PRÉNOM OU PSEUDO ◮ Anaïs ÂGE ◮ 19 ans SEXE ◮ femme OU AS-TU DÉCOUVERT LE FORUM ? ◮ Google QU'EN PENSES-TU ? ◮ I a l'air bien FRÉQUENCE DE CONNECTIONS ◮ 2/7 minimim. MOT DE LA FIN ◮ Attention mon cher collègue, j'arrive !

J'avançais dans les couloirs du quartier général, la peur au ventre. Il était à peine quatre heures du matin et j'avais reçu un appel de mon supérieur à mon appartement il y avait maintenant une heure me disant de me lever et de venir le plus vite possible. Apparemment, une personne importante désirait me voir. Je ne savais toujours pas qui. Ma colocataire et collègue Arisha n'avait, bien entendu, pas attendu la fin de l'appel pour m'engueuler d'être réveillée à cette heure-ci et de faire du bruit. Pourquoi diable le KGB m'avait-il placée avec cette imbécile incapable ? Car oui, c'étaient les dirigeants qui choisissaient nos colocataires et donc doubles de missions. Je ne comprenais d'ailleurs pas qu'on ne lui ait pas demandé de venir elle aussi. Croisant un homme avec qui je m'entendais assez bien ici, je lui adressais un signe de tête.

- Nadejda, ils attendent ! Me pressa-t-il. Apparemment, le gouvernement est là.

Le ... Le Gouvernement ? Comme les dirigeants du pays ? Mais que faisaient-ils ici ? Et pourquoi était-ce moi qu'ils voulaient voir ? Me mettant à courir, mes talons claquant au rythme de mon avancée sur le sol, marquant mon arrivée précipitée, je tentais de réfléchir. Je me remémorais les dernières missions, essayant de voir si je n'avais pas fait une erreur qui m'aurait valu d'avoir à faire au Gouvernement. Parce que, à part pour une erreur, je ne comprenais pas pourquoi moi, Nadejda Aliev, 22 ans au compteur, agent du KGB depuis maintenant 4 ans, allait rencontrer une personne aussi importante. Arrivant en moins de trois minutes devant la porte du bureau où l'on m'avait dit de me diriger, je me préparais à frapper deux coups. Mais ma main n'atterrit pas de suite contre la porte où trônait une plaque dorée. Baissant le regard, je pinçais mes lèvres. Inspirant longuement, je fermais les yeux et pensais à mon passé.

J'étais née le 12 février 1985, dans cette même ville de Moscou. Ma famille était assez fortunée, appartenant à la bourgeoisie russe. Un univers où l'argent ne faisait pas défaut. J'étais la première et la seule enfant d'un jeune couple d'une trentaine d'années. Un couple décrit par tous comme étant heureux et profondément amoureux. Mon père était russe, ma mère américaine. Elle était arrivée ici à peu près dix années avant ma naissance. Ils étaient en couple depuis cinq ans quand je vis le jour. Toutefois, ma vie dans cette famille ne fut pas aussi rose qu'elle s'annonçait au moment de ma naissance. Mes parents cachaient un lourd secret. Un secret qui rendait l'ambiance à la maison électrique. Mes parents étaient froids avec moi, désirant m'élever durement pour "assurer mon avenir". Je n'avais pas compris, à l'époque. Si j'avais su alors que j'étais destinée à devenir espionne pour le compte du KGB... Dans la famille Aliev, au moins un enfant de chaque génération endossait cette carrière. Etant la fille unique de l'enfant unique de mes grands parents paternels, c'était à moi qu'incombait cette mission. Je me souvins encore des mots de mon père quand je me plaignais, encore enfant de la vie qu'il m'infligeait : " La faiblesse est la mort, Nadej' ! Et ma fille n'est pas une faible ". Oh non, je n'étais pas faible. J'étais beaucoup de choses, mais sûrement pas ça. M'entraînant des heures durant aux sports de combat, à la gymnastique, aux langues étrangères, à l'histoire du pays, .... et plus tard, alors que j'atteignais les quinze ans, aux tirs aux armes, je fis rapidement école à la maison, au côté de ma mère qui était au courant, bien qu'elle n'aurait pas dû. Mais mon père avait-il vraiment eu le choix de lui cacher quand on savait la vie à laquelle il me préparait ?

