Les joues légèrement rosies par le soleil d’été, la petite Lilwenn courrait, les tiges d’herbes griffant légèrement ses petites jambes pâles. Une ombre bleue claire qui gambadait dans cette étendue verte. Du haut de ses cinq ans, la jeune Lily avait tout d’une petite poupée, ses grands yeux océans contrastant avec le brun de ses cheveux, et la teinte de sa bouche rosée avec la douceur de sa peau blanche d’enfant. Elle arracha quelques fleurs, et les racines avec, puis les rassembla dans sa main, pressant fermement le jolie bouquet, et se précipitant à nouveau jusqu’à l’intérieur de sa maison. Un bruit de porte se fit entendre, « Nikolaas ! Nikolaas ! Tu es rentré ? J’ai cueillit un beau bouquet pour maman, nanny m’a laissé allé dans le jardin ! » , cria-t-elle de sa petite voix fluette. Mettant de la terre sur le carrelage, elle marcha un peu, cherchant son frère des yeux, la mine soudain moins enjouée. « Nikolaas ? » Elle vit enfin son frère qui ne semblait pas très content de la voir, et elle courut dans ses bras, se sentant soudain soulevée de terre. Elle chuchota dans son oreille, « Où elle est maman ? Il faut que je lui donne mon cadeau. » C’est à ce moment là que son père l’arracha des bras de son frère, la prenant dans les siens « Laisse ton frère ma chérie. » Elle laissa tomber son bouquet de fleurs sur le sol, ses yeux commençant à s’embuer de larmes. « Non… non papa je veux rester avec Nik lâche-moi ! », se débattant elle voulait qu’on la repose au sol, il était clair qu’elle préférait largement son frère à son propre père, aussi petite et innocente était-elle. Son père la reposa alors au sol, et alla entourer la taille de son frère de ses petits bras, comme s’il s’agissait d’une chose précieuse qu’on essayait de lui voler. Elle posa ses yeux sur le bouquet de fleur qui était tombé par terre, « Mon bouquet… tu as tout gâché papa ! C’était mon cadeau pour maman ! » Des larmes commencèrent à rouler sur ses joues rouges. Elle était contrariée, et elle était à deux doigts d’en faire toute un caprice, mais c’est la voix de son grand frère qui coupa court à ses intentions. Il se détacha d’elle et se mit à son niveau prenant ses mains dans les siennes, « Maman est au ciel, Lili. » La petite fille fronça les sourcils, comment ça au ciel ? Avait-elle prit l’avion ? Est-ce que cela voulait dire qu’elle ne reviendrait pas ? Qu’elle était partie en vacances ? « Mais… tu m’as dis que je la verrais toujours ! Tu m’avais promis ! » Le brun se mit à lui sourire tristement, « Maman est devenue un ange, si tu regardes le ciel le soir quand les étoiles apparaissent, tu la verras elle aussi. » Les lèvres de Lilwenn tremblèrent, et elle commença à pleurer, fort tellement fort, enfouissant sa tête dans le cou de son frère. Elle attendrait alors, toute la nuit, elle irait dans le jardin et resterait couchée dans l’herbe jusqu'à ce que sa mère reviennent la voir avec ses amies les étoiles.

