, cercle céleste qui se jouait dans la salle de répétition.

« Encore toi ici Hudlow ? On ne t'a donc pas dit que j'aurais le rôle ? » « Balzac comme on se retrouve ! Si je me souviens bien la dernière fois tu as eu le rôle en effet, et moi ta nana. Et vu le fiasco qu'à été le ballet je suis plutôt content de mon choix. » « Fermes la abruti. Tant que j'ai les rôles gardes donc mes déchets. Je finirais danseur et toi proxénète. » Un sourire s'empara du visage du danseur. Devant lui se tenait Galaad de Balzac, danseur renommé. Aussi renommé que lui. Ils étaient tout deux les stars du corps de ballet de New-York. Deux danseurs talentueux qui voulaient briller, et écraser l'autre par la même occasion. L'écraser comme une mouche sur tout les terrains, et prendre la place qui leur était du. Et tout y passait, aussi bien les rôles que les filles. Tout, même les amis. Cette guerre était sans pitié pour les deux cotés, et faisait de nombreux dégâts hors de leurs petites personnes. Avec un sourire féroce Thomas s'avança, regardant l'autre dédaigneusement, comme dégoûté par l'être qui lui faisait face. « Mot sagement choisit, je suppose en effet qu'il te faut payer pour avoir qui que ce soit Galaad. Maintenant casses toi, j'ai un jury à impressionner, je n'ai pas de temps à perdre avec toi. » Et rapidement il passa à coté de l'autre homme sans même lui adresser un regard, se contentant de donner un coup d'épaule dans le corps tout aussi frêle de son ennemi. C'était ainsi depuis longtemps désormais. Ils se disputaient les rôles et les femmes. Deux talentueux danseurs qui évoluaient au milieu de groupes de filles, filles qui se sentaient bien souvent seules. Et ils voyageaient de troupes en troupes, de pays en pays, toujours engagés dans les plus beaux ballets. Aussi, chaque rencontre entre les deux gamins n'était que plus féroce que la précédente, si bien que leurs collègues femmes avaient prit la sage habitude de fuir lorsqu'ils se retrouvaient dans les mêmes pièces. Cette compétition cependant avait du bon. Chacun voulait être supérieur à l'autre, prouver son talent et prendre la place qui lui était du. Et cette infernale compétition durait depuis ce qui lui semblait être toujours. La où des hommes intelligents se seraient liés pour se soutenir dans les épreuves, les deux s'amusaient à se défier pour se grandir. Attitude qui au fond n''avait que peux d'utilité pour beaucoup de défauts. Dans les domaines des arts et du spectacle, l’amitié fait avancer là où la haine entrave. Ils se mettaient des bâtons dans les roues au lieu de s'entraider. Ils se lançaient des pics au lieu de se rassurer mutuellement. Pire encore, ils se défiaient en public au risque de passer pour des rustres devant de potentiels recruteurs. Deux bêtes féroces qui ne savaient rien l'une de l'autre mais qui continuaient à mordre coûte que coûte, dans le simple but d'affaiblir. Ils savaient que cette lutte faisait de trop nombreux dégâts, mais il est si jouissif de voir l'objet de sa hantise sombrer dans l'oubli.

Un deux trois quatre. Les battements de son coeur, cadence douce réglée tel un métronome, emplissait ses tempes. Plus un autre bruit que celui-ci, plus aucun autre mouvement que le sang dans ses veines et son corps dans l'air chargé de la salle. L'effort était éreintant, mais les cris silencieux de son organisme n'étaient plus désormais que des encouragement à continuer. La fatigue ne prendrait pas le dessus, pas encore. Pas alors que la frénésie de la musique le tenait, pas alors que la force des notes l'accompagnait dans son envolée chimérique. Peu importait les douleurs, les crampes et les fatigues. Il devait continuer, continuer jusqu'à l'épuisement. Continuer jusqu'à ne plus tenir debout, comme avant, comme toujours. Et son coeur battait, encore et encore. Tambour battant dans l'étroit corps fait de muscles et d'eau. Finesse tranchant avec ses traits ronds, ses yeux profonds et ses cheveux sombres. Contraste entre douceur et brutalité. Gestes rapides, violents, gracieux et contrôlés. Pas enivrants, rondes célestes, et tout compte fait, simple virtuosité des gestes.