Je n'ai pas eu l'enfance des autres petites filles de mon âge, certes. Mais je n'en voulais pas et n'en voudrais jamais à mes parents. J'étais devenue une femme forte, froide, calculatrice. Je ne montrais aucun de mes sentiments à personne. Je ne me laissais pas aller aux jeux des hommes et préférais réellement être celle qui dominait le jeu. Vraiment pas le genre fille facile et la plus grande fierté de mon père. Aussi, lorsque j'atteins les dix-huit ans, mon père se retira du métier, disant à ses supérieurs que j'allais prendre sa place. Alors, mes parents partirent pour les Etats-Unis. Une petite ville de l'Alabama d'où était originaire ma famille du côté maternel. Moi, j'étais restée à Moscou, devenant une simple agent du KGB comme les autres. Prenant la place qui me revenait pratiquement de par la naissance.

Finalement, je frappais à la porte, presque instantanément accueillie par un froid "entrez". Je m’exécutais et passais donc la porte que je fermais derrière moi.

- Mademoiselle Aliev ! M'acceuilla une voix masculine. Vous voilà donc.

Levant la tête vers la voix, je vis dressé face à moi un homme un peu plus petit que moi et bedonnant. Son crâne était dégarni. Il devait avoisiner la soixantaine. J'avais envie de rire tant la situation semblait ridicule. Etait-ce lui l'envoyé du Gouvernement ? Je m'étais attendue à un homme carré et en costume haute couture noire. A la place, il y avait ... ça ! Un regard vers mon supérieur derrière le bureau suffit toutefois à me calmer. Je restais droite, neutre et le plus professionnelle possible. Ce qui n'est pas difficile en soi. Je savais faire l'impasse sur mes émotions, mes ressentis. Je savais devenir en l'espace d'une seconde hermétique à la moindre remarque, à la moindre sensation. Après tout, c'était ce qu'il fallait savoir faire. Je mourrais d'envie de poser une seule et unique question : pourquoi ? Pourquoi moi ? Pourquoi cette réunion ? Pourquoi, tout simplement ? Heureusement pour moi, la réponse vint asse rapidement. M'invitant à m'asseoir alors qu'il faisait de même, mon supérieur n'attendit pas que l'envoyé gouvernemental ne commence et m'annonça d'emblée :

- Nous avons besoin de vous pour une mission à l'étranger.

De ... de moi ? Lançant un regard vers l'homme qui s'était lui aussi assis, je cherchais des réponses.

- Quel genre de mission ? Demandais-je.

- Vous parlez anglais, n'est-ce pas ? Lança comme réponse l'envoyé du Gouvernement dont je ne savais toujours pas le nom.

- Nadejda est une de nos meilleures recrues, répondit mon supérieur pour moi. Elle le parle sans aucun accent russe.

Pas vraiment difficile quand on savait que ma mère était américaine. Enfin bref .... Acquiesçant d'un signe de tête, je les laissais continuer. On me présenta alors des faux papiers d'identité.

- Vous serez Charlie Tran. Agent du Federal Bureau of Investigation. Transférée à la Central Intelligence Agency sous ordre du Gouvernement Américain. Vous m'avez compris ?

- Parfaitement, monsieur !

Je pris les papiers dans les mains et examinais les informations. J'avais toujours 22 ans. Originaire de New York, j'appartenais au FBI depuis deux ans maintenant. Repérée par le Gouvernement, j'étais donc transférée à la CIA, devenant un agent secret au service de la Maison Blanche. Doucement, je me permis un petit rire nerveux.

- Bien. Dis-je en levant la tête. Quand est-ce que je pars ?