Les yeux plantés dans le ciel, elle trainait la sur le toit, couchée et chuchotant, « J’ai eu des bonne notes, deux A et puis 3 B. Je vais passer en classe supérieure. Je déteste la nouvelle femme de papa, je veux dire… Ce n’est pas ma mère, et il voudrait qu’on fasse semblant qu’elle l’est. Et puis il y a ce Thomas qui me vole Nik. Je le déteste aussi. Ce n’est pas ma famille, j’aime aussi beaucoup ma sœur, mais elle semble si occupée et responsable, elle n’a pas de temps à m’accorder. Mais Nik a changé, il est devenu grand, même si il reste toujours avec moi. » Une voix coupa directement court à ses soliloques, « Wen tu descends de là s’il te plait ? C’est dangereux on te l’a dit un milliard de fois. » C’était sa belle-mère qui l’appelait, sûrement pour venir diner, elle baissa la tête et haussa les sourcils, « J’ai pas faim, et puis je fais ce que je veux. T’es pas ma mère, je descendrais quand j’en aurais envie ! » Avec la mine de peste qui la caractérisait tant, elle fixait dans l’obscurité cette femme qui agissait comme si elle lui était familière. Lilwenn n’avait pas beaucoup de souvenirs de sa mère, mais elle se souvenait des choses que Nikolaas lui avait raconté, sa mère était un ange, une perfection qu’elle ne pourrait jamais plus voir, ni toucher, et elle regrettait de ne pas pouvoir se souvenir d’elle comme Nik. La petite fille regarda la femme s’éloigner de ses yeux bleus, contrastant avec la noirceur de la nuit, qui était déjà tombée depuis une ou deux heures. A dix ans, elle n’était pas le genre de fillette a avoir peur du noir, du moins, elle n’avait pas peur de ce noir là, puisqu’il était parsemé de pierres scintillantes, par milliers, brillant de milles feux. .

La jeune fille respirait fort, les larmes coulant abondamment sur ses joues. Elle respirait comme si elle était essoufflée, ou comme si elle était en train de faire une crise d’hyperventilation. Lilwenn pleurait bruyamment, se jetant par terre comme une enfant malgré ses onze ans. On pouvait lire toute la peine dans son regard, ses yeux étaient gonflés et rougies, et cela faisait près d’une heure que cela durait. « Il faudrait peut-être qu’on l’emmène chez le médecin j’ai peur qu’elle ne fasse une crise d’angoisse. », chuchota sa belle-mère à son père qui ne savaient pas quoi faire pour stopper tout ce remue ménage. Et elle continuait de pleurer encore et encore, elle se relevait se laissait à nouveau tomber par terre, faisant face à la porte. Les mains devant sa bouche, elle stoppa ses pleurs, fixant les petits carreaux en verre teinté dans l’espoir d’y voir passer l’ombre de son frère. Puis elle recommença à pleurer, enfouissant son visage dans ses mains, redoublant de larmes. Elle sentit son père lui toucher l’épaule mais elle se dégagea et lui lança un regard de mépris, « Tout ca c’est de ta faute ! », hurla-t-elle, puis elle concentra son attention sur sa belle-mère, « Et la tienne ! Je vous déteste ! Je vous déteste ! » C'était beaucoup plus facile d'accuser son père et sa belle-mère plutôt que d'accuser Nikolaas. La femme s’avança à son tour, « Lilwenn, écoutes moi, Nikolaas va revenir. On est une famille. » Elle se retourna folle de rage, « Non ! Arrêtez de me mentir ! Arrêtez de me promettre que les gens vont revenir c’est faux ! Vous n’êtes que des menteurs, des sales menteurs et toi tu n’es pas ma mère, tu n’es pas de ma famille ! Ni toi, ni Thomas ! » Sur ces mots déchirants et blessant, elle se précipita à l’étage jusque dans la chambre de Nikolaas, et elle se réfugia sous les couvertures, pleurant encore à chaudes larmes. Cela faisait un jour que Nikolaas était partit, et elle se sentait tellement abandonnée, que son cœur menaçait d’exploser sous le poids du chagrin et de la tristesse.

