Ne plus savoir où aller, perdre ses moyens, penser à trop de choses en même temps. C’était le retour incessant de son ancienne amie, qui pensait lui avoir accordé beaucoup trop de répit. Le répit, qui n’était à présent plus qu’un mirage, une chimère. Elena lui apportait la force, cependant elle ne pouvait pas la laisser se détruire, s’affaiblir pour qu’il survive. Comment était-il possible que ce soit vrai ? Que ce soit la réalité ? Etait-il schyzophrène ou simplement cinglée ? C’était inévitable, il ne pouvait plus s’en sortir. Oh il avait réussit à le faire, il se souvenait de l’absence de sa famille, il se souvenait des coups qu’il s’était prit alors qu’il ne savait même pas encore lire, il se souvenait avoir vécut dans les égouts avec Sven, il se souvenait avoir vu la mort. Mais aujourd’hui tout était pire, tout était révolu, tout était froid. Ce mot tellement violent, tellement affreux, fatal, injuste. Mordred vivait quelques peu dans le dénis, elle essayait de se persuader que ce n’était qu’un mauvais rêve, un horrible cauchemard dont il n’arrivait pas à se réveiller. Pourquoi était-il resté à ce putain de gala de charité pour aider les autres, si il avait été là, cela ne se serait pas passé de la sorte. Le jeune homme avait parcouru les nombreux couloirs de l’hopital et avait monté avec empressement les escaliers qui le menait à la chambre de sa fiancée. Il avait poussé la porte, provoquant un léger grincement qui éveilla la faible endormie. , entourée de cables, de machines avec leur bip incessant. Mordred s’était approché et s’était assis sur le bord du lit, prenant l’une des mains d’Elena dans la sienne. Le contact de sa paume glacée le fit sourire à nouveau, malgré lui. Le jeune homme caressa la joue d’Elena, et la regarda longuement. Elle était si belle, mais la lumière dans son regard s’éteignait à petit feu. Il ne pouvait pas la laisser partir, il s’était tellement battu pour elle, elle l’avait sauvé, et aujourd’hui il ne pouvait pas lui rendre la pareille. Cela faisait plus de six mois qu’elle était ainsi. Mourant silencieusement, d’une maladie de cœur qui l’avait prise tout à coup. Pourquoi elle ? Alors qu’elle n’avait jamais rien fait de mal, contrairement à lui. Sa famille l'avait renié à cause de lui, pourquoi arrivait-il tant de malheur à un être si pur ? A quoi bon vivre dans un univers de technologie quand on ne pouvait rien faire pour sauver quelqu’un d’une insuffisance cardiaque. Les traits de Mordred se raidirent lorsqu’il vit les yeux mi-clos d’Elena se fermer lentement et qu’il sentit sa main desserrer la sienne. Il encadra aussitôt son visage de ses mains, le regard apeuré. « Non ! Non ! Reste avec moi mon amour, ouvre les yeux je t’en supplie ! Je suis rien sans toi, je t’en prie regarde moi ! On va bientôt te trouver un cœur en bonne santée, tout va bien aller. On va avoir des enfants, on va enfin acheter une maison, on doit encore avoir le temps de s’ennuyer.» Les larmes commençaient à perler au coin des yeux du jeune homme, il ne pouvait pas la laisser partir, il ne voulait pas. Lena avait toujours représenté la seule personne que Mordred aimait au-delà de tout, si elle partait, il mourrait aussi. Un court instant elle avait ouvert les yeux, plongeant sa main dans ses cheveux avec difficulté. « Il faut… me laisser partir. C’est comme… ça que je veux m’en aller. Seule avec toi.. Mon cœur, je t’aime tellement. » Elle aussi elle pleurait, mais ses larmes coulaient doucement, comme un silence sans fin. « Me laisse pas, me laisse pas tout seul, je t’en prie, j’ai tellement été seul toute ma vie, je ne pourrais jamais vivre sans toi. Ne me laisse pas tout seul avec ces idiots, je t’aime, je t’aime. »

Les larmes coulaient abondamment, laissant tomber quelques gouttes sur le front de son amour, qu’il essuya avec son pouce, avant d’y déposer un premier baiser. Lorsqu’il se recula, elle avait fermé les yeux et une larme avait roulé sur sa joue. Le bip sur la machine s’accélera, puis des médecins entrèrent dans la pièce, « Monsieur, sortez s’il vous plait. », un médecin le poussa vers l’extérieur. « NON ! Non je vous en prie. » Malgrès lui il se retrouva dehors, a faire les cents pas, a se tirer les cheveux jusqu'à en avoir mal, a mourir de chagrin à chaque seconde de plus. Puis, tout se passa au ralentis, un homme en blouse blanche, prononçant des mots vide de sens, bien que ce fut le contraire. Il entra alors dans la chambre avec fracas où on débranchait les cable du corps inerte de sa chère Elena. Mordred poussa tout le monde, et embrassa sa fiancée, tentant de lui faire insufler de l’oxygène. S’en devenait complètement pathétique. « Monsieur vous n’avez pas le droit d’être là ! » Mordred était complètement à la rue, incapable de faire quoique ce soit de sensé. « Vous voyez pas qu’elle est en vie ? Je le sais ! », il hurlait tandis qu’il mit un coup de coude dans le nez d’un des médecins, et on l’empoigna avec force. Il se laissa trainer dehors, et vit les portes se fermer à nouveau devant lui. Il tremblait, et regarda ses mains, il y avait du sang, il avait du blesser ce pauvre médecin qui n’avait rien demandé et qui avait simplement fait son métier. Le jeune homme s’éloigna, marcha sur quelques mètres, et se laissa tomber par terre, la douleur du choc de ses genoux sur le sol l’indifférant totalement. Il resta par terre, et plongea son visage dans ses mains, et commença à pleurer. Lui, le militaire, qui ne pleurait jamais, l’homme fort avec son arme à la main. Il pleurait comme un enfant, il ne savait pas quoi faire ni où aller, il était sourd et perdu, mort et seul. Il ne pouvait aimer, il ne pouvait respirer, il ne pouvait plus vivre.