Rapidement, je fermais mon ordinateur. J'avais envoyé un mail à mon supérieur au KGB pour le tenir informé de la situation. Prenant le café noir qui trônait à côté de l'appareil, je le vidais d'une traite et soupirais longuement. Reaver avait encore fait le con. Il était parti seul en mission et en était ressorti dans un très très mauvais état. Et encore, il avait eu de la chance de s'en sortir. J'étais vraiment bien mieux pendant la première année aux Etats-Unis, seule dans la ville de New York. Enfin seule...pas vraiment. J'avais eu un petit ami. Mais bon, c'était de l'histoire ancienne. Débranchant la batterie de mon ordinateur, je me levais finalement, posais ma tasse de café vide dans l'évier, enfilais ma veste de cuir grise et prenais avec moi, cachée dans un poche intérieure, un flingue quelconque de ma collection personnelle. Il était deux heures de l'après-midi. Dans une demi-heure, je prenais le travail dans ces bureaux où j'avais réussie à me faire muter. Non pas que j'adorais la paperasse. Juste qu'il avait bien fallu que je trouve du travail pendant ces six mois - minimum - où j'étais à Chicago. Et tant qu'à faire, autant trouver un job bien chiant que j'étais certaine de pouvoir faire payer à mon collègue le moment venu. Lâchant une insulte dans ma langue natale, je m'apprêtais à passer la porte quand le téléphone sonna. Je grognais. J'allais encore être en retard au travail si ça continuait. Me dirigeant vers le combiné, je souriais toutefois en voyant le nom qui s'affichait : Dimitri. Un nom de code pour cacher l'appel de celui qui était mon meilleur ami depuis mes débuts au KGB.

- Rurik, tu as intérêt à avoir une bonne raison pour me déranger, lançais-je feignant l'ennui et la lassitude. Et puis, comment t'as eu ce numéro ?

Rurik, c'était la seule personne avec qui je ne ressentais jamais le besoin de me méfier. Lui et moi, nous étions comme frère et soeur. Il travaillait au service informatique et nous nous étions rencontrés alors que j'avais du avoir affaire à lui pour traquer l'ordinateur d'un homme. C'étaient mes grands débuts. Riant en repensant à cela, je fus coupée dans mes pensées par sa voix qui, sans que je sache pourquoi, avait toujours eu le don de me calmer.

- Nadej', tu sais très bien comment j'ai eu ce numéro. Tu n'es pas si difficile que ça à tracer !

- Dis que j'agis comme une débutante tant que tu y es !

- Ce n'est pas moi qui l'ait dit...

Je soupirais et levais les yeux au ciel, passant une main dans mes cheveux. Consciente que peu importe ce que je faisais j'allais être en retard à mon travail, je bloquais donc le combiné entre ma joue et mon épaule et me dirigeais vers la machine à café pour en préparer un autre, assise sur le bord du meuble en attendant qu'il se fasse. Lissant ma robe du plat de mes mains, je repris.

- Bon, tu te fais muter quand ici ?

- T’ennuierais-tu de moi ?

- Bien sur que je m'ennuie de toi ... Je pris mon café et éteignis la machine, ne descendant toutefois pas du meuble. Mes pieds se balancèrent dans le vide, mes bottines venant heurter les portes à chaque mouvement en un bruit sourd. Tu m'es indispensable. Ironisais-je. Quoique ....

- Allez, petite soeur, dans six mois tu reprends les missions. Tu peux tenir ce temps là quand même. Ca fait six ans que tu tiens.

- Six mois si l'autre imbécile ne refais pas de conneries. Ce dont je doute.

Il ria. Je riais aussi. Dans la poche de ma veste, mon portable vibra. Le regardant, je m’aperçus que j'avais reçue un sms : "Tu fous quoi, Charlie ?" Il venait de mon collègue à Chicago, dans les bureaux. La personne qui s'occupait de la "jeune apprentie" que j'étais. Soupirant une fois de plus, agacée vraiment, je lui répondis que j'arrivais et revenais à Rurik.

- Bon, je dois te laisser chou. Les dossiers m'appellent. On se dit 23h, heure américaine sur webcam ?

- Avec plaisir.

- Ok. Je t'aime, grand frère.

Et sur ce, je raccrochais, prête à aller m'emmerder pendant sept heures au travail.