Lilwenn tapotait son cahier avec la gomme de son crayon de papier depuis plus d’une minute déjà. Le cours d’économie, le pire. La jeune fille s’y était inscrite dans le simple but de pouvoir mieux comprendre de quoi il s’agissait lorsqu’elle lisait ce type de rubrique dans les journaux, grossière erreur. Les chiffres, les notions, tout l’ennuyait, elle préférait et avait toujours préféré d’ailleurs, la littérature, les langues étrangères et l’histoire. La cloche retentit en l’arrachant de ses pensées, libération ! C’est avec un empressement non dissimulé que Lilwenn fourra ses affaires dans son sac et sortit de sa salle de cours, bousculant des élèves et en saluant d’autres d’un signe de main au passage. Elle rejoignit Sarah qui se tenait là, à l’attendre comme d’habitude, « Lil ! Lil, j’ai une question à te poser. C’est par rapport à ton frère ! » La jeune fille haussa les sourcils d’un air perplexe, « Ca dépend, ca m’étonnerait que tu connaisses mon frère Sarah. », avait-elle répondu d’un ton neutre, elle préférait la laisser patauger dans la semoule, et puis après tout son seul frère, c’était Nikolaas. « Heu.. de Thomas en fait… j’avais pensé… », la blondinette en face de la jeune fille devenait rouge écarlate, alors pour ne pas faire durer le malaise plus longtemps, elle se permit de la couper, « De un, Thomas n’est pas mon frère, on partage juste un père. Et de deux, si tu veux lui mettre le grappin dessus ou quelque chose dans ce genre là, débrouille-toi, je ne suis pas une agence matrimoniale. Mais avant que tu ne te fasses de faux espoirs, il est trop vieux pour toi, cela m’étonnerait qu’un mec de dix-neuf ans s’intéresse à une fille de quinze ans, sauf ton respect. » Elle ne comptait plus le nombre de fois où elle avait vu le même scenario. Elle ne voyait vraiment pas ce que tout le monde pouvait bien lui trouver à celui-là et ses chaussons de danse. C’était vraiment tout sauf masculin, a croire que les filles avaient tendance à aimer les chiffes-molles.


« Lilwenn, tu vas au bal du printemps ? » La jeune fille rangeait ses affaires de sport dans son casier et vérifiait son emploi du temps, les écouteurs visés dans les oreilles. La musique lui transperçant les tympans elle ne put que voir les lèvres de son amie bouger. D’un air innatentif, elle referma son casier avec fracas après avoir glissé ses affaires dans son sac. « Quoi ? Qu’est-ce que tu disais ? » Elle eut droit à un soupir exaspéré, « Je parlais du bal de printemps, tu y vas ? » Lilwenn se mit à rire bruyamment, enlevant ses écouteurs de ses oreilles, « Oh non, pitié me dit pas qu’ils font ce genre de trucs dès la première année, c’est vraiment cliché ! Je n’ai pas l’intention de me ridiculiser dès mon entrée au lycée. »  Le jeune blonde tourna les talons, «  Oh c’est bon j’ai compris ! T’es vraiment pas drôle ! » La brune haussa les épaules et marcha lentement dans les couloirs, pianotant sur son portable, quand on un inconnu la bouscula faisant tomber l’appareil par terre, ne prenant même pas la peine de s’excuser. « Ca t’arracherais la gueule de dire pardon ? », lança-t-elle à la personne en question, avant de ramasser son portable au sol. Heureusement, il n’y avait rien de cassé. Le garçon se retourna et revint sur ses pas, haussant un sourcil, l’air fier et provocateur, « Je te demandes pardon ? » Exaspérée, elle fit mine de sourire, « C’est bon je te pardonne. » Elle savait très bien qu’il avait simplement voulut faire son malin en lui faisant croire qu’il avait mal entendu, mais jouer avec les mots la faisait rire, mais lui il avait l’air d’être moins enthousiaste par rapport à la blague. « Tu te crois maligne, n’est ce pas ? Si tu savais qui j’étais tu me parlerais pas comme ça. », lui rétorqua-t-il d’un ton arrogant, ton qu’elle imita en répondant, « Que tu sois le fils du pape, ou le cousin de la reine d’Angleterre ne te rends dans tout les cas pas plus poli. » Il soupira, « T’en as une grande gueule pour une fillette. » Et avant qu’elle ne pu dire quoique ce soit, il s’éloigna, entouré de tout une bande de sans-cervelles malpolis comme lui. Pour qui se prenait il, personne ne lui parlait comme ça, surtout pas à elle.