« Alors j'étais comment ? » « Tu étais parfaite. Tu es toujours parfaite. » Un sourire idiot avait prit place sur le visage du professeur. Devant lui se tenait Eledwen, jeune femme brune au talent indéniable et au nom bien trop connu à son gout. La soeur de son ennemi, qui l'aurait cru ? Mais après une vilaine blessure il avait du renoncer à sa carrière et s'était résigné à enseigner dans sa ville d’origine. Bien sur il avait été heureux de retrouver son frère, sa famille, ses amis. Mais le manque de la scène, le manque de la foule, le manque de la danse. Tout ça le tuait. Il donnait les cours sans vraiment y croire, ne trouvant la perle rare qui lui redonnerait gout à la danse. Ne la trouvant pas avant l'arrivée de Dwen, dont l’arrivée l'avait éblouit dès le premier regard. Femme magnifique aux traits fins et au corps fluet. Danseuse émérite qui avait su faire chavirer son coeur, la première à véritablement l’envoûter. Amour, drôle de chose que cette sensation. Comme des milliers de violons accompagnant les pas d'une étoile devant les plus grands palais. Amour, danse charmeuse qui avait attrapé son coeur au détour d'une scène. Et malgré tout, malgré les âges et les regards, il était tombé dans le panneau des sentiments. Et ils se cachaient, comme en cet instant, dans les coulisses du show. Sa performance l'avait ébahit. Bien sur il savait son talent, et l'avait entraîné assez durement, ne laissant place à aucuns moments de répits. Mais de tels sentiments étaient passés dans les gestes de la jeune femme qu'il n'avait pu voir les imperfections de ses mouvements. Il n'avait rien vu d'autre qu'elle. Et il était accouru si tôt le show fini, avait attrapé l'un de ses doux poignets et l'avait emmené dans une remise, recoin sombre dans les coulisses, backstage mystérieux et vide alors que les clameurs continuaient juste à coté, tout près d'eux mais à miles lieux du couple encore jeune. Et arrivé à ce sanctuaire il ne pu retenir ses émotions plus longtemps. Et sans plus de cérémonies, il l'embrassa. Pas de l'un de ces baisers ardents qu'échangent les amants. Un baiser d'amour profond, de ceux que l'on fait quand on respecte l'autre et qu'on l'admire. Baiser long et silencieux, jusqu'à ce que les bouches se séparent, invitant à entrer le plus d'air possible. Et Tom posa une de ces mains sur la joue de la jeune femme, l'autre toujours sur son poignet. Ses yeux enfouit dans les siens il se remit à sourire, le coeur battant à tout rompre et la joie empreignant tout son corps. Il ne la voulait qu'elle, elle et personne d'autre. Elle était jeune bien sur, bien trop jeune. Ils auraient des ennuis si tout cela ce savait. Il aurait des ennuis si le frère de la jeune femme apprenait. Mais le risque valait le coup d'être courut. Pour elle, tout les risques étaient bons à prendre. « Tu m'as tellement manqué. Je suis désolé si j'ai été dur avec toi, tu sais ce que c'est, le gala la pression, tout ça... » « Oui je comprends, t'en fais pas. Mon frère m'a collé toute la semaine, je suis désolé. Tu m'as tant manqué Thomas... » Et un baiser, et un autre, et encore un. Ils ne pouvaient plus respirer autrement qu'à travers les lèvres de l'autre, et s'en contentait. Amour, sentiment idiot qui faisait faire des choses idiotes, mais pour rien au monde il n'aurait préféré une autre. C'était elle. Pour elle il aurait donné jusqu'à sa carrière. Pour elle il aurait abandonné son monde. Pour elle il aurait laisser sombrer sa passion dans l'oubli. Par amour pour elle.

Cinq six sept huit. Des pas, encore des pas, toujours des pas. Des sauts, des pauses, et à nouveau des pas. La danse, non pas la danse académique, mais la sensation de voler à travers les sons. Ces gestes improvisés, nés de sensations, de sentiments et de souffrances. Danse symbolique, presque un rituel, presque une cérémonie. Les notes s’enchaînaient tel les idées, ne laissant plus la place au souffle, à la vie. Et son esprit se perdait dans les tourbillons qu'il formait. Plus rien n'avait d'importance, plus rien n'existait. Rien d'autre que la salle de danse, cette scène de cartons qui était devenu sa prison dorée au fil des années. Rien d'autre que cette salle et la musique. Rien d'autre que les accords s’enchaînant, les sensations s'envolant et le corps vibrant. Un trop plein de perception, un débordement d'émotions contrastés, palette immense de couleurs. Ce lac de vie, puis plus rien. L'immobilité. Le silence. La mort. Et Thomas qui éteignait la lumière avant de quitter son sanctuaire.

« Dwen, pourquoi... » Les larmes aux yeux, Thomas fixait la photo qui lui faisait face. Un couple heureux. Une jeune femme brune souriant, heureuse, dans les bras d'un homme plus vieux, les yeux emplit de bonheur. Ce couple qu'il semblait ne pas connaitre. Qui semblait ne jamais avoir existé. Lui, et Eledwen. Un mensonge, une folie, une douleur sans fondement ni fin. Elle était partie, voilà tout. Après une stupide dispute, fruit de nombreuses autres. Tout ça parce qu'il n'avait pas été capable d'aimer une fille de son âge, une fille qui n'aurait pas été son élève. Elle était encore, aux yeux de la loi du moins, mineure. Et lui aurait trente ans d'ici peu. Elle avait sa vie devant elle, lui ne voulait que reconnaissance et vie tranquille. Fonder une famille, se marier, devenir quelqu'un de posé. La danse lui avait apprit une vie de nomade sans attache, et voilà qu'à son retour il s'était entiché d'une femme qui avait encore tout à apprendre et à vivre. Une femme dont il avait bien faillit ruiner la carrière. Si on apprenait que l'une des danseuses stars du ballet de Chicago sortait avec le professeur... De toute façon c'était fini, non ? Et voilà qu'elle ignorait ses coups de fils, ses mails et ses messages. Elle avait même refusé de lui adresser la parole, à l'école. Comme si elle l'évitait, comme si il n’existait déjà plus. Sentence atroce pour l'homme dont la seule faute avait été de tomber amoureux. Et voilà qu'après cette belle chute dont sa vie garderait la marque et qui l'avait complètement changé, il sombrait à nouveau. Dans l'oubli, la solitude et la souffrance. Mais au moins, il dansait.