« Je suis désolé. Je ne sais pas quoi dire d’autre, à part, je suis désolé. Je le suis, je te jure. Mais c’est compliqué, je n’ai pas le droit de jouer les égoïstes. Je suis tellement désolé de t’infliger cela. J’ai voulut te le dire, mais mon père est beaucoup trop exigeant. Je dois le faire,  je dois y aller. Je suis le fils du sénateur, pas du propriétaire du club de golf du coin. Tu m’écoutes ? Je dois partir. On se revoie dans exactement six mois, jour pour jour. Attends-moi s’il te plait, et là on parlera.

- Est-ce que c’est fait exprès ?
- De quoi tu parles ?
- Est-ce que tu as fait exprès de t’arranger pour partir justement maintenant ?
- Bien sur que non ! Je dois te laisser je dois prendre l’avion mais… attends moi d’accord.
- Je n’ai que ça à faire de toute façon. Salue le pape pour moi.
- Je le ferais *rire* Au revoir, Lily. »

La jeune fille raccrocha le téléphone et posa sa main sur son crâne. Cela faisait environs deux ans qu'Aaron et Lilwenn traînaient ensemble. Mais il avait du à seulement 19 ans s'envoler pour New-York et commencer à prendre ses responsabilités. Tout cela avant qu'ils ne réussissent enfin à mettre au clair leurs sentiments. Lilwenn compta les secondes, les minutes, les heures, les jours, les mois. Seulement, six mois passèrent, mais Aaron ne revint pas, n’appela pas, ne répondit à rien et ne retourna plus jamais à Chicago. Lilwenn décida d’entrer dans une école de stylisme, elle qui pensait que les filles n’avaient pas besoin de porter des minijupes pour être belle. Lilwenn s'efforça alors d'effacer ce souvenir douloureux, concentrant alors à nouveau son attention sur sa famille. 

« Comment ça il ne se souvient pas ? Tu veux dire, de rien du tout ?
- C’est ça.
- Pas possible, il se souviendra forcément de moi, je suis sa sœur. »

Déterminée, Lilwenn s’engouffra avec précipitation dans la chambre d’hopital, allant voir son frère aux yeux duquel apparemment elle était une parfaite inconnue. Heureusement pour elle, Hestia n’était pas là. Elle ne la supportait pas, elle qui lui volait son frère. Elle ne pouvait tout simplement pas l’aimer autant qu’elle et il ne pouvait pas préférer sa compagnie à la sienne. Elle le vit alors, blessé qu’il était, et elle s’avança le sourire aux lèvres, attendant qu’il s’exclame son prénom, soudain. Mais rien ne vint, elle croisa son regard bleuté si semblable au sien. Et il semblait si perdu, il ne savait pas comment réagir, cela se voyait. Etait-elle son amie ? Sa petite-amie ? Sa sœur ? Rien ne pouvait témoigner de son identité, a part leurs cheveux noirs. « Ni… Nikolaas. C’est moi, Lilwenn. » Il commença a froncer les sourcils, « Lilween, je… heu… » La jeune fille était décontenancé, non ce n’était pas possible, son lien avec Nikolaas était trop fort pour qu’il puisse la rayer de sa mémoire, ne serait-ce qu’une seule seconde. « C’est moi ! Ta petite sœur. Tu ne te souviens même pas de moi ? De rien du tout ? » Elle le vit hocher faiblement la tête négativement, alors elle se mit assise et resta là, déterminée à lui parler pour qu’il se souvienne, enfin. Seulement, au fil de temps, ce n’est pas avec elle que Nikolaas décida de guérir, mais avec cette blonde qu’il ne connaissait que depuis quelques années. On ne lui volerait pas son frère, on s’était mit trop de fois en travers de sa route, on avait trop voulut les séparer. Nikolaas était la personne qui comptait le plus à ses yeux, et la seule personne dont elle se souciait au monde, elle était jalouse de ce monde qui le voulait tout